Comme pour tous les bons feuilletons télévisés, commençons par nous rappeler ce que nous avons entendu et médité la semaine passée. Nous avons entamé la lecture du chapitre 6 de l’évangile selon saint Jean. L’auteur nous a relaté le miracle de Jésus avec la multiplication des cinq pains et des deux poissons. Dans notre méditation, nous nous étions arrêté sur l’offrande, le don du jeune garçon, et nous avons découvert ou redécouvert ce qu’est notre offrande au cœur même de l’Eucharistie, notre participation active à la messe.
Dans l’épisode de ce jour, nous entendons l’invitation de Jésus à travailler non pas pour une nourriture qui se perd mais pour celle qui se garde jusque dans la vie éternelle. Cette nourriture c’est le Christ lui-même qui nous la donne. Face à ces mots de Jésus, il monte du cœur de la foule l’interrogation suivante: «Que faut-il faire pour travailler aux œuvres de Dieu?» (Jean 6,28)
La réponse de Jésus est, comme à l’habitude, riche d’enseignements. Jésus commence par nous dire ce qu’est l’œuvre de Dieu: «c’est que vous croyiez en celui qu’il a envoyé.» (Jean 6,29) Cette réponse est très instructive. En effet, la question de la foule est marqué par deux mots qui implique l’action, le faire: le verbe travailler et le mot œuvres. Jésus répond non pas en nous invitant à l’activisme, ou à un «il faut faire». Travailler à l’œuvre de Dieu n’est pas d’abord partir à la conquête de moulins à vent tel des Don Quichotte! Travailler à l’œuvre de Dieu est avant tout poser un acte de foi!
Travailler à l’œuvre de Dieu, c’est accueillir le Christ qui «nous accompagne sur notre route quotidienne et qui nous donne à manger la vraie manne qui vient du ciel, le vrai pain de la vie, qui redonne courage et confiance, et qui fortifie notre foi.» (Benoit XVI, Angélus du 2 août 2009). Travailler à l’œuvre de Dieu est autrement plus compliquer que de chercher des signes visibles, tangibles de la présence de Dieu. Il s’agit d’accueillir l’œuvre de Dieu en nous, de nous ajuster à l’exigence de sa Parole.
Pour cela, écoutons à nouveau l’appel de saint Paul, dans sa lettre aux Éphésiens: «vous ne devez plus vous conduire comme des païens qui se laissent guider par le néant de leur pensée. (…) Il s’agit de vous défaire de votre conduite d’autrefois, de l’homme ancien qui est en vous, corrompu par ses désirs trompeurs. Laissez-vous guider intérieurement par un esprit renouvelé. Adoptez le comportement de l’homme nouveau, créé saint et juste dans la vérité, à l’image de Dieu.» (Éphésiens 7,17.22-24)
Bien sur, il ne s’agit pas ici, pour Paul de stigmatiser, condamner telle ou telle personne. L’Apôtre dénonce une conduite, un comportement. Devenir disciple du Christ, vivre en baptisé, c’est faire un choix! Celui qui a entendu la Parole de Dieu met tout en œuvre pour correspondre à cette Parole car il découvre que cette Parole donne un sens à l’existence. La Parole de Dieu comble et nourrit toute une vie.
Celui qui refuse cette Parole n’est soumis à rien d’autre qu’à une recherche perpétuelle de lui-même avec le risque d’être prisonnier d’une autosuffisance, enfermé sur lui-même et insensible à tout ce qui peut l’ouvrir à plus grand que lui-même. C’est mener une vie dépourvue de sens, étrangère à toute morale en sombrant dans les excès de toutes sortes.
Au contraire, accueillir la Parole de Dieu proclamée et célébrer dans les sacrements, c’est vivre de ce pain que le Christ nous donne et qui comble toute faim. C’est reconnaitre que le vieil homme qui est en nous a besoin de la miséricorde de Dieu et que nous vivons de l’amour gratuit de Dieu. C’est entré dans le mouvement dynamique de l’amour de Dieu qui m’invite à me laisser sans cesse recréer par Lui pour devenir un homme libre, c’est-à-dire non enchainé par les désirs de la chair mais en ayant un cœur qui ne cesse de grandir au fur et à mesure qu’il se découvre profondément aimé de Dieu. Un amour qui me comble et qui me donne d’autre désir que d’aimer en vérité mon prochain afin qu’il connaisse lui aussi cet amour de Dieu.
Aujourd’hui, par le baptême de votre enfant, Dieu dépose cette grâce au fond de son cœur. Votre mission, puisque vous l’avez acceptée, est maintenant de lui faire découvrir cette présence de Dieu dans sa propre vie afin que votre enfant puisse choisir librement de se laisser aimer par Dieu et parvenir ainsi au bonheur promis. Amen.
Homélie pour le 18ème dimanche ordinaire – Année B
Messe avec baptême