Femme ou argent ?

 

Les femmes ou l’argent? Pardon, la femme ou l’argent? Mais de quoi va-t-il nous parler? Un couplet sur la femme ou un couplet sur l’argent, la spéculation et les banquiers? En effet, la première lecture de ce jour nous brosse un portrait, plus exactement, nous fait un éloge de la femme et l’évangile nous parle d’argent et de spéculation. Nous pourrions nous croire au plein coeur de l’actualité de ces derniers temps… mais heureusement, comme toujours, la Parole de Dieu nous élève à un autre niveau que celui de la ceinture et du porte-monnaie!

Commençons par nous arrêter sur l’éloge de la femme dressé dans le livre des Proverbes. Afin d’avoir le portrait complet de la femme vaillante, je vous invite à lire l’intégralité du  poème au chapitre 31 du livre des Proverbes. Ce chapitre est le dernier du livre… et il conclut l’éloge de la Sagesse faite dans les trente premiers chapitres. Femme et sagesse, même combat? Peut-être, car le portrait établit ici est celui d’une femme que Dieu a rempli de sagesse et qui donne à son entourage le seule chose dont Dieu rêve pour l’humanité: le bonheur.

Dans ce poème alphabétique contenant les 22 lettres de l’alphabet hébreu, la femme idéale est celle qui s’est laissée imprégner par la sagesse de Dieu, qui reflète cette sagesse car elle a tout compris de A à Z! Et cet éloge de la femme, nous le retrouvons à de multiples endroits de la Bible.

Dans l’extrait de ce jour, le portrait dressé de la femme vaillante est étonnant: elle ne fait rien d’extraordinaire. Elle ne se promène pas à travers le monde, de l’Ukraine à la Suisse en passant par Rome, les seins nus, elle ne promeut pas de théorie farfelue tel que le Gender… non! Ici, rien de tout cela. La conception de la femme est d’un idéal beaucoup plus élevé! La femme semble ne rien faire d’extraordinaire… elle ressemble beaucoup à la conception, pas très en vogue aujourd’hui, de la femme au foyer! Mais, attention, il nous faut prendre le texte dans son ensemble, avec les versets qui ne sont pas lu ce dimanche. Car la femme n’y est absolument pas présentée comme une femme cloitrée et privée de toute vie sociale. Non! L’ensemble du texte montre le rôle social que tient la femme au coeur de la cité en participants aux activités commerciales et aux oeuvres de charité: «Reconnaissez les fruits de son travail: sur la place publique, on fera l’éloge de son activité.» (Proverbes 31,31)

Ce que nous pourrions retenir, tient en ce qui pourrait être les deux béatitudes de la femme: «Heureuse es-tu, toi qui crains le Seigneur» ou dans un langage plus actuel: «Heureuse es-tu toi qui aimes le Seigneur». Comment alors ne pas penser à la Vierge Marie, comblée de grâce, toute empreinte de la Parole de Dieu qu’elle gardait sans cesse en son coeur… et pourtant, Marie est une femme vaillante, tenant debout jusque dans l’adversité et que l’on ne cesse de proclamer «Bienheureuse»?

La deuxième béatitude que nous pourrions retenir: «Heureuse es-tu: avec tout ce travail humble, apparemment inutile, tu crées du bonheur.» Oui, travail humble. Inutile de montrer au monde ses muscles et autres organes de virilité pour affirmer la force de son pouvoir. Le bonheur n’est pas là. Et pourtant, depuis le péché originel, c’est bien une lutte de pouvoir qui s’est installé entre l’homme et la femme: pouvoir de domination pour les uns et pouvoir de séductions pour les autres. Ceci fausse la relation homme-femme car souvenons-nous des mots même du récit de la Création: «Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa, homme et femme il les créa» (Genèse 1,27) Ensemble, créé de même dignité, «os de ses os, chair de sa chair» (Gn 2,18-24), nous sommes à l’image de Dieu. Point de rivalité mais une complémentarité dans notre différence qui nous permet d’être à l’image et à la ressemblance de Dieu. C’est donc dans un dialogue incessant, un face-à-face  d’égal à égal où chacun se découvre dans le regard de l’autre, dans une révélation mutuelle que nous sommes image et ressemblance de Dieu.

Pour cela, Dieu nous fait confiance: que nous soyons homme ou femme, grand ou petit… Il confie «à chacun selon ses capacités» (Matthieu 25,15) Nous sommes aimé du même amour. Et nous n’avons pas à avoir peur de ce que Dieu nous confie. Dieu nous associe à ses affaires, à son Royaume et il donne à chacun selon nos capacités. Point de comparaison dans ce que chacun a reçu, point de rivalité d’avoir plus ou moins. Dieu me fait confiance. Il me faut donc accueillir cette confiance et entrer dans son projet.

Le maitre attend que nous prenions des initiatives, des risques. Il ne demande pas la rentabilité du gain. Il nous demande d’oser avec le ou les talents qu’il nous confie. Quel est ce ou ces talents? Sa Parole. Oui, il nous faut oser la Parole de Dieu! Oser l’Evangile! Et c’est dans cette Parole qu’il nous faut nous investir aujourd’hui. Entrer en dialogue avec notre monde actuel pour oser proposer une parole qui donne sens à la vie, oser une parole qui offre le bonheur. Oser Jésus-Christ.

Il ne faut pas soupçonner Dieu d’avoir de mauvaises intentions à notre égard. Inutile d’entrer dans le cercle vicieux de la méfiance et de la haine… car ce péché, qui est le péché originel, brise toute relation. Dieu nous fait confiance et il nous demande d’investir dans cette confiance. Non pas en nous séparant de lui… mais en cherchant toujours à être en communion avec lui, en nous laissant habiter par sa Parole. Conduit alors par l’Esprit Saint, nous verrons le chemin où le Seigneur nous demande d’investir. Mais souvenons-nous sans cesse que ce n’est pas dans la force, la domination et le pouvoir qu’il nous faut investir… mais telle la femme vaillante, c’est dans un travail humble et discret, empreint de l’amour de Dieu que nous trouverons le bonheur.

Et qui, mieux que quiconque a investi dans cette confiance? Qui mieux que quiconque  est entré humblement dans l’amour du Seigneur et qui est digne de louange? Qui, mieux que quiconque est image et ressemblance avec Dieu? Qui mieux que quiconque reçoit aujourd’hui encore l’éloge de son activité sur la place publique? C’est une femme! Elle s’appelle Marie et elle a dit «oui» au projet de Dieu! Et de partout, elle procure le bonheur à ceux qui l’implore. Puissions-nous simplement entendre sa parole au jour des noces de Cana, s’adressant aux serviteurs et en désignant son fils Jésus: «Faites tout ce qu’Il vous dira.» (Jean 2,5) Amen.

Homélie pour le 33ème dimanche ordinaire – Année A

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