Aujourd’hui, nous faisons mémoire du dernier repas de Jésus avec ses disciples. Lors de ce repas, Jésus institue l’Eucharistie et lave les pieds de ses Apôtres. Par ces deux actes forts, Jésus nous révèle quelque chose de fort sur la miséricorde : celle-ci est reçue comme un don gratuit et elle se vit de façon concrète vis-à-vis de notre prochain.
La miséricorde est un don gratuit : c’est ce que nous révèle l’Eucharistie instituée par Jésus en ce Jeudi Saint. Par cet acte fort, Jésus nous fait entrer dans ce qui est le point culminant de son incarnation : sa mort et sa résurrection. Tout au long de sa vie terrestre, par ses paroles et ses actes, il nous a dit l’amour gratuit du Père pour nous. Aujourd’hui, il donne sa vie pour la rémission de nos péchés : il donne sa vie sur la croix mais il nous la donne aussi en nourriture dans le pain et le vin, qui, une fois consacrés, deviennent son Corps et son Sang.
En participant à toute l’Eucharistie, et pas uniquement dans le geste de la Sainte Communion, je suis plongé dans la Divine Miséricorde, je suis plongé dans cet océan d’amour qui coule du cœur de Dieu. La seule chose que j’ai à faire est de me livrer totalement à ce don qui m’est fait en m’associant entièrement à chacune des paroles prononcées lors de la messe. Telle est notre participation à l’Eucharistie : faire mienne chacune des paroles, chacune des prières pour en recueillir la substantifique moelle de la miséricorde offerte.
La miséricorde est aussi le moteur de la vie et de l’agir du baptisé. Jésus, le maître et Seigneur, s’est agenouillé aux pieds de ses disciples pour leur laver les pieds. Ayant accompli ce geste, Jésus a dit : « Si donc moi, le Seigneur et le Maître, je vous ai lavé les pieds, vous aussi, vous devez vous laver les pieds les uns aux autres. C’est un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez, vous aussi, comme j’ai fait pour vous. » (Jean 13,14-15) « De cette manière, il nous a indiqué que le service est le chemin à parcourir pour vivre la foi en lui et témoigner de son amour. Il a aussi voulu révéler au monde la façon d’agir de Dieu à notre égard et donner l’exemple de son commandement nouveau de nous aimer les uns les autres, comme il nous a aimés. L’amour est le service concret que nous nous rendons les uns aux autres. Il s’exprime dans le partage des dons que le Saint-Esprit nous a faits pour la croissance de la communauté, et aussi dans celui des biens matériels avec ceux qui sont dans le besoin. » (Pape François, Audience Jubilaire du 12 mars 2016)
Ce geste, je vais le refaire pour douze d’entre vous. Ceux qui ont été appelés pour vivre ce geste représente un éventail de la communauté chrétienne par l’âge, l’engagement, le service… Mais c’est bien aux pieds de chacun que votre curé s’agenouille, se rappelant qu’il est appelé au service de tous. Ce geste me rappelle et me renouvelle dans le cœur de ma mission mais il est aussi un appel pour chacun à se laisser toucher par le Christ et à accueillir son appel à faire, nous aussi, œuvre de miséricorde.
Qu’elles sont les œuvres de miséricorde que nous sommes appelés à vivre ? Elles sont de deux catégories nous rappelle l’enseignement de l’Eglise : les corporelles et les spirituelles. Dans les premières nous trouvons : donner à manger aux affamés, donner à boire à ceux qui ont soif, vêtir ceux qui sont nus, accueillir les étrangers, assister les malades, visiter les prisonniers, ensevelir les morts. Les œuvres de miséricorde spirituelle sont : conseiller ceux qui sont dans le doute, enseigner les ignorants, avertir les pécheurs, consoler les affligés, pardonner les offenses, supporter patiemment les personnes ennuyeuses, prier Dieu pour les vivants et les morts.
En ce Jeudi Saint, alors que nous faisons mémoire du dernier repas du Christ avec ses disciples et que nous vivons le premier des offices du Triduum Pascal, contemplons en Jésus Christ la miséricorde du Père et demandons lui de pouvoir l’accueillir et la vivre d’un cœur sincère et renouvelé.