Etre le premier et avoir la meilleure place ?

29e dimanche ordinaire

Année B

La Parole de Dieu :

Être le premier et avoir la meilleure place… ça peut être long et demander beaucoup d’énergie… ça peut être couteux ! Ce désir qui habite notre société contemporaine n’est pas un désir nouveau. Il habitait déjà le cœur des apôtres puisque Jacques et Jean osent demander à Jésus, alors qu’il vient d’annoncer sa passion, de siéger l’un à sa droite et l’autre à sa gauche quand il sera dans la gloire !

Bien sur cette demande crée la zizanie parmi les Apôtres : pourquoi Jacques et Jean et pas eux ? En effet, celui qui obtient d’être le premier, d’avoir la meilleure place, l’a fait en éliminant les autres… pourquoi y aurait-il une sélection parmi les disciples de Jésus ? Jésus va alors profiter de la situation pour faire une petite catéchèse sur ce qu’est un disciple.

Jésus leurs fait d’abord remarquer qu’ils ne savent pas ce qu’ils demandent. Dans les versets précédents, il vient de leur annoncer sa passion prochaine… et Jacques et Jean n’ont qu’une question à poser à Jésus : pourvoir s’assoir à sa droite et à sa gauche dans le Royaume ! Jésus, en leurs demandant : « Pouvez-vous boire la coupe que je vais boire, être baptisés du baptême dans lequel je vais être plongé ? »(Marc 10,38), veut leurs faire découvrir que le disciple est celui qui emprunte le même chemin que lui. Avec le Christ, le disciple passe par la croix et la résurrection. Les disciples le comprendront et seront en capacité de le vivre qu’après l’effusion de l’Esprit-Saint à la Pentecôte. Il en est de même pour nous aujourd’hui : nous ne pouvons suivre le Christ véritablement qu’après avoir reçu l’effusion de l’Esprit-Saint.

L’effusion de l’Esprit-Saint allume en nous le feu de l’amour de Dieu et du prochain. Elle nous met en capacité de devenir missionnaire. Elle nous met en capacité de devenir serviteur. C’est là le deuxième enseignement de Jésus dans l’évangile d’aujourd’hui. A l’image du Christ, le disciple se fait serviteur et « donner sa vie en rançon pour la multitude »(Marc 10,45)

Comprenons bien cette expression qui a changé de sens aujourd’hui. Si nous nous arrêtons au sens contemporain du mot rançon nous pouvons nous offusquer que Dieu puisse exiger qu’il y ait quelque chose à payer en vue d’une libération. Serions-nous pris en otage par lui ? Au temps de la rédaction des évangiles, le mot rançon a une autre signification. Il signifie simplement la libération. En grec, il est un dérivé d’un verbe qui signifie délier, détacher, délivrer.

Le Christ donne donc sa vie par amour pour délier, détacher la multitude de son péché et la réconcilier avec Dieu. Le disciple entre dans la dynamique du service, à l’image de celui du Christ, afin de participer à la libération de la multitude en vue d’une réconciliation avec Dieu, en vue de recevoir une capacité d’amour plus grande. C’est tout le rôle de la mission, de l’évangélisation. En annonçant l’Évangile, nous permettons à ce que chacun se mette en capacité de recevoir cette libération offerte par le Christ. Nous permettons que chacun puisse se laisser réconcilier avec Dieu dans une capacité d’aimer renouvelée.

Nous trouvons un exemple de cela dans la vie du Bienheureux Nicolas BARRÉ que nous fêtons aujourd’hui. Il a offert sa vie, au nom de l’Évangile et de l’amour du Christ, en œuvrant pour l’éducation des enfants pauvres, par exemple. Il nous invite à « être dans la main de Dieu comme un pinceau dans celle du peintre. »

Aujourd’hui, le Christ nous invite donc à entrer dans une dynamique renouvelée du disciple en demandant d’unir notre vie plus encore à la sienne par l’effusion de l’Esprit-Saint et le service. Il nous invite à redécouvrir que le but de la mission, de l’évangélisation est de permettre à la multitude de vivre la libération, la délivrance offerte par la passion et la résurrection du Christ. Que la grâce de cette Eucharistie nous renouvelle dans la mission. Amen.

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