19 Dimanche ordinaire – année A

Dans l’évangile de ce dimanche, nous pouvons nous interroger sur le fait que Jésus marche sur les eaux. Que signifie ce miracle ? Jésus y affirme quelque chose de sa divinité. Cependant, en nous arrêtant, de suite, sur ce miracle, nous risquons d’oublier la première partie de l’évangile qui est un véritable enseignement pour nous.

Après une journée fort chargée – Jésus a appris la mort de Jean le Baptiste, il a eu à enseigner les foules qui le suivent et il a nourri cette foule par la multiplication des pains – Jésus se retire, seul, à l’écart sur la montagne pour prier. Jésus, le Fils de Dieu, lui qui n’agit pas par la foi mais parce qu’il bénéficie de la vision béatifique, a besoin de se retrouver dans l’intimité avec son Père. Il a besoin de la prière. Cela lui est une activité nécessaire pour l’accomplissement de sa mission. Nous le voyons à de nombreuses reprises partir à l’écart pour prier : il prie dans la solitude et la nuit, il prie à l’heure des repas. Il prie aux évènements importants de sa vie comme son baptême dans le Jourdain, avant le choix de ses douze apôtres, lors de la transfiguration, avant d’enseigner à ses disciples à prier, sur la croix… Il prie pour ses bourreaux, il prie pour que la foi de Pierre ne défaille pas, il prie pour ses disciples et tous ceux qui le suivent, il prie pour lui-même… Par cette attitude, Jésus manifeste sa relation permanente à son Père… mais il nous interroge aussi sur notre propre relation au Père, notre intimité avec Dieu. Au milieu d’une vie au rythme intense, Jésus s’arrête chaque jour pour un temps d’intimité avec le Père. Et moi, qui ne bénéficie pas de la vision béatifique mais qui avance uniquement par la foi, je n’aurai pas le temps de m’arrêter pour nourrir, par la prière, ma relation à Dieu ?

Pour nous aider sur le chemin de la prière, nous pouvons regarder, dans ce même passage d’évangile, la prière de l’apôtre Pierre. Elle se résume à ces mots : « Seigneur, sauve-moi ! » (Matthieu 14,30) Cette prière sort du cœur de l’Apôtre après qu’il ait posé un acte de foi en Jésus. Il a osé sortir de la barque et marcher sur les eaux parce qu’il croyait en Jésus. C’est en s’appuyant sur la puissance de Jésus que Pierre peut marcher sur les eaux. Il s’appuie sur la parole de Jésus qui lui dit simplement : « Viens. » (Matthieu 14,29). Il a foi en cette parole jusqu’à ce qu’il doute et que la prière monte de son cœur : « Seigneur, sauve-moi ! » La foi de Pierre est fortifiée par sa prière. La foi, nous l’avons reçue au baptême. Il nous faut l’exercer par des actes de foi nourris et fortifiés par la prière. Il nous faut prendre, comme Pierre, la main tendue par le Christ pour nous tirer hors de l’eau.

Regardons notre vie. Nous sommes souvent en sortie à marcher sur les eaux de notre monde, pris par la force du vent qui ne nous est pas favorable, pris par les remous de nos vies… et là nous doutons. Nous doutons c’est-à-dire que nous cessons de regarder vers le Christ, nous détournons notre regard de sa Parole et des vérités de la foi. Nous nous enfonçons dans les vicissitudes de nos vies, du monde… nous sommes pris par la peur car nous nous éloignons du maître, nous nous éloignons du Christ. La prière est alors notre seul recours pour revenir à Dieu. Une prière toute simple : « Seigneur, sauve-moi ! » Et ce regard jeté vers le Christ, nous découvre que le Christ lui-même s’est déjà penché sur nous et qu’il nous tend la main pour nous sortir de l’eau, pour nous tirer à lui… Le Christ s’abaisse jusqu’à nous pour nous relever, nous mettre à sa hauteur.

Cet évangile vient nous rappeler, nous inviter à la confiance. C’est la seule chose que le Christ nous demande : avoir confiance en lui en saisissant la main qu’il nous tend. Il nous demande d’avoir foi en lui. Cette foi est nourrie, fortifiée, par la prière. Elle est nourrie, fortifiée par le cœur à cœur avec Dieu qui passe dans nos vies non pas dans les ouragans et les tremblements de terre mais dans « le murmure d’une brise légère. » (1Rois 19,12). À la suite de Jésus, redécouvrons que le Seigneur passe dans nos vies et que nous découvrons sa présence dans le cœur à cœur amoureux et silencieux de la prière. Pour cela, comme le Christ, nous devons apprendre à partir à l’écart pour le rencontrer. Comme le Christ, au milieu de nos vies bien remplies, sachons prendre le temps de la prière pour fortifier notre foi, garder notre regard fixé sur lui et avancer avec confiance sur le chemin de la vie sans nous laisser submerger par les flots et les vents contraires. Amen.

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