Les mots du prophète Isaïe : « Voici votre Dieu : c’est la vengeance qui vient, la revanche de Dieu. » (Isaïe 35,4) peuvent nous faire croire que nous nous avons tout à craindre de la venue de Dieu sur terre… Si nous ferons bien l’objet d’un jugement au soir de notre vie, nous n’avons rien à craindre de ce que peut-être la vengeance, la revanche de Dieu car il ne s’agit rien d’autre que de sa miséricorde : « Il vient lui-même et va vous sauver. » (Isaïe 35,4)
Comment verrons-nous les signes du Salut ? Par l’espérance et la joie qui jaillira de la vie de chacun ! Mais n’est-ce pas une utopie ? N’est-ce pas un optimisme vain ? Dans un monde marqué par le chacun pour soi, la violence, la guerre, le consumérisme, la tristesse, la résignation… est-il encore possible d’espérer en la promesse de Dieu ? S’il ouvre les yeux des aveugles, entendre les sourds et bondir les boiteux, comment se fait-il qu’il y ai encore tant de souffrance dans notre monde ?
Même Jean le Baptiste, du fond de sa prison, semble pris par le doute : « Es-tu celui qui doit venir ou devenons en attendre un autre ? » (Matthieu 11,3) Cette question du Batiste vient rejoindre notre interrogation sur l’avenir : comment va se réaliser la promesse de Dieu ? comment vont se réaliser les paroles du prophète Isaïe ?
A cela, Jésus répond : « Allez annoncer à Jean ce que vous voyez et entendez : les aveugles retrouvent la vue, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, et les sourds entendent, les morts ressuscitent, et les pauvres reçoivent la Bonne Nouvelle. » (Matthieu 11,4-5) La promesse de Dieu ne se réalise pas dans un merveilleux extraordinaire, ni dans le mystère d’un ésotérisme magique. Elle se réalise dans une miséricorde ordinaire et dans un mystère de compassion. Oui, la promesse de Dieu se réalise dans un amour vécu et accueilli au quotidien : un amour que je reçois dans la prière et de la part de mon prochain, un amour que je donne au nom du Christ Jésus lui-même. Cette promesse se réalise par tous ceux qui annoncent l’Évangile aux pauvres, par tous ceux qui exercent la charité, la justice et la miséricorde au nom de Dieu, par tous ceux qui se mettent au service des autres sans compter…
Apprendre cela peut exiger de nous la patience, cette patience propre au cultivateur, au jardinier qui « attend les fruits précieux de la terre avec patience… » (Jacques 5,7) N’ayons pas peur de prendre pour « modèles d’endurance et de patience les prophètes qui ont parlé au nom du Seigneur. » (Jacques 5,10) Oui, n’ayons pas peur de prendre pour modèle la figure de tous ces saints qui se sont laissés, jours après jours, habiter par la parole de Dieu et qui l’ont mise en pratique… Ils sont ces messagers qui sont envoyés devant nous pour nous aider à préparer le chemin du Seigneur.
Nous pourrions avoir tendance à limiter la préparation de la venue du Sauveur aux quatre semaines de l’Avent, mais ce chemin que nous empruntons est bien celui de toute notre vie. Comme Jean le Baptiste nous avons peut-être l’impression d’être emprisonner par les soucis de la vie mais réentendons les paroles d’espérance du prophètes Isaïe : « Soyez forts, ne craignez pas. Voici votre Dieu… il vient lui-même vous sauver. » (Isaïe 35,4) Faisons notre les paroles de la prière d’ouverture de cette messe : « Tu le vois, Seigneur, ton peuple se prépare à célébrer la naissance de ton Fils ; dirige notre joie vers la joie d’un si grand mystère : pour que nous fêtions notre salut avec un cœur vraiment nouveau. » (Collecte pour le 3ème dimanche de l’Avent) Et cette joie, puisons-là à la source de l’Eucharistie : « Seigneur notre Dieu, nous attendons de ta miséricorde que cette nourriture prise à ton autel nous empêche de céder à nos penchants mauvais et nous prépare aux fêtes qui approchent. » (Prière postcommunion du 3ème dimanche de l’Avent).