Homélie du 18ème dimanche ordinaire – année B

Jésus, discours sur le pain de Vie – épisode 2 !

Mais comme tout bon feuilleton qui se respecte, commençons par faire une anamnèse ! Oui, commençons par faire mémoire de l’épisode de dimanche dernier. Avec cinq pains d’orge et deux poissons, Jésus a nourri une foule immense. Il y eut même des restes puisque les disciples ramassèrent douze paniers. La foule a reconnu en Jésus le grand Prophète et elle était bien décidée à le faire roi quand Jésus se retira, tout seul, dans la montagne.

Aujourd’hui, nous sommes avec Jésus, ses disciples et la foule dans la synagogue de Capharnaüm, de l’autre côté du lac. Une seule question intéresse la foule : « Rabbi, quand es-tu arrivé ici ? ». La réponse de Jésus est surprenante : «Amen,amen, je vous le dis.» Jésus répond à la manière des prophètes de l’Ancien Testament : «Oracle du Seigneur», «Ainsi parle le Seigneur». Nous pouvons traduire ce début de réponse par : «Attention, ce que j’ai à vous dire est grave, difficile à entendre, mais c’est la vérité!»

Jésus attire l’attention de la foule sur ce qu’elle cherche: à être rassasiée de pain qui nourrit le corps. Il va leur ouvrir l’esprit sur une autre faim, celle d’un pain plus précieux. Souvenons-nous de la parole de Jésus dans l’évangile selon saint Matthieu, citant le Deutéronome : «Ce n’est pas de pain seul que vivra l’homme mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu» (Mt 4,4 ; Dt 8,3). Entendons aussi la phrase du livre de la Sagesse : «Ce n’est pas la production de fruits qui nourrit l’homme, mais bien ta Parole qui fait subsister ceux qui croient en toi» (Sg 16,26). Jésus nous ouvre au mystère de la Révélation. Il nous invite à ne pas rester dans l’immédiat. Il nous invite à ne pas travailler pour la nourriture qui se perd, mais pour la nourriture qui demeure en vie éternelle. Jésus est le pain de la vie. Lui et lui seul peut rassasier toute vie, lui et lui seul peut étancher notre soif d’amour. Par ce discours du pain de vie, Jésus nous provoque à poser un acte de foi.

Désormais, la foi nous dit que nous ne sommes plus abandonnés au désert, attendant que la manne tombe chaque matin. Jésus est le pain de vie. Le Fils de Dieu est venu du ciel pour être au milieu des hommes en une même humanité que chacun de nous. Ce pain venu du ciel n’est pas un pain miraculeux qui ne doit rien à l’homme, comme l’était la manne du désert. De par l’Incarnation, l’Esprit de Dieu, par le Christ, avec Lui et en Lui, donne sa vie d’éternité par cette nourriture, fruit de la terre qu’il a créée, et du travail des hommes que nous sommes.

Les paroles prononcées par le Christ au soir de la Cène : «Prenez et mangez ceci est mon corps.» prennent alors une force nouvelle. Le mystère est désormais au milieu de nous chaque fois qu’un prêtre de l’Eglise étend ses mains sur nos offrandes pour que l’Esprit Saint les sanctifie au Corps et au Sang du Christ.

Oui, il est grand le mystère de la foi … le mystère de cette présence réelle, sur nos autels et dans nos tabernacles, reçue en communion par les hommes qui sont à l’image de Dieu aujourd’hui, et qui seront face à face à Lui dans la présence réelle de son éternité.

Avant de continuer pour les dimanches qui suivent la méditation sur le pain de vie, arrêtons-nous sur notre façon de nous tenir devant la présence réelle de notre Seigneur.

Quels sont les gestes et les attitudes que j’ai face au Seigneur présent dans le tabernacle? Quand je rentre dans l’église, est-ce que je pense à saluer le Christ présent dans le tabernacle par une génuflexion (le fait de poser un genou à terre en signe d’adoration)? Est-ce que ma façon de me vêtir, de me comporter dans l’église honore le Maître des lieux qui est là présent dans le tabernacle?

