La tentation est grande en entendant par du Lac de Génésareth – plus souvent appelé de Tibériade – de rester à l’émerveillement que procure les rives de ce dernier. Mais, l’homélie n’est pas le lieu pour vous raconter ce merveilleux pèlerinage effectué en Terre Sainte la semaine passée… Pour cela vous attendrez quelques jours encore!
Alors, revenons aux lectures de ce dimanche et à ces trois hommes qui vont avoir leur vie transformée par une rencontre: le prophète Isaïe, saint Paul et saint Pierre. Chacune des lectures nous relate la vocation de chacun et cette vocation naît d’une rencontre.
Le prophète Isaïe, à travers la vision qu’il nous décrit, vit une rencontre avec Dieu. Cette dernière lui donne le sentiment d’être tout petit: «Malheur à moi! Je suis perdu, car je suis un homme aux lèvres impures, j’habite au milieu d’un peuple aux lèvres impures; et mes yeux ont vu le Roi, le Seigneur de l’univers!» (Isaïe 6,5) Cette crainte qui monte du coeur du prophète, c’est-à-dire cette découverte de sa petitesse face à Dieu, est comblée par une grâce spéciale de Dieu qui lui donne la force et le courage. Isaïe ne se sent pas à la hauteur de la mission que Dieu lui demande, et portant comblé de la grâce de Dieu, il répondra: «Moi, je serai ton messager: envoie-moi.» (Isaïe 6,8)
Dans la seconde lecture, Paul nous décrit avec force le coeur même de sa mission: annoncer le Christ mort et ressuscité. L’Apôtre, le chrétien n’a pas d’autre mission que d’annoncer le coeur même de la foi que saint Paul affirme avec force dans cette lettre. Chacune de nos missions est centrée sur l’annonce de ce mystère: que ce soit comme prêtre, comme membre de l’Équipe de Conduite Pastorale, comme catéchiste, comme membre d’une équipe d’accompagnement des familles en deuil, de préparation au baptême, au mariage, d’équipe liturgique, etc… Et certaines fois nous sommes un peu comme l’Apôtre Paul, nous avons l’impression de n’être rien, d’avoir un sentiment d’infériorité par rapport aux autres, de trimer dans la mission qui est la notre. Nous avons l’impression que nous nous donnons «de la peine plus que tous les autres» (1 Corinthiens 15,10).
Comme Isaïe, Paul fait une rencontre qui bouleversera sa vie… Lui qui a persécuté les Chrétiens reçoit la grâce du pardon sur le chemin qui le conduit à Damas. Le Salut qu’il annonce, il l’a expérimenté dans ce pardon qu’il a reçu et qui l’a converti. Humblement, Paul a accepté cette grâce. L’acceptation de cette grâce a fait de lui un Apôtre hors pair et a littéralement transformé sa vie. Moi aussi, je suis un pécheur pardonné, ai-je envie de le croire et d’accueillir cette grâce qui me transforme?
La troisième rencontre de ce dimanche est celle de Pierre avec Jésus. Jésus, qui est monté dans la barque de Pierre pour enseigner à la foule massée au bord du lac, demande à Pierre: «Avance au large et jetez les filets pour prendre du poisson.» (Luc 5,4). Malgré une faible réticence, Pierre obéit à la parole du Christ et il se retrouve avec une importante quantité de poissons. Lui aussi éprouve alors sa faiblesse, son péché: «Seigneur, éloigne-toi de moi, car je suis un homme pécheur.» (Luc 5,8). Jésus le relèvera en lui disant: «Sois sans crainte, désormais ce sont des hommes que tu prendras.» (Luc 5,10) La grâce de Dieu, là aussi, donne force pour accomplir la mission!
Nous aussi, devant l’appel de Dieu – que ce soit à une vocation particulière ou pour un service au coeur même de l’Eglise – nous ne nous sentons pas à la hauteur. Oser répondre à l’appel, c’est aussi compter sur la grâce de Dieu qui nous est donnée pour la mission. Oser répondre à l’appel, c’est accepter de devenir en premier réceptacle de la grâce divine.
Demandons simplement au Seigneur d’être disponible pour son oeuvre chacun selon notre vocation. Dans la grande diversité des vocations, nous avons chacun la notre et nous sommes invités à accomplir l’oeuvre du Christ, avec le Christ. Cette oeuvre est tout simplement à propager la foi, l’espérance et la charité, à communiquer la joie et la paix.
Notre ambition doit être d’accomplir une grande oeuvre avec le Christ en mettant en acte ces paroles: «Avance au large!» (Luc 5,4) N’ayons pas peur de répondre avec foi et disponibilité à l’appel de Jésus. C’est ainsi que nous ferons l’expérience de la grandeur, de la puissance et de la sainteté de Dieu. Notre vie prendra tout son sens et nous comblera de joie. Amen.
Homélie pour le 5 dimanche ordinaire – Année C