Marie-Madeleine, voilà une femme qui a été marquée par sa rencontre avec le Christ. La pécheresse découvre au cœur de sa misère qu’il est possible d’être aimé en vérité pour ce que l’on est et ne pas vivre uniquement de l’amour d’un soir, d’aventures sans lendemain. Mais voilà, celui qui lui a permis de se remettre debout, Jésus de Nazareth a été condamné à mort, crucifié et mis au tombeau.
Dans la peine, au premier jour de la semaine, elle désire se recueillir une dernière fois sur la tombeau de celui qui lui a révélé, comme à tant d’autre, que nous sommes infiniment aimé de Dieu, pour ce que nous sommes. Comment n’aurait-elle pas pu être bouleversée au plus profond d’elle-même par ce qu’elle découvre : le tombeau est ouvert ! Qu’a-t-on fait du corps de Jésus ?
Que faire d’autre que de courir annoncer aux Apôtres que le tombeau est ouvert et que le corps de Jésus n’est plus là ?
Et pour Simon-Pierre et Jean que faire d’autre que de courir au tombeau pour constater la réalité annoncée par Marie-Madeleine ? Si Jean arrive le premier, c’est Simon-Pierre qui aura le privilège d’entrer en premier dans la tombe… mais c’est Jean qui fera le premier acte de foi.
« Il vit et il crut » nous dit l’évangéliste. Mais que vit-il ? Rien ! Le corps n’est plus là, il ne reste que le linge et le linceul posé à part. Ce qu’il y a à voir se trouve dans l’Écriture, dans la Parole de Dieu. C’est devant le tombeau vide que tout le plan de Salut de Dieu prend sens. C’est confronté à la Résurrection du Christ, que nous pouvons comprendre le plan d’Amour de Dieu pour nous sauver !
Cet événement permet à l’Apôtre Jean de tendre vers une réalité nouvelle qui n’est plus seulement une réalité terrestre mais une réalité d’en-haut comme le proclame saint Paul. C’est vers cette réalité qu’il faut tendre. C’est vers cette réalité qu’il faut nous tourner. Plongé dans la mort et la Résurrection du Christ par notre baptême, nous sommes participant de cette vie de Dieu… même si pour les yeux de notre corps cela est encore caché en Dieu !
Aujourd’hui, nous sommes bien comme Pierre et Jean au matin du jour de Pâques… nous n’avons rien à voir, pas de preuve matérielle de la Résurrection si ce n’est le tombeau vide. Les Apôtres ont bien eu quelques apparitions dans les jours qui ont suivi… mais rare sont ceux parmi nous qui ont eu une telle grâce ! Notre foi n’aura d’autre preuve que celle du témoignage des communautés chrétiennes qui l’ont maintenu jusqu’à nous.
Si nous n’avons pas de preuve de la Résurrection, nous pouvons cependant en constater la réalité : la transformation profonde des êtres et des communautés qui se laissent habiter par l’Esprit est bien la plus belle preuve que Jésus est vivant !
Ainsi nous pourrons avec l’Apôtre Pierre proclamer ce qui s’est passé dans notre vie, dans la vie de nos communautés : « Jésus de Nazareth Dieu l’a consacré par l’Esprit Saint et rempli de sa force. Là où il passait, il faisait le bien et il guérissait tous ceux qui étaient sous le pouvoir du démon. Car Dieu était avec lui. (…) nous sommes témoins de tout ce qu’il a fait dans le pays des Juifs et à Jérusalem. » Nous sommes témoins de ce qu’il accomplit depuis des générations dans le cœur de ceux qui mettent leur foi en lui. « Ils l’ont fait mourir en le pendant au bois du supplice. Et voici que Dieu l’a ressuscité le troisième jour. (…) Il nous a chargés d’annoncer au peuple et de témoigner que Dieu l’a choisi comme Juge des vivants et des morts. C’est à lui que tous les prophètes rendent ce témoignage : Tout homme qui croit en lui reçoit par lui le pardon de ses péchés. »
Laissons éclater notre joie ! En ouvrant le tombeau du Christ, Dieu vient ouvrir nos tombeaux. Dieu vient nous engendrer à la vie nouvelle : « Tu es mon fils ; aujourd’hui je t’ai engendré » (Actes 13,33). Alors, comme Marie-Madeleine, allons dire ce que nous avons vu en chemin : la gloire du Ressuscité !
Difficile ? Si nous sommes venus ce matin en cette Église, c’est bien parce que nous souhaitons célébrer la joie qui habite ce jour de fête !Et qu’elle est cette joie qui nous conduit ici si ce n’est célébrer le Christ mort et Ressuscité ? Puis-je garder cette joie uniquement pour moi ? Non, il nous faut l’annoncer. Comme Marie-Madeleine, transformé par la rencontre avec le Christ, heureux de voir la gloire du Ressuscité dans l’Eucharistie célébrée, allons, courrons sur les chemins de la Galilée de nos vie annoncer cette nouvelle au monde : le Christ est ressuscité ! En vérité, il est ressuscité !
Homélie pour le dimanche de Pâques
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