Comblée de grâce

Notre Dame de MonflièresAujourd’hui, nous sommes réunis pour célébrer solennellement la Vierge Marie dans son Immaculée Conception. Par une grâce spéciale de Dieu, Marie a été préservée du péché dès sa conception afin qu’elle puisse enfanter Jésus, Dieu fait homme. Dieu a «préparé à [son] Fils une demeure digne de lui par la conception immaculée de la Vierge, puisqu’[il] l’as préservée de tout péché par une grâce venant de la mort de [son] Fils.» (Prière d’ouverture) Voilà l’effet que produit cette grâce toute particulière que Dieu a accordé à Marie. C’est ainsi que l’ange Gabriel peut, lors de l’Annonciation, saluer Marie en la nommant «Comblée de grâce». (Luc 1,28).

Mais qu’est-ce que la grâce? La grâce est la faveur, le secours gratuit que Dieu nous donne pour répondre à son appel. Elle est une participation à la vie de Dieu, elle nous introduit dans la vie trinitaire. (Cf. Catéchisme de l’Eglise Catholique, n°1996-1997)

C’est fort de cette présence de Dieu en elle que Marie reçoit l’appel de Dieu, par la voix de l’ange, à être la Mère du Sauveur. Même habitée par cette grâce toute spéciale de l’Immaculée Conception, Marie s’étonne de ce que lui dit l’archange. Il lui faut accueillir ce projet de Dieu auquel elle n’avait certainement pas pensé et qui vient probablement bousculer son projet de vie. Pour dissiper le trouble qui effleure Marie, l’ange va lui donner un signe: Elisabeth, sa cousine, celle que l’on appelait la stérile, a conçu, dans vieillesse, un fils et elle en est à son sixième mois. Par là, il invite Marie à mettre sa confiance en Dieu car rien ne lui est impossible. A celui qui consent librement à la Parole de Dieu, Dieu peut agir en lui et par lui faire de grandes choses.

La grâce qui habite la Vierge Marie ne la contraint pas à devenir la Mère de Dieu. C’est fort de cette grâce qu’elle peut librement répondre à l’appel de Dieu. C’est librement qu’elle peut dire: «Voici la servante du Seigneur: que tout se passe pour moi selon ta parole.» (Luc 1,38). Marie nous livre là un bel acte de foi. Elle comprend ce que Dieu lui confie comme mission: devenir la mère de son Fils. Mais elle ne connait pas ce que sera sa vie. Elle se livre totalement à Dieu, elle se donne, elle s’offre. «Elle s’offre avec tout son être, physique, moral et spirituel; elle est toute donnée, toute livrée à la puissance de Dieu.» (Vénérable Père Marie-Eugène de l’Enfant-Jésus, Homélie pour l’Annonciation du 26 mars 1962, in La Vierge Marie toute Mère)

Par son acte de foi, Marie se donne en accueillant la parole de Dieu sans en deviner la portée extraordinaire pour son peuple et pour l’humanité. Cette parole, elle va la découvrir au fil de sa vie. Elle va la prier au fur et à mesure des évènements. Elle va sans cesse découvrir la beauté et la profondeur de l’amour de Dieu pour l’humanité en regardant vivre Jésus. De l’Annonciation à la Résurrection, de la Nativité à la Crucifixion, Marie va découvrir, à travers joie et souffrance, ce que Dieu nous donne. Par son «oui», Marie s’ouvre plus encore à la grâce de Dieu et entre dans une intimité nouvelle avec Lui. Par son «oui», Marie ouvre le chemin de la vie et permet à la lumière de jaillir en notre humanité pour chasser l’obscurité du péché. Par son «oui», Marie se dépouille totalement d’elle-même pour se laisser habiter totalement par Dieu.

En cette Année de la Foi, inaugurée par Benoit XVI le 11 octobre dernier, nous sommes invités à renouveler notre propre foi. Pour cela, nous sommes invités à redécouvrir la grâce baptismale, la grâce dont Dieu nous a comblé à notre baptême et, à l’image de Marie, aidé de sa présence à nos côtés, nous sommes aussi invités à nous laisser habiter par cette grâce. Par le «oui» de Marie, par la foi de Marie, Dieu a pu révéler plus encore son amour pour l’humanité. Par notre propre «oui», par cet acte où librement et avec joie je m’en remet à Dieu qui est Père et qui m’aime, je permets à celui-ci de déployer son oeuvre en ma vie, et à sa Parole d’y prendre corps et d’être le roc sur lequel je peux m’appuyer quelque soit les événements de ma vie: le bonheur et les épreuves, la santé et la maladie. Puissions-nous, en ce jour, offrir nous aussi, ce que nous avons de plus précieux à Dieu: notre propre vie, notre propre personne, dans toutes ses dimensions et dire avec confiance, chaque jour de notre vie: «Voici la servante, le serviteur, du Seigneur; que tout se passe pour moi selon ta parole.» Seul cet acte confiant d’abandon entre les mains de Dieu nous procurera le bonheur promis à travers tout ce qu’une vie humaine doit traverser ici-bas. Sur ce chemin, nous ne sommes pas seul, la Vierge Marie, l’Immaculée Conception marche avec nous. Avec son Fils, elle a déjà emprunté ce chemin, c’est pourquoi nous pouvons le prendre à notre tour avec confiance. Amen.

Homélie pour l’Immaculée Conception

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