Haut les mains !

En voilà une drôle d’histoire ! Pour avoir gain de cause auprès du Seigneur, faut-il lui rabâcher notre demande comme cette veuve qui ne cesse d’importuner ce juge ? Dieu n’exaucerai-t-il notre prière que parce qu’il en a marre de nous entendre rabâcher tous les jours la même chose ? Drôle d’image de la paternité de Dieu ! Drôle de compréhension de la beauté de la prière ! Que désire nous dire Jésus par cette parabole ?

Ce n’est pas la personne du juge qu’il faut regarder mais celle de la veuve ! Car si un juge inique, qui n’aime pas la justice, finit par donner gain de cause à cette veuve sûre de la justice de sa cause, combien plus Dieu, qui est juste et bon, exaucera notre prière. Jésus vient nous enseigner « qu’il faut toujours prier sans se décourager. » (Luc 18,1) Que signifie cette persévérance qu’il faut avoir alors que le Seigneur nous exauce « sans tarder » (Luc 18,8) ?

L’attitude de Moïse, dans la première lecture (Exode 17, 8-13), vient nous éclairer. Israël est pris en défaut par ses ennemis héréditaires, les Amalécites. Ces derniers les attaquent par l’arrière et s’en prennent aux plus faibles et aux plus fatigués. Moïse envoie des hommes pour combattre et se met en prière. Pour cela, il prend le bâton de Dieu et lève les bras au ciel. Désigner le bâton de Dieu, c’est invoquer la puissance du Seigneur. Si la bataille doit être menée, elle sera gagné par la puissance de Dieu et non par la seule force des guerriers. Ainsi, chaque fois que Moïse fatigue et baisse les bras, le combat tourne à la faveur des Amalécites. Ce fait illustre que la force et la persévérance de la prière sont la clef de la victoire. Ce fait nous montre comment Moïse exprime sa confiance en Dieu mais aussi la force d’une prière pauvre et simple.

Nous voyons donc, dans la première lecture, comment le Seigneur nous exauce sans délai mais un combat reste à mener. La grâce doit se déployer dans notre humanité et pour cela elle a besoin de temps pour porter son fruit. Nous avons besoin de temps pour découvrir et apprécier son action en nous. La vertu de la prière n’est pas uniquement de nous obtenir la grâce, c’est aussi celle de l’entretenir, de la déployer, de la fortifier en nous.

La parabole de Jésus nous dit avec certitude que Dieu a soucis de ses enfants et qu’il leur donne tout ce dont ils ont besoin. La question que nous pose Jésus est la suivante : « le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur terre ? » (Luc 18,8) Dieu fera justice à ceux qui crient vers lui « jours et nuits » (Luc 18,7). Prier avec persévérance, c’est entretenir en nous la foi !

Une question se pose alors : comment savoir si une prière est juste ? Une prière habillée de cris vers Dieu est vaine si elle n’est pas habitée et motivée par le désir de Dieu. En adressant ma prière à Dieu, je ne cherche pas tant à être exaucé mais à être exaucé par le Père ! Prier, c’est avoir foi en Dieu qui donne. Prier, c’est reconnaître que Dieu seul peut m’exaucer car lui seul peut combler le désir profond de mon cœur.

Comment entretenir cette foi et demeurer ainsi dans la prière ? C’est saint Paul qui nous donne la réponse : nous avons besoin de nourrir et raviver notre foi chaque jour par la méditation de la Parole de Dieu. Seule la Parole peut ressourcer notre désir de Dieu. En elle, tout est contenu : « Tous les passages de l’Écriture sont inspirés par Dieu ; celle-ci est utile pour enseigner, dénoncer le mal, redresser, éduquer dans la justice ; grâce à elle, l’homme de Dieu sera bien armé, il sera pourvu de tout ce qu’il faut pour un bon travail. » (1 Timothée 3, 16-17)

La mission de tout parent qui demande le baptême pour son enfant, mais aussi la mission de tout baptisé, de la communauté chrétienne est donc de préparer le retour du Seigneur en entretenant la foi par la prière, en apprenant à vos enfants le désir de Dieu. Pour cela, il faut vivre avec et de la Parole de Dieu, être fidèle à l’enseignement que nous avons reçu.

Avec une inlassable confiance, que cette Eucharistie nous obtienne la grâce de lever les yeux vers le Seigneur de qui vient notre secours, Lui qui ne dort, ni ne sommeille mais qui se tient près de moi et qui garde ma vie maintenant et à jamais. Amen.

Homélie pour le 29ème dimanche ordinaire – année C
Exode 17,8-13; Psaume 120; 1 Timothée 3,14-4,2; Luc 18,1-8

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.