La vie chrétienne n’est pas un long fleuve tranquille! C’est ce que nous annonce Jésus dans l’évangile de ce jour. Nous pouvons nous étonner qu’il nous parle de division, lui qui n’est pas venu en maître de guerre mais pour annoncer la Bonne Nouvelle. Que veut-il nous dire? Rien de plus simple, pour être son disciple, il faut faire un choix, il ne peut pas y avoir de demi-mesure.
Ce qui provoque la division est le fait que certains choisissent de vivre l’Évangile et de se conformer à l’appel du Seigneur à vivre une vie de charité honnête et généreuse tandis que d’autres ne veulent pas écouter la Parole de Dieu et accueillir les justes exigences de sa Loi, ils préfèrent chercher leur intérêt par tous les moyens.
Être disciple du Christ, c’est aussi accepter d’être confronté à l’hostilité. À la lecture de l’Évangile de ce dimanche, comment ne pas unir notre prière à nos frères et soeurs chrétiens d’Égypte qui subissent, ces jours-ci, une vague de violence sans précédent. Oui, prions pour eux et pour tous les chrétiens persécutés à travers le monde, prions pour que leur foi, leur attachement au Christ ne défaille pas devant la violence qu’ils ont à subir… En union avec eux, demandons au Seigneur de ne pas rougir de notre foi là où nous sommes appelés à vivre. La contradiction que nous rencontrons n’est rien face à celle qu’ils rencontrent. Pour eux, sachons témoigner de notre foi en Jésus Christ avec conviction. Avec eux et pour eux, sachons répondre à l’appel de Jésus: prier pour nos ennemis.
Avec confiance, entendons les encouragements que l’auteur de la lettre aux Hébreux adresse aux chrétiens qui subissent la persécution. Dans le chapitre précédent celui que nous avons entendu aujourd’hui, l’auteur retrace le portrait de grands témoins de la foi rencontrés dans l’Ancien Testament. C’est ainsi que dimanche dernier, nous avons lu le portrait d’Abraham. L’auteur nous invite à regarder: comment ces personnes ont vécu leur foi à travers les évènements de leur vie; comment cette foi a grandi; comment ils ont fait l’expérience de Dieu dans leur vie. Cette relecture est importante pour savoir comment, nous aussi, tenir bon dans notre foi aujourd’hui.
Cependant, l’auteur de l’épître aux Hébreux ne nous recommande pas uniquement d’imiter la confiance et la constance de ces témoins du passé. Il nous invite à fixer notre regard sur Jésus Christ. «Courrons avec endurance l’épreuve qui nous est proposée, les yeux fixés sur Jésus, qui est à l’origine et au terme de la foi.» (Hébreux 12,1-2) La foi y est présentée comme une compétition sportive. Comme pour toute compétition sportive, il est nécessaire que les athlètes se débarrassent de tout ce qui est superflu et qui pourrait entraver leur course. Le chrétien fait de même: à son baptême, il se débarrasse de tout ce qui alourdit sa marche, il dépose ses vêtements de pécheurs. Ce détachement radical est la condition nécessaire pour que notre foi puisse grandir.
Pour cette épreuve d’endurance, nous ne sommes pas seul. Il y a la «foule immense de témoins» (Hébreux 12,1) qui nous entoure. Cette foule a déjà couru l’épreuve de la foi… mais elle est là pour nous encourager comme les spectateurs assis sur les gradins du stade. Leur présence nous stimule car ils ont eux-mêmes triomphé dans les épreuves précédentes. Face à cette image comment ne pas penser à la foule immense de nos frères et soeurs les saints qui ne cessent d’intercéder pour nous?
Dans cette épreuve, nous avons un entraineur, un maître à imiter: Jésus-Christ lui-même, il «est à l’origine et au terme de la foi.» (Hébreux 12,2) Par son sacrifice, Jésus a tracé pour nous le chemin de l’endurance qui mène la foi à sa perfection. Le modèle que Jésus nous propose de suivre n’est bien sûr pas dans la quantité de souffrance à vivre mais dans son obéissance. Obéir signifie littéralement ‘mettre son oreille devant la parole’. C’est l’attitude du dialogue parfait, sans arrière-pensée, c’est faire une totale confiance. C’est sur ce chemin que Jésus est notre modèle. Dans la plus terrible des souffrances, dans la pire des situations, il garde confiance en la présence du Père, attentif à son Fils qu’il aime.
En union avec tous les chrétiens persécutés au nom de leur attachement à Jésus Christ, demandons à ce dernier de pouvoir vivre notre foi avec confiance. Demandons-lui la force de témoigner de notre attachement à sa personne quoique nous ayons à endurer. Amen.
Homélie pour le 20ème dimanche ordinaire – Année C