Voilà deux veuves qui nous offrent une belle leçon de confiance en Dieu. Tel est le trésor de la Parole de Dieu proclamée ce dimanche. Pourquoi donc ? Pour bien comprendre en quoi ces veuves sont un modèle de confiance en Dieu, il est nécessaire de savoir qu’à l’époque celles-ci n’avaient pas le droit de jouir de l’héritage de leur mari. Leur sort dépendait de la charité publique. Voilà pourquoi la loi insiste beaucoup sur l’assistance que l’on doit aux veuves et aux orphelins.
Dans la première lecture (1er livre des Rois 17,10-16), le prophète Elie, pourchassé de chez lui en raison de sa fidélité à Dieu, se retrouve à devoir mendier pour vivre. Il s’adresse alors à cette inconnue qui lui répond qu’elle a juste une poignée de farine et un peu d’huile, ses dernières provisions pour un dernier repas. C’est alors que nous contemplons la confiance : celle du prophète Elie, et celle de la veuve.
Elie, confiant dans la Parole de Dieu : « Jarre de farine point ne s’épuisera, vase d’huile point ne se videra, jusqu’au jour où le Seigneur donnera la pluie pour arroser la terre. » (1 Rois 17,14) invite la pauvre veuve à lui préparer le repas ainsi que pour elle et son fils. Elie fait confiance dans la Parole de Dieu. Il fait confiance totalement à Dieu. Et la veuve à son tour, fait confiance à Elie, l’homme de Dieu. Et Dieu a subvenu à leurs besoins jusqu’à la fin de la sécheresse.
Dans l’Évangile, la veuve que Jésus contemple offre également tout ce qui est son nécessaire pour vivre : « deux petites pièces de monnaie. » (Marc 12,42) Elle aurait pu garder pour elle ce nécessaire mais elle préfère l’offrir à Dieu.
Quel enseignement retenir de l’attitude de ces deux veuves ? Celui de la confiance en la Providence divine. Elles se remettent totalement à Dieu qui, dans sa sagesse et son amour, conduit toutes les créatures jusqu’à leur fin ultime. Nous pouvons réentendre les paroles de Jésus en saint Matthieu : « votre Père céleste sait que vous en avez besoin. Cherchez d’abord le royaume de Dieu et sa justice, et tout cela vous sera donné par surcroît. Ne vous faites pas de soucis pour demain : demain aura souci de lui-même ; à chaque jour suffit sa peine. » (Matthieu 6,32-34) ou encore entendre saint Pierre nous dire : « Déchargez-vous sur lui de tous vos soucis, puisqu’il prend soin de vous. » (1 Pierre 5,7)
Ces deux veuves nous entraînent sur ce chemin de l’abandon. Elles auraient pu, et principalement celle de l’évangile, partager avec Dieu : une piécette pour Dieu et une pour elle. Elle choisit de tout donner : « elle a mis tout ce qu’elle possédait, tout ce qu’elle avait pour vivre. » (Marc 12,44) Le don de ces deux veuves peut nous paraître excessif car nous ne nous sentons pas capable d’en faire autant : donner oui, mais pas tout ! Mais suis-je capable de donner de mon nécessaire ? À mes frères ou à Dieu lui-même ! Suis-je capable d’offrir à Dieu tout ou partie de ma journée et notamment les plus féconds ? Suis-je capable à tout instant du jour de me tenir dans une véritable disponibilité de cœur pour répondre à celui ou celle qui vient solliciter mon écoute, mon attention ?
Pour entrer dans la dynamique du don de ces deux veuves, nous avons de la chance car nous pouvons contempler celui qui a fait le don ultime de lui-même par amour pour Dieu, pour son Père : Jésus lui-même. Il a offert sa vie en sacrifice pour nous, en se remettant totalement entre les mains du Père. C’est ce sacrifice qui nous rassemble ce matin. Ce don, cette offrande de Jésus est la source de notre vie aujourd’hui. Cette offrande, nous sommes invités à nous y unir à chaque fois que nous célébrons la messe : je suis invité à faire mienne cette offrande de l’Eucharistie. Le don total de moi-même se fait dans l’union au don total de Jésus célébré au cœur de la messe. Telle est ma participation active à l’Eucharistie : faire mienne toutes les paroles qui y sont prononcés afin que ma propre vie soit une offrande totale à Dieu. Amen.