À l’occasion de l’Année de la Foi, le pape François s’est adressé aux catéchistes réunis à Rome en cette fin septembre 2013. Les mots qu’il a adressé, ce vendredi 27 septembre, aux participants de ce pèlerinage viennent nous rejoindre jusque dans nos campagnes!
Dans son discours, le pape François commence par nous rappeler que «la catéchèse est un pilier pour l’éducation de la foi». Oui, sans la catéchèse, notre foi ne peut pas s’épanouir car elle n’est pas nourrie.
Éduquer est un art! Et comme tout art, c’est parfois difficile: cela exige beaucoup de travail pour un résultat qui n’est pas toujours perceptible immédiatement. Alors accueillons les paroles d’encouragement du pape François: «éduquer dans la foi c’est beau!» Pourquoi? «C’est peut être le meilleur héritage que nous pouvons donner: la foi!» nous dit le pape François. C’est ainsi qu’il nous faut éduquer dans la foi pour que cette dernière grandisse. C’est une des plus aventures éducatives précise le Saint Père: «Aider les enfants, les jeunes, les adultes à connaître et à aimer toujours plus le Seigneur est une des plus belles aventures éducatives, on construit l’Église!» À ces mots, nous nous rappelons que la catéchèse ne se limite pas à quatre ou cinq années de la vie: elle concerne les enfants, les jeunes et les adultes, donc chacun d’entre nous. Si je suis appelé à être catéchiste, je suis aussi appelé à être catéchisé. En plus de mieux connaître le Christ, la catéchèse construit aussi l’Église.
Après ces quelques mots sur l’éducation de la foi, le pape développe ce que c’est qu’être catéchiste: «”Être” catéchiste! Non pas travailler comme catéchistes: cela ne va pas! Je travaille comme catéchiste parce que j’aime enseigner… Mais si tu n’es pas catéchiste cela ne va pas! Tu ne seras pas fécond, tu ne seras pas fécond!» Le pape répète cette dernière expression pour souligner l’importance de la fécondité. Celle-ci est la source de notre épanouissement de notre ‘être’ catéchiste.
Par les mots que je viens de citer, le pape nous invite à une petite révolution. Reconnaissons-le: souvent nous disons que nous ‘faisons le catéchisme’. Le pape François nous invite à abandonner cette expression et à apprendre à dire: ‘je suis catéchiste’. «Catéchiste c’est une vocation : “être catéchiste”, c’est cela la vocation, non travailler comme catéchiste. Attention, je n’ai pas dit “faire” le catéchiste, mais “l’être”, parce que cela engage la vie.»
Comment ma vie est-elle engagée dans cette mission? Tout simplement parce qu’en étant catéchiste «on conduit à la rencontre avec Jésus par les paroles et par la vie, par le témoignage.» La catéchèse n’est pas un savoir que je transmet: elle est un témoignage de vie où mes paroles et mes actes sont le plus en cohérence possible avec la foi. «Être catéchiste signifie donner le témoignage de la foi; être cohérent dans sa vie.» C’est par nos paroles, par notre vie, par notre témoignage que nous permettons une rencontre avec Jésus. Le pape nous invite à ce que «les gens voient l’Évangile dans notre vie, qu’ils puissent lire l’Évangile.» Et ce n’est pas facile nous dit François!
Le Saint Père va donc nous faire entrer dans le cœur même de ‘l’être’ catéchiste. Voici ce qu’il nous dit: «”être” catéchiste demande de l’amour, un amour toujours plus fort pour le Christ, un amour pour son peuple saint. Et cet amour ne s’achète pas dans les commerces, il ne s’achète pas non plus ici à Rome. Cet amour vient du Christ! C’est un cadeau du Christ! C’est un cadeau du Christ! Et s’il vient du Christ, il part du Christ et nous devons repartir du Christ, de cet amour que Lui nous donne.»
Le pape va ensuite développer ce que signifie “repartir du Christ” pour un catéchiste, pour chacun de nous, pour lui-même. Et «comme faisaient les vieux jésuites», il le fait en trois points: avoir une familiarité avec le Christ – imiter le Christ dans la rencontre avec l’autre – partir avec le Christ dans les périphéries
1- Repartir du Christ signifie avoir une familiarité avec Lui
Le soir de la Cène, alors que Jésus s’apprête à faire le don ultime de l’amour par son sacrifice sur la Croix, il invite ses disciples à demeurer attacher à lui. (Cf. le chapitre 15 de l’évangile selon saint Jean). Pour cela Jésus prend un image: celle de la vigne et des sarments. «demeurez dans mon amour, demeurez attachés à moi, comme le sarment est attaché à la vigne. Si nous sommes unis à Lui, nous pouvons porter du fruit, et c’est cela la familiarité avec le Christ. Demeurer en Jésus! C’est demeurer attachés à Lui, à l’intérieur de Lui, avec Lui, parlant avec Lui: demeurer en Jésus.»
