Homélie pour le Vendredi Saint

Ce soir, dans le dépouillement de la célébration de la Croix, nous venons, une fois encore contempler la miséricorde de Dieu. Comment pouvons-nous voir la miséricorde au travers de Jésus mort sur la croix ?

Une foule anonyme réclame le lynchage et la condamnation à mort de cet homme nommé Jésus. Cet homme dérange par ses paroles et ses actes : il appelle à aimer l’autre d’un amour véritable qui respecte fondamentalement sa dignité humaine ; il rappelle sans cesse les droits de Dieu et nos devoirs vis-à-vis de ce Père qui nous aime avec tendresse. La foule réclame sa mise à mort sans trop se soucier véritablement de qui est cet homme… Quelques-uns ont décrété qu’il devait mourir, cela suffit à l’ensemble de la foule pour déverser sur lui la haine même si au fond, il y a quelque chose de gênant dans la situation… mais à quoi bon se remettre en cause ? Cette foule est celle de l’an 33 de notre ère… mais aussi celle que nous sommes aujourd’hui…

Ne croyons pas que ce soir nous sommes venus compatir avec le Christ. Ne croyons pas que nous sommes venus le consoler… peu ont été là au jour de sa condamnation et de sa mort, alors il n’en a pas plus besoin aujourd’hui.

Ce soir, nous sommes là, solidaire du péché de l’humanité, solidaire de l’indifférence dans laquelle tant d’innocents, aujourd’hui encore, sont condamnés : des enfants profanés dans le sanctuaire de leur corps ; des hommes et des femmes obligés de fuir face à la violence qui règne dans leur pays et que personne ne veut accueillir ; de celles et ceux qui sont violés dans leur dignité humaine à leur conception ou dans leur fin de vie… Ils sont là, innocents, condamnés à mort.

Bien sur, en venant ce soir, nous n’avions pas l’intention de condamner, de mettre à mort. Non ! Notre responsabilité, en venant ce soir, est celle de la conversion ! de notre conversion ! En venant vénérer la Croix, je marque mon désir d’accueillir la miséricorde que nous offre le Père par la mort de son Fils, car « c’étaient nos souffrances qu’il portait, nos douleurs dont il était chargé. » (Isaïe 53,4) Impliqués dans la mort du Christ, nous venons, humblement, reconnaître que « c’est pour nous que le Christ a souffert. » (1 Pierre 2,21) Le baiser que nous porterons, dans quelques instants, sur la croix exprime notre désir d’ouvrir notre cœur pour que la lumière de Dieu s’y engouffre. Présentons-nous à lui avec tous nos fardeaux et nos péchés, déposons au pied de la croix ce qui nous empêche d’accueillir et de vivre pleinement de son amour. Faisons-le pour nous-mêmes mais aussi pour tous ceux qui ne connaissent ou ne reconnaissent pas le Christ. Qu’ils puissent être aussi touchés, bouleversés par la miséricorde de Dieu. Amen.

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