Mais, que sommes-nous venus faire dans cette église ce matin ? Ben voyons, Monsieur le Curé, nous sommes venus à la messe ! Oui, mais encore, sommes-nous venus par habitude ou pour vivre véritablement ce que nous célébrons : l’Eucharistie, c’est-à-dire l’action de grâce pour l’œuvre de Dieu dans nos vies ?
Naaman le Syrien (2 Rois 5,14-17), un païen, rend grâce à Dieu pour la guérison de sa lèpres, guérison obtenue en obéissant à la parole du prophète Élisée : se plonger sept fois dans l’eau du Jourdain ! Cette obéissance à la parole du prophète, même si cela n’a pas été un acte évident pour ce général syrien, lui vaut d’être guérit de sa lèpre. C’est ainsi qu’il voit et reconnaît l’œuvre de Dieu dans sa vie. Naaman est passé de l’incompréhension à la foi par le chemin de l’obéissance à la parole du prophète. C’est ce chemin qui est source d’action de grâce.
De même, pour les dix lépreux de l’évangile (Luc 17,11-19), c’est le chemin de l’obéissance qui les conduit à la guérison. Ils abordent Jésus sur le chemin pour le supplier de les guérir de leur lèpre et pour toute réponse, ils obtiennent cette parole du Christ : « Allez vous montrer aux prêtres. ». Les prêtres sont les seuls qui pouvaient attester de la guérison de cette maladie. Obéissant à cette parole, en chemin, ils sont guéris ! Un seul reconnaitra dans cette guérison l’œuvre de Dieu et viendra rendre gloire à Dieu… et en plus, c’est un samaritain… un hérétique !
Baptisés, nous aussi nous avons été guéris, libérés du péché… par pur don gratuit de Dieu. Alors où en est notre action de grâce ? Notre Eucharistie ?
Souvent, nous avons coutume de dire que nous allons à la messe, nous « pratiquons » et nous nous considérons, alors comme bon chrétien. Aller à la messe, n’est rien moins que de célébrer l’Eucharistie. Nous sommes invité à venir célébrer notre Action de Grâce, célébrer l’Eucharistie pour l’œuvre que Dieu accomplie dans notre vie. Cette œuvre, nous la reconnaitrons en pratiquant l’Évangile au quotidien. Voilà où doit être notre pratique : vivre l’Évangile au quotidien. Vivre l’Évangile au quotidien, c’est, comme nous le dit saint Paul (2 Timothée 2,8-13) se souvenir de Jésus Christ ressuscité d’entre les morts. C’est le cœur de notre foi, c’est par cet acte, ce sacrifice du Christ qui donne sa vie pour nous que nous sommes sauvés. Et c’est ainsi que monte de nos cœurs la célébration de l’Eucharistie, l’action de grâce que nous adressons au Père.
Le cœur de notre action de grâce est le don de Dieu, don gratuit, surabondant et sans retour. Dieu « nous a comblé de toutes sortes de bénédictions spirituelles dans le Christ », reconnaissons alors de quel amour nous sommes aimés de Dieu et sachons le remercier pour tous ses bienfaits, pour sa présence en nos vies.
Ainsi, apprenons à reconnaître, tout au long de la semaine, les signes par lesquels le Seigneur a manifesté sa présence agissante à nos côtés. La célébration dominicale de l’Eucharistie ne sera plus un précepte mais une nécessité intérieure vitale. Sans cette présence du Christ au cœur de notre vie, la vie est vide. « Nous avons besoin de cette rencontre qui nous réunit, qui nous donne un espace de liberté, qui nous fait regarder au-delà de l’activisme de la vie quotidienne vers l’amour créateur de Dieu, dont nous provenons et vers lequel nous sommes en marche. » (Benoit XVI)
N’est-ce pas ce que nous reconnaissons dans l’Amen final de la prière Eucharistique, après que le prêtre ait chanté l’action de grâce du « Per ipsum » où il nous a présenté le Christ immolé qui est à la fois reçu du Père, donné au Père, dans l’élan de l’Esprit Saint pour le bien de toute l’Église ? Si, si, vous savez : « Par lui, avec lui et en lui, à toi, Dieu le Père tout-puissant, dans l’unité du Saint-Esprit, tout honneur et toute gloire, pour les siècles des siècles » Amen.
Homélie pour le 28ème dimanche ordinaire – Année C
Merci pour la force du Christ qui nous parvient par vos texes.