Ceci relève d’un cheminement de toute une vie: rester avec le Christ, l’écouter, apprendre de Lui. Et pour cela, il n’est pas nécessaire d’être bardé de diplômes! Je peux être un bien meilleur catéchiste que Monsieur le Curé qui a fait plus de six ans d’études! Être catéchiste, c’est une attitude nous dit François. C’est rester avec Jésus, rester en sa présence, se laisser regarder par Lui. Et le pape nous demande comment nous restons en présence du Seigneur. Voici ses interrogations: «Je vous demande: comment êtes-vous en présence du Seigneur? Quand tu vas près du Seigneur, que tu regardes le Tabernacle, que faites-vous? Sans paroles… Mais je dis, je dis, je pense, je médite, j’écoute… Très bien! Mais te laisses-tu regarder par le Seigneur? Nous laisser regarder par le Seigneur. Lui nous regarde et cela, c’est une manière de prier. Te laisses-tu regarder par le Seigneur? Mais comment fait-on? Regarde le tabernacle et laisse-toi regarder… c’est simple ! C’est un peu ennuyeux, je m’endors… Endors-toi, endors-toi! Lui te regarderas lui-même, Lui te regarderas lui-même. Mais sois sûr que Lui te regarde! Et cela est beaucoup plus important que le titre de catéchiste: cela fait partie de l’être catéchiste. Cela réchauffe le cœur, garde allumé le feu de l’amitié avec le Seigneur, te fait sentir que Lui te regarde vraiment, qu’il est proche de toi et qu’il t’aime.»
Le Saint Père nous encourage à nous laisser regarder par le Christ car c’est cela qui est important. Peut être nous faisons-nous la réflexion: pour lui, c’est facile, il est pape et il n’a que ça à faire! Mais moi, j’ai une famille, des enfants, un travail… Rassurez-vous le pape en est bien conscient. Écoutons ses bons conseils:
«Je comprends que pour vous ce n’est pas si simple: particulièrement pour la personne mariée et qui a des enfants, c’est difficile de trouver un long temps de calme. Mais, grâce à Dieu, il n’est pas nécessaire que tous fassent de la même manière; dans l’Église il y a variété de vocations et variété de formes spirituelles; ce qui est important c’est de trouver la façon convenable pour rester avec le Seigneur; et cela est possible, c’est possible dans chaque état de vie. En ce moment, chacun peut se demander: comment je vis “ce fait de rester” avec Jésus? C’est une question que je vous pose: “Comment est-ce que je vis ce fait de rester avec Jésus, ce fait de demeurer en Jésus?”. Ai-je des moments durant lesquels je reste en sa présence, en silence, je me laisse regarder par Lui? Est-ce que je laisse son feu réchauffer mon cœur? Si dans notre cœur il n’y a pas la chaleur de Dieu, de son amour, de sa tendresse, comment pouvons-nous, nous, pauvres pécheurs, réchauffer le cœur des autres? Pensez à cela!»
Après ces précieux conseils, le pape nous invite à imiter le Christ.
2- Repartir du Christ signifie l’imiter dans le fait de sortir de soi et d’aller à la rencontre de l’autre.
Le pape commencée par nous dire que «c’est une expérience belle et un peu paradoxale. Pourquoi? Parce que celui qui met le Christ au centre de sa vie se décentre! Plus tu t’unis à Jésus et Lui devient le centre de ta vie, plus Lui te fait sortir de toi-même, te décentre et t’ouvre aux autres.»
Le Saint Père nous explique alors que c’est là le mouvement propre de l’amour, le mouvement propre de Dieu. «Dieu est le centre, mais il est toujours don de soi, relation, vie qui se communique.» Ainsi, si nous sommes unis au Christ, nous sommes nous aussi dans ce mouvement, dans ce dynamisme. Avec l’image du cœur qui bat, le pape nous explique que notre vie de catéchiste a le même mouvement que ce cœur: je reçois et je donne. Sans ce double mouvement, le cœur cesse de battre. Le double mouvement de ‘l’être’ catéchiste est celui-ci: je m’unis à Jésus, je sors à la rencontre de l’autre. Je reçois le don de la foi, j’offre ce don. Je donne ce que je reçois mais si je ne prends pascale temps de recevoir, je n’ai rien à donner! Laissons encore le pape nous interroger:
«Demandons-nous nous tous: est-ce ainsi que bat mon cœur de catéchiste: union avec Jésus et rencontre avec l’autre? Avec ce mouvement de «systole – diastole»? S’alimente-t-il dans la relation avec Lui, mais est-ce pour le porter aux autres et non pour le retenir? Je vous dis une chose: je ne comprends pas comment un catéchiste peut rester ferme, sans ce mouvement. Je ne comprends pas!»
Le pape aborde ensuite le troisième point de son exposé:
3- Repartir du Christ signifie ne pas avoir peur d’aller avec Lui dans les périphéries.
C’est à partir du livre biblique du prophète Jonas que le pape François nous invite à aller vers les périphéries. Jonas reçoit un appel de Dieu pour aller prêcher dans la grande ville païenne de Ninive. Cet appel semble demander un tel effort à Jonas qu’il y met tous les freins possibles. Avec François, je vous invite à relire le beau petit livre de Jonas. Voici l’enseignement que le pape François tire de ce livre biblique.
