Homélie pour la Toussaint

En ce jour, nous sommes rassemblés pour fêter ensemble l’immense cortège de tous les saints connus ou inconnus. Cette fête de la Toussaint nous rappelle également que chacun de nous a reçu, par son baptême, cet appel à la sainteté. La sainteté n’est pas l’apanage de quelques privilégiés qui auraient accomplis des choses extraordinaires. Non, la sainteté est la vocation commune de tous les baptisés ! C’est une nécessité pour nous de répondre à cet appel de Dieu. Oui, mais comment ?

Saint Jean, dans la deuxième lecture que nous venons d’entendre, nous dit : « Voyez quel grand amour nous a donné le Père pour que nous soyons appelés enfants de Dieu. » (1 Jean 3,1) Avant toute chose, un amour nous est donné : celui du Père et cet amour fait de nous ses enfants. Et comme le dit le dicton : « Tel père, tel fils ! » or, le Père lui-même nous dit : « Soyez saints, car moi, le Seigneur votre Dieu, je suis saint. » (Lévitique 19,2) Ainsi, « la sainteté, la plénitude de la vie chrétienne ne consiste pas à accomplir des entreprises extraordinaires, mais à s’unir au Christ, à vivre ses mystères, à faire notre ses attitudes, ses pensées, ses comportements. » (Benoit XVI) La sainteté n’est donc pas hors de notre portée : il suffit de vivre les yeux fixés sur Jésus Christ. Tel est le combat de notre vie ! C’est un combat car il nous faut lutter contre nos pauvretés humaines, contre le péché qui entrave notre marche. Ils ont appris en toute chose à se laisser envahir, habiter par la miséricorde de Dieu. Le Saint est un pécheur qui se sait pardonné et qui éprouve la miséricorde de Dieu.

En fêtant tous les Saints, nous implorons la prière de celles et ceux qui ont gagné ce combat ; de celles et ceux qui ont appris, jour après jour, à se laisser habiter par la présence du Christ, à se laisser aimer par Dieu tels qu’ils sont et à aimer toujours plus à la manière Christ. Ils se sont laisser habiter, conduire par l’Esprit-Saint. Ils sont entrés, jour après jour, dans une intimité plus grande avec Dieu. Avec le secours de leur prière, en méditant sur leur vie, nous trouverons le chemin de notre sainteté, nous trouverons le chemin par lequel Dieu nous invite à la plénitude de la joie. Mais ce chemin a une particularité commune à tous, il passe par les Béatitudes.

« Heureux les pauvres de cœur car le Royaume des Cieux est à eux. » (Matthieu 5,3) : heureux celui qui a le cœur dépouillé et libre des choses de ce monde, il est attendu au Royaume des Cieux.

« Heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés. » (Matthieu 5,4) : heureux celui qui a déjà éprouvé tristesse, angoisse et douleur, il connaît la force de la consolation. Heureux celui qui est capable de se laisser émouvoir, heureux celui qui a la capacité de sentir dans son cœur la douleur qu’il y a dans sa vie et dans la vie des autres, il connaîtra la tendresse et la consolation de Dieu.

« Heureux les doux… » (Matthieu 5,5) Combien d’exigences avons-nous vis-à-vis des autres et quand celles-ci nous touchent, nous devenons impatients et nous lamentons en pensant que nous sommes les maîtres du monde alors que nous sommes enfants de Dieu. Regardons alors le Christ qui a parcouru la voie de la douceur et de la patience, lui qui a supporté persécution et exil, calomnies et fausses accusations… et qui, par amour pour nous, à même supporté La Croix !

« Heureux les miséricordieux car ils obtiendront miséricorde. » (Matthieu 5,7) Heureux ceux qui savent pardonner et se laisser pardonner. Heureux celui qui a de la miséricorde pour les autres et pour lui-même car il ne juge pas tout et tout le monde mais il sait avoir un cœur compatissant, il sait se mettre à la place des autres… Il sait ce que pardonner veut dire.

Oui, la voie de la sainteté passe par chacune des béatitudes. C’est la voie du bonheur lui-même. Cette voie, Jésus l’a parcourue. Il est la voie du bonheur. Celui qui marche avec le Christ entre avec lui dans la vie éternelle.

En fêtant tous les Saints du ciel, souvenons-nous que c’est aussi notre vocation. Ce n’est pas de l’orgueil que de vouloir devenir saint. C’est répondre à l’appel de Dieu, c’est oser prier : « que ta volonté soit faite. » Les saints ont eu la grâce d’être des personnes simples et humbles, la grâce de savoir pleurer, la grâce d’être doux, la grâce d’œuvrer pour le justice et la paix, la grâce de se laisser pardonner par Dieu et de devenir des instruments de sa miséricorde. À leur suite, demandons avec confiance cette même grâce au Seigneur. Demandons à nos frères et sœurs du ciel, qui nous accompagnent pendant notre pèlerinage terrestre, de nous obtenir cette grâce. Amen.

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