«Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière» (Isaïe 9,1). Ce peuple, c’est nous tous qui nous sommes mis en route au coeur de cette nuit pour venir célébrer cette fête de Noël. Les ténèbres dans lesquelles nous marchons, ne sont pas que l’espace temps qui va du coucher du soleil à son lever. Les ténèbres sont aussi tout ce qui au coeur de nos vies nous plombe le moral et nous rend difficile l’espérance, tout ce qui est fardeau, blessure, solitude, mal-amour…
La lumière qui se lève est cet évènement qui nous rassemble ce soir: Noël! Car Noël n’est qu’un seul et unique évènement qui a de quoi nous mettre le coeur en joie: «Dieu notre Sauveur a manifesté sa bonté et sa tendresse pour tous les hommes.» (Lettre de saint Paul à Tite 3,4). Et où allons-nous trouver le signe de cette tendresse pour chacun? Dans l’enfant de la Crèche, ce «nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire.» (Luc 2,12). Ce nouveau-né est le Sauveur, le Messie, le Seigneur comme le dit l’évangéliste saint Luc.
C’est dans la pauvreté que vient naitre le Fils de Dieu: pas de place pour eux dans les auberges de Bethléem, seule une mangeoire pour y déposer le nouveau-né. Dieu choisit ce qu’il y a de plus pauvre, de plus petit pour que nous puissions nous approcher de lui sans crainte. Nous n’avons pas à être impressionné pour accueillir le Seigneur en nos vies, c’est dans la simplicité qu’il vient à nous. En épousant notre condition humaine, Dieu vient nous rejoindre dans tout ce qui fait l’épaisseur de nos vies.
En quoi ce signe est-il pour nous Bonne Nouvelle? Comment cet enfant est-il pour nous la joie qui nous rassemble ce soir? Entendons simplement ce que chante, avec l’ange, la «troupe céleste innombrable» (Luc 2,13): «Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre aux hommes qu’il aime.» (Luc 2,14) Paix à nous, paix à nos familles, paix au monde: Dieu nous aime! Oui, «Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son fils unique» (Jean 3,16)
Ne craignons pas! Comment pourrions-nous craindre un Dieu qui s’est fait si petit? Au coeur de nos conflits, au coeur de nos blessures, au coeur de nos pauvretés, au coeur de nos souffrances, laissons cet amour de Dieu jaillir. Demandons lui de désarmer nos violences intérieures, nos conflits avec les autres en nous faisant entrer dans la douce chaleur de la crèche.
En venant célébrer ensemble Noël, nous sommes comme les bergers qui viennent adorer l’enfant Jésus à la crèche. Nous répondons à l’invitation de Dieu lui-même à venir l’adorer et à entrer dans l’intimité toute particulière de la Sainte Famille. En venant ce soir à la crèche, nous entrons dans l’intimité de Joseph et Marie, dans l’intimité de ce père et de cette mère qui s’émerveille de la naissance du nouveau-né. Demandons-leurs qu’ils soient ce père et cette mère dont nous avons besoin pour grandir dans la foi. Qu’à leur école, nous sachions, comme eux, nous laisser conduire par la Parole de Dieu.
Demandons à Marie et Joseph de ne pas nous arrêter aux scintillements éblouissants que met en valeur notre société de consommation, mais de savoir accueillir, dans le silence de notre coeur le mystère de l’humilité de Dieu qui nous invite à l’humilité et à la simplicité. La vraie joie et la vraie lumière ne se trouvent pas entre la dinde et le champagne mais entre un âne et un boeuf, dans la simplicité de la crèche, auprès de Joseph et Marie, père et mère qui accueillent humblement le don de Dieu: Jésus, l’Emmanuel, Dieu avec nous.
«Dieu a voulu que les bergers reçoivent d’un ange l’annonce d’une grande joie pour tout le peuple, qu’il mette en vos coeurs cette même joie et vous prenne comme messagers de cette Bonne Nouvelle: «Aujourd’hui, il vous est né un Sauveur.» (Bénédiction solennelle pour la Nativité). Amen.