Humilité, humilité… est-ce que j’ai une gueule d’humilité ?

Ai-je bien entendu? Le prophète Sophonie nous a bien dit de chercher l’humilité? Quelqu’un a-t-il songé à dire à ce monsieur Sophonie que l’humilité est has-been? C’est de la folie de vouloir chercher à vivre ce truc ! L’humilité est folie aux yeux des hommes ! En effet la sagesse humaine nous dit que le bonheur consiste à posséder, à jouir de tous les plaisirs sans s’inquiéter des autres, à être admiré, à dominer mais aussi à éviter la faiblesse, la vieillesse, la maladie… Mais dans ce cas, le bonheur dépend de circonstances extérieures et il est une question de chance.

Folie aux yeux des hommes, l’humilité est sagesse aux yeux de Dieu : sinon pourquoi l’apôtre Paul, s’adressant au peuple de Corinthe, viendrait nous rappeler que Dieu a choisi dans le monde ce qu’il y a de fou, de faible, ce qui est d’origine modeste, méprisé, ce qui n’est rien, pour se révéler ? Et pourquoi Jésus nous proposerait-il de vivre les béatitudes en faisant l’éloge des pauvres de cœur, des doux, de ceux qui pleurent, des miséricordieux, des cœurs purs… ?

Alors comment entendre cet appel à l’humilité qui nous est adressé dans les lectures de ce dimanche… comme dans d’autres textes de la Parole de Dieu d’ailleurs!

L’humilité est la caractéristique propre de Dieu. Pour nous en convaincre, nous pouvons réentendre saint Paul aux Philippiens (2, 5-8) : «Ayez entre vous les mêmes sentiments qui sont dans le Christ Jésus : Lui, de condition divine, ne retient pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. Mais il s’anéantit lui-même, prenant condition d’esclave, et devenant semblable aux hommes. S’étant comporté comme un homme, il s’humilia plus encore, obéissant jusqu’à la mort, et à la mort sur une croix!»

Dieu se fait homme en Jésus. Par son Incarnation, Jésus nous pousse à contempler avec vénération ses gestes, ses actions, ses paroles. Il nous invite aussi à entrer dans l’intimité de son amour, dans la dynamique de la sainteté.

Paul nous dit d’avoir les mêmes sentiments qui sont dans le Christ Jésus. La vie chrétienne consiste à nous identifier au Christ. C’est dans la mesure où nous sommes unis au Christ que nous sommes introduit dans la communion avec le Dieu vivant. Introduit dans cette communion, nous devenons capables d’aimer les autres de ce même amour. Être humble comme le Christ l’a été signifie servir tout le monde, en faisant mourir le vieil homme, les tendances que le péché originel a troublées dans notre nature.

Être humble comme le Christ l’a été signifie se présenter devant Dieu tel que nous sommes. La personne humble a une grande joie, la vraie joie quand elle se trouve confrontée à la gloire de Dieu. En se plaçant devant Dieu, la personne humble découvre sa finitude et sa petitesse ; mais sa condition de créature, loin d’être une occasion de tristesse ou de désespérance, est une source de joie intime. L’humilité est une lumière qui fait découvrir à l’homme la grandeur de son identité, en tant qu’être personnel capable de dialoguer avec le Créateur et d’accepter avec une totale liberté sa dépendance par rapport à lui.

Être humble comme le Christ, c’est expérimenter une plénitude intérieure dans une relation personnel avec Dieu qui nous a créés, qui nous maintient dans l’existence et se révèle à nous avec un visage humain en Jésus Christ. L’humble ne s’arrête pas à juger si il est trop peu de chose pour atteindre la sainteté. Il lui suffit d’entre l’appel de Dieu, tout déconcertant qu’il soit, à entrer en communication avec lui pour l’accepter avec joie.

Puissions-nous, comme les saints, lutter pour être vraiment humbles, et acquérir une personnalité qui attire les autres. Le saint, et donc l’humble, par son comportement habituel, réussit à créer autour de lui un havre de paix et de joie, parce qu’il reconnait la valeur des autres. Il les apprécie vraiment et, par conséquent, dans sa conversation, dans sa vie de famille ou dans la fréquentation de ses collègues et amis, il sait comprendre et excuser ; il est animé du désir d’aider et d’être en bonne entente avec tous : il est capable de reconnaître ce qu’il doit à ceux qui l’entourent, sans prétendre avoir des droits ni en réclamer. Auprès de lui, en définitive, on palpe l’amour de Dieu qui anime sa vie : on s’y trouve en confiance, on ne se sent pas jugé, mais aimé.

Au cœur même de cette Eucharistie, demandons les uns pour les autres la grâce de l’humilité afin d’être de véritables témoins du Christ. Amen.

Homélie pour le 4ème dimanche du Temps Ordinaire – Année A

Sophonie 2,3;3,12-13 – Psaume 145 – 1 Corinthiens 1,26-31 – Matthieu 5,1-12a

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