C’est juste une histoire de poissons !

Je ne sais pas pourquoi mais en méditant l’évangile de ce jour, je n’ai pas pu m’empêcher de penser à Ordralfabétix, le poissonnier dans Astérix, nous criant: « Il est beau le poisson, il est beau, il est beau » (Astérix en Hispanie)… mais la scène d’évangile va nous livrer un tout autre enseignement qu’une mémorable bagarre de nos irréductibles gaulois!

Tout d’abord, le poisson n’arrive pas par char à bœufs directement de Lutèce! Après la mort et la résurrection de Jésus, les apôtres reprennent simplement leur vie ordinaire: ils vont à la pêche sur une invitation de Simon-Pierre. De toute la nuit, ils ne prendront rien. Ce n’est qu’au levé du soleil, sur l’invitation du Ressuscité présent au bord du lac, qu’ils pêcheront une grande quantité de poissons. Nous pouvons admirer la précision du narrateur qui a dénombré 153 poissons!

Autre détail admirable de cette magnifique scène d’évangile: alors que le Christ invite ses disciples à venir déjeuner, ceux-ci découvrent « un feu de braise avec du poisson posé dessus, et du pain » (Jn 21,9) et voilà que Jésus invite les disciples à apporter le poisson fraichement pêché pour le repas.

Bonne Nouvelle pour nous aujourd’hui, c’est dans nos activités quotidiennes, en accomplissant notre devoir d’état, que nous découvrons la présence du Ressuscité dans nos vies, que nous éprouvons concrètement la Résurrection. En effet, ne nous laissons pas abuser par le mot « apparition ». Le mot grec utilisé se traduit littéralement par: « Il se donne à voir ». Jésus ne vient pas d’ailleurs pour disparaître ensuite. Il est là auprès de ses disciples, auprès de nous. Il est certes invisible mais pas absent puisque lors des apparitions, il se donne à voir.

Autre bonne nouvelle: la présence du poisson sur le feu avant que les apôtres apportent le fruit de leur pêche. La pêche est un symbole de l’évangélisation depuis que Jésus a appelé Pierre « pêcheur d’homme ». Et cette œuvre d’évangélisation, c’est le Christ lui-même qui la fait. Il nous précède dans cette mission d’où le poisson déjà sur le feu… il a simplement besoin que nous y apportions notre collaboration. Il compte sur nous, nous pouvons compter sur lui!

Et que dire de ce dialogue entre Jésus et Pierre où par trois fois, Jésus pose la question à Pierre: « Pierre, m’aimes-tu? ». N’est-ce pas une manifestation de l’amour du Christ qui permet à Pierre d’effacer son triple reniement? Et de cet engagement, de cette profession de foi de Pierre, le Christ lui dira, par trois fois: « Sois le berger de mes brebis ».

Frères et sœurs, notre relation au Christ n’a de sens et n’est vraie que si elle s’accomplit dans une mission au service des autres. Nous ne sommes pas propriétaire du troupeau, nous sommes au service des brebis du Christ! C’est par le soin dont Pierre prendra la charge du troupeau qu’il manifestera son amour pour le Christ. Ce n’est pas parce que Pierre aurait plus d’amour pour le Christ qu’il se voit confié cette charge… mais parce que le Christ lui confie cette charge, il lui faudra aimer encore plus le Christ. Quelque soit le domaine, l’autorité que nous exerçons est une autorité qui nous est confiée. Elle ne nous appartient pas. Elle est une exigence, une exigence d’amour.

Frères et sœurs, il y a cinq ans, nous recevions de la part de Dieu, un nouveau pasteur pour l’Église. Alors que le dialogue final de l’évangile de ce jour nous rappelle l’autorité confié à l’Apôtre Pierre et à ses successeurs, ré-entendons la demande de Benoit XVI, le 24 avril 2005: « Priez pour moi, pour que j’apprenne toujours à aimer le Seigneur. Priez pour moi afin que je ne me dérobe pas par peur devant les loups ».

Entendons aussi l’appel qu’il a adressé, dans son homélie de vendredi, en commentant la réponse de Pierre devant le Sanhédrin: « Il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes » (Ac 5,9): « On parle souvent aujourd’hui de la libération de l’homme, de sa pleine autonomie et par conséquent de sa libération de Dieu… Cette autonomie est un mensonge ontologique, car l’homme n’existe pas par lui même, ni pour lui même. C’est aussi un mensonge socio-politique car la collaboration et le partage des libertés est nécessaire. Et si Dieu n’existe pas, s’il demeure inaccessible à l’homme, l’ultime instance est le consensus majoritaire, qui a le dernier mot et auquel tous doivent obéir. Le siècle dernier a montré que le consensus peut être celui du mal. Sa soi-disant autonomie ne libère pas l’homme”. (…) Aujourd’hui, si, grâce à Dieu, nous ne vivons plus en dictature, nous subissons des formes subtiles de dictature, un conformisme selon lequel il faut penser comme les autres, agir comme tout le monde. Il a aussi des agressions plus ou moins subtiles contre l’Église, qui montrent combien ce conformisme représente une véritable dictature »

Et le Saint Père nous adresse cet encouragement: “Parlons de choses utiles au monde, montrons que le christianisme peut l’améliorer, mais que son but est la vie éternelle, qui dicte les critères de l’existence… Il faut donc avoir le courage et la joie de dire la grande espérance qu’est la vie éternelle, la vraie vie, d’où vient la lumière éclairant ce monde. La pénitence est donc une grâce. C’est une grâce que de reconnaître ses péchés, de reconnaître avoir besoin de renouveau, de changement, de transformation de soi-même”.

“Je dois dire que les chrétiens, encore récemment, ont souvent évité le mot de pénitence, qui leur apparaît trop fort. Aujourd’hui, sous les attaques du monde qui parle de nos péchés, nous voyons que faire pénitence constitue une grâce. Nous voyons combien il est nécessaire de reconnaître s’être trompé. S’ouvrir au pardon, s’y préparer, permet la conversion. La purification et la transformation que sont la pénitence sont aussi une grâce car le renouveau vient de la divine miséricorde. » Amen.

Homélie pour le 3ème dimanche de Pâques, année C
Actes 5, 27b-32.40b-41; Psaume 29(30), 3-6.12-13;
Apocalypse 5,11-14, Jean 21,1-19

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