Pour François, ce livre nous invite à sortir de nos schémas. Non pas pour faire aller n’importe où mais pour suivre Dieu. Et c’est en acceptant de suivre Dieu dans les périphéries que nous trouverons… Dieu!
Pour aller dans les périphéries, le pape nous invite à être créatif. Non pas qu’il désire que nous fassions n’importe quoi, mais que nous soyons créatif pour annoncer l’Evangile. J’ai quelque chose de bien précis à annoncer: l’Evangile. Mais cette annonce de l’Evangile doit être adaptée à celles et ceux à qui je m’adresse, voilà pourquoi je dois être créatif. «Pour être fidèles, pour être créatifs, il faut savoir changer. Savoir changer. Et pourquoi je dois changer? Pour m’adapter aux circonstances dans lesquelles je dois annoncer l’Évangile.» En étant créatif, nous ne devons qu’un seul soucis: rester avec Dieu.
Aussi la question se pose: pourquoi suis-je catéchiste, pourquoi suis-je chrétien? Pour un bien être entre nous ou pour oser risquer l’Evangile?
«Quand nous, chrétiens, nous sommes fermés sur notre groupe, sur notre mouvement, sur notre paroisse, sur notre milieu, nous restons fermés et il arrive ce qu’il arrive à tout ce qui est fermé; quand une pièce est fermée, elle commence à sentir l’humidité. Et si une personne est dans cette pièce, elle tombe malade! Quand un chrétien est fermé sur son groupe, sur sa paroisse, sur son mouvement, il est fermé, il tombe malade. Si un chrétien sort dans les rues, les périphéries, il peut lui arriver ce qui arrive à des personnes qui vont dans les rues: un accident. Bien des fois nous avons vu des accidents de la route. Mais je vous dis: je préfère mille fois une Église accidentée, et non une Église malade!»
Cette invitation du pape François nous secoue peut-être un peu: vais-je être à la hauteur de la tâche? Il est parfois rassurant d’avoir quelques sécurité autour de nous… Il ne s’agit nullement d’être téméraire ou kamikaze. Non, le pape ne désire pas que nous allions au casse-pipe! Nous ne sommes pas seul sur ce chemin: Jésus est avec nous. «Jésus ne dit pas: allez, débrouillez-vous. Non, il ne dit pas cela! Jésus dit: Allez, je suis avec vous! C’est cela notre beauté et notre force: si nous allons, si nous sortons porter son Évangile avec amour, avec un vrai esprit apostolique, avec vérité (parresia), Lui marche avec nous, nous précède, – je le dis en espagnol – il nous “primerea”. Le Seigneur nous “primerea” toujours.»
Oui, Jésus est toujours le premier comme la fleur de l’amandier est la première à fleurir au printemps. Dieu nous précède toujours! Confiance! «Jésus nous attend dans le cœur de ce frère, dans sa chair blessée, dans sa vie opprimée, dans son âme sans foi.»
Le pape nous dit également une périphérie importante pour lui. Le périphérie peut être aussi au cœur même de la vie d’un baptisé quand celui-ci ne connaît pas grand chose de sa foi en Jésus Christ. «Mais savez-vous une des périphéries qui me fait si mal que j’en ressens la douleur – je l’avais vu dans le diocèse que j’avais auparavant? C’est celle des enfants qui ne savent pas faire le Signe de la Croix. À Buenos Aires, il y a beaucoup d’enfants qui ne savent pas faire le Signe de la Croix. C’est une périphérie! Il faut aller là! Et Jésus est là, il t’attend, pour aider cet enfant à faire le Signe de la Croix. Lui nous précède toujours.»
Apprendre à un enfant à faire son signe de croix, à connaître son Notre Père… est aussi une périphérie!
Dans sa conclusion, le Saint Père nous redis une fois encore qu’il faut «toujours repartir du Christ». Non pas parce que nous marchons à notre propre compte mais parce que nous sommes dans l’Eglise, dans le Peuple de Dieu en marche, parce que nous marchons avec le Peuple de Dieu. Nous ne faisons jamais cavalier seul.
«Restons avec le Christ, – demeurer dans le Christ ‑ cherchons à être toujours davantage une seule chose avec Lui; suivons-le, imitons-le dans son mouvement d’amour, dans son mouvement à la rencontre de l’homme; et sortons, ouvrons les portes, ayons l’audace de tracer des voies nouvelles pour l’annonce de l’Évangile.»
À ces mots du pape, puissions-nous trouver une force nouvelle pour être catéchiste. Apprenons à devenir familier avec le Christ, à demeurer avec lui afin de l’imiter dans notre rencontre avec rencontre avec l’autre en osant trouver des voies nouvelles pour annoncer l’Evangile.
Pour lire le discours du pape François: c’est ici! et pour lire son homélie du dimanche: c’est là!