A une semaine de la fête de Noël, l’Eglise nous invite aujourd’hui à porter notre méditation sur la Vierge Marie et la visite de l’ange. A sept jours de l’évènement de la Nativité, nous sommes invités à faire mémoire d’une rencontre qui s’est passée neuf mois plus tôt. Alors que nous allons entrer dans la dernière ligne droite de la préparation des fêtes, la liturgie nous plonge devant le mystère même de la nativité et nous invite à avancer plus encore dans le silence de la contemplation de ce fait inouï de l’histoire de l’humanité.
Un fait inouï: dans une petite bourgade, Nazareth, au coeur d’une province mal vue par l’autorité politique: la Galilée, Marie, une femme de notre humanité, reçoit la révélation que Dieu l’a choisie pour être la mère de son Fils. Et la naissance de ce Fils est suspendu à la réponse de Marie. Le plan de Dieu ne se réalisera que par un «oui» de la Vierge Marie.
Le roi David (cf. la première lecture), animé d’un authentique amour pour Dieu, avait comme désir de sortir de chez lui pour réaliser de multiples choses pour le Seigneur. Il reçoit la visite du prophète Natan qui l’invite à découvrir tout ce que Dieu a fait pour lui: comment Dieu l’a choisi, appelé, accompagné, comment Dieu l’a engendré à la vie. Natan invite David, non pas à brasser de l’air par un activisme démesuré, mais à entrer en lui-même pour découvrir une présence: l’amour de Dieu qui ne cesse de l’engendrer.
Au contraire, Marie reçoit une visite. L’ange Gabriel vient de la part du Seigneur lui annoncer qu’elle est choisie pour être la mère du Sauveur. Il lui annonce qu’elle portera le Fils de Dieu, autrement dit que Dieu désire faire d’elle sa demeure. Mais pour cela, même si «rien n’est impossible à Dieu» (Luc 1,37), il a besoin de la réponse de Marie. Et Marie, femme d’intérieur (car elle est capable de garder toutes choses en son coeur), accueille cette parole de l’ange: «Voici la servante du Seigneur; que tout se passe pour moi selon ta parole» (Luc 1,38). Animée d’un véritable amour pour le Seigneur, Marie laisse descendre au plus profond d’elle-même la Parole de Dieu et cette Parole va animer toute sa vie. Cette Parole va donner sens à sa vie. Et cette Parole fera de Marie une disciple véritable de la Parole de Dieu.
Comme à chaque fois, et peut être plus encore à l’approche de Noël, la Parole de Dieu vient aussi nous interpeller aujourd’hui. Comment vais-je montrer mon amour au Seigneur? Comme des personnes affairées qui s’agitent pour montrer qu’elles aiment le Seigneur, que je pense à Lui… au risque de laisser le Seigneur lui-même à la porte de mon coeur, car l’auberge est pleine et qu’il n’y a pas de place pour lui? Ou bien vais-je, avant toute chose, accueillir la Parole de Dieu, la laisser pénétrer au plus profond de mon coeur, me laisser interpeller par Elle et Lui permettre de donner sens à ma vie? Vais-je, moi aussi, oser dire: «Que tout se passe pour moi selon ta parole?» au risque de voir ma vie prendre un sens inattendu? Vais-je oser, comme Marie, laisser entrer la Parole de Dieu par surprise dans ma maison? Cette dernière est désordonnée, pleine de paille… et j’ai l’impression qu’il y a un âne ou un boeuf qui y vivent? et alors… n’est-ce pas là que Jésus est né?
Fêter Noël, c’est accepter que Dieu fasse irruption dans ma vie. C’est accepter que Dieu transforme notre être en venant s’y faire petit enfant. Fêter Noël, c’est accepter que l’Esprit Saint vienne sur moi, me prenne sous son ombre et oser répondre: «Voici la servante du Seigneur; que tout se passe pour moi selon ta parole.» Amen.
Homélie pour le 4ème dimanche de l’Avent – Année B
“Accepter que Dieu fasse irruption dans ma vie “. Toute la question se résume ici. En effet je suis tenté de laisser parler des intérêts secondaires, je leur donne le beau rôle dans ma vie, je cligne de l’oeil vers les réussites sociales, matérielles. ” Accepter Dieu ” est d’un autre ordre, puisque cela n’est possible que si on se fait humble de coeur. Ce n’est possible que si on accepte de dire : Seigneur, je m”en remets à toi. Là se trouve la force de la crèche : endroit ignoré, pauvre, parfaitement étranger à la gloire du monde. Que l’ Esprit de la Crèche nous inspire et nous fasse vivre …