Gaudete… homélie pour le 3ème dimanche de l’Avent – année C

La joie ! Gaudete, tel est le nom que porte le 3ème dimanche de l’Avent. La couleur rose des ornements liturgiques de ce jour est le signe de cette joie. En effet, au cœur de la veille et de la préparation du chemin pour la venue du Seigneur, nous commençons à voir poindre l’aurore d’un jour nouveau, une aube nouvelle.

Un jour nouveau commence à poindre car « le Seigneur est proche » (Ph 4,5) comme nous le dit saint Paul et comme l’annonce déjà le prophète Sophonie : Dieu danse avec son peuple, (cf. So 3,17) Il est en nous et Il met en nous sa joie et son allégresse. Voilà pourquoi nous pouvons, comme saint Paul, rendre grâce en toute circonstance et adresser à Dieu, qui se laisse découvrir comment étant tout amour, amour gratuit totalement offert, nos demandes.

Dans notre société d’aujourd’hui, il parait peut être incongru de parler de la joie, d’une joie profonde parce que Dieu est amour… L’amour est tant de fois blessé au cœur même de notre humanité. Amour, ce mot tellement galvaudé, défiguré, dénudé de son sens profond. Il semble être aujourd’hui tellement matérialiste, signe de bien-être apparent, de joie instantanée, de plaisir déviant voir de souffrance… et pourtant c’est bien la Bonne Nouvelle que nous avons à vivre et à annoncer : l’Amour est possible quelque soit mon état de vie, quelque soit l’état de ma vie.

L’Amour est là au plus profond de mon cœur, là où Dieu lui-même a fait sa demeure. Qui que je sois, j’ai accès à cet Amour, j’ai accès à cette rencontre avec Dieu, à cet intimité que le Seigneur m’offre à chaque instant…

Les deux premiers dimanche de l’Avent, nous ont indiqué l’attitude à tenir pour rencontrer cet Amour et en vivre. Nous avons été invités à veiller et à prier puis à préparer le chemin du Seigneur, à rendre droit ses sentiers.

Veiller est une attitude d’attente active, de vigilance. Veiller c’est « être en attente » comme le peuple accourant auprès de Jean le Baptiste. Oui, il s’agit d’attendre le retour du Christ, donc de prendre conscience que Noël n’est pas que l’anniversaire d’un évènement passé mais qu’il est aussi l’avènement d’une réalité qui se passe aujourd’hui. Cette veille se fait en tout premier lieu par la prière, cet élan du cœur, ce simple regard jeté vers le ciel, ce cri de reconnaissance et d’amour au sein de l’épreuve comme au sein de la joie. Telle est la définition de la prière donnée par Ste Thérèse de l’Enfant Jésus en son manuscrit autobiographique (C,25r°).

Pour cela, il me faut donc préparer un chemin au cœur de ma vie que la Parole de Dieu pourra emprunter. Il me faut tracer une route qui conduit au fond de mon cœur, notre centre caché, siège de la vérité, lieu de l’Alliance, de la présence de Dieu. Préparer le chemin au Seigneur, c’est donc tout simplement ouvrir ma vie à cet amour, ouvrir la porte de mon cœur et entendre Dieu me dire, dans le silence, « Tu es mon enfant bien aimé, en toi, j’ai mis tout mon amour. » (Cf. homélie de dimanche dernier)

De cette présence cachée, de cette source cachée que je découvre alors au plus profond de moi-même, au plus profond de mon humanité, peut sourdre la joie, la joie véritable. Dieu est bien proche de moi, bien proche de son peuple, bien proche de sa création. Il est là, il chante et danse son amour… comme le doux murmure d’un fin silence ! Saurai-je l’entendre et le reconnaître comme le prophète Élie ? Oserai-je m’approcher de ce feu qui brûle sans consumer, tel Moïse devant le buisson ardent ? Oserai-je accueillir cette visite de Dieu dans la tente de ma vie, comme Abraham a accueilli les trois visiteurs ? Oui, la conversion à laquelle nous invite Jean le Baptiste dans l’évangile est bien celle d’oser nous approcher de Dieu qui est si proche de nous, qui est au plus profond de nous-même par la pure gratuité de son amour.

Accepter de faire ce chemin, c’est découvrir cet ami qui est là en tout temps, dans le calme de la traversée comme dans la tempête, dans la luxuriance de l’oasis comme dans le désert… Voilà ce qu’est la fête de Noël ! C’est d’abord l’accueil du Christ dans ma vie.

« Oui, mais je ne peux pas… vous avez vu l’état de ma vie ? » et alors, pourquoi avoir peur de lui présenter la paille de ma vie ? Jésus est né dans un crèche… il ne cherche pas un palais somptueux… Il est là, il se tient à la porte et il frappe. Si je lui ouvre, il entrera… (Ap 3,20).

Puissions-nous être les témoins de cette Bonne Nouvelle, que notre monde retrouve la joie véritable de la fête de Noël et n’oublie pas d’ouvrir la porte au Seigneur qui est là et qui frappe. Ainsi, le lendemain de fête n’aura pas un goût de gueule de bois ! mais celui de la joie, la joie profonde, la joie de Dieu, la joie du Sauveur, de l’Emmanuel, Dieu avec nous ! Amen.

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