Quels sont les gestes et les attitudes que j’ai face au Christ présent dans le pain et le vin déposés sur l’autel, qui sont son corps et son sang ? Ai-je vraiment conscience que le Christ lui-même est présent là devant moi ? Suis-je attentif à lui comme je sais être attentif et présent à un être que j’aime?

Quels sont les gestes et les attitudes que j’ai en venant recevoir le Corps du Christ à la communion? Tout d’abord, rappelons-nous cette très belle prière de la bienheureuse Térésa de Calcutta pour les prêtres: «O prêtre de Dieu, célèbre cette messe comme si c’était ta première Messe, ta dernière Messe, ton unique Messe.». Transformons-la ainsi: «O fils de Dieu approche-toi de la table eucharistique comme si c’était ta première communion, ta dernière communion, ton unique communion». C’est une très belle disposition intérieure qui nous permet d’éviter de nous approcher de la sainte communion d’une façon habituelle, sans y faire attention plus que cela. Cette prière m’invite donc au moment de communier, à poser un geste d’adoration soit par une génuflexion, soit par une inclination.

Quel est aussi le sens de mon geste de communion? Notre Sainte Mère l’Eglise, à travers ses règles liturgiques, reconnaît que nous pouvons légitimement avoir des sensibilités différentes et elle admet deux façons de recevoir le Corps du Christ : dans la bouche et dans les mains. Il est important que nous acceptions la façon de faire de l’autre et pour cela que nous nous débarrassions d’idées fausses. La tradition primitive était de recevoir l’Eucharistie dans les mains, cette tradition se perdit par la suite et fut remplacée par la communion dans la bouche qui fut la seule manière de communier pendant des siècles. Les deux façons de faire font donc partie de la tradition de l’Eglise et sont également respectables. Il est simplement important de me demander si le geste que j’ai choisi est beau!

Pour être beau le geste de communion dans la bouche doit demeurer discret.

Pour être beau le geste de communion dans la main doit bien signifier qu’on reçoit et non pas qu’on prend. Il faut tendre les mains, ne pas les garder collées contre votre estomac, je dirais même tendre la main, la main qui reçoit, légèrement incurvée comme un trône ainsi que le spécifie saint Jean Chrysostome. L’autre main, celle avec laquelle vous prenez l’hostie pour la porter à la bouche, est dessous. Certains viennent bien avec les mains tendues, mais il y a déjà les doigts qui sont en position de prendre… prenez le temps de recevoir.

Quel est le geste le plus respectueux? Ni l’un, ni l’autre… si je viens avec des mains sales, ou en prenant le Corps du Christ comme une vulgaire nourriture, il est plus respectueux de communier sur la langue. Mais il est aussi faux de prétendre que recevoir Jésus sur la langue est plus respectueux que de le recevoir dans les mains. La langue n’est pas un organe plus pur que les mains… Si on en doutait il suffirait de relire l’épître de saint Jacques qui souligne que nous n’avons rien de plus dangereux que notre langue.

A l’occasion de la méditation de chapitre 6 de l’évangile selon saint Jean, il me paraissait important de faire cette catéchèse sur mon attitude devant la Présence Réelle de Notre Seigneur dans l’Eucharistie. Dans quinze jours nous méditerons sur le sens de la communion eucharistique. Amen.

0 réflexion sur “Homélie du 18ème dimanche ordinaire – année B”

  1. Bonsoir Yves

    Présent à la messe de dimanche, j’ai trouvé ton homélie excellente, et comme tu l’as dit, une cathéchése, que j’ai trouvé claire au sujet de l’importance du geste de communion. Les exemples que tu as donnés sont ceux qui existent dans toutes les paroisses. Même à ceux qui font “attention”, il est important de répéter que Jésus est là présent dans l’hostie. Je me souviens d’un article lu dans une revue catholique où il était écrit (de mémoire) que lors de l’élévation, une “multitude” d’anges louaient Dieu autour de l’autel, je les imagine souvent sans les voir….Quelle chance nous avons de participer à la messe.
    Excellente ton idée de mettre tes homélies en ligne. Lors des prochaines semaines, parti en vacances, je lirai les “épisodes” suivants sur le net.

    A bientôt

    Patrick

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