« Je me lèverai, j’irai vers mon père… »(Luc 15,18)

4ème dimanche de Carême

Année C

La Parole de Dieu :

C’est la crise ! Oui, c’est la crise au sein de cette famille où la fraternité ne semble plus pouvoir être vécue. « Un homme avait deux fils… »(Luc 15,3) et l’un des deux veut recevoir sa part d’héritage afin de pouvoir prendre le large. Il veut couper son lien de filiation. Il veut être libre ! L’autre fils semble fidèle. Il reste auprès de son père.

La fraternité est un véritable défi car elle se reçoit. Elle s’accueille. Je ne choisis pas mes frères contrairement à mes amis. Il y a quelque chose de naturel dans la fraternité et pourtant, si je ne fais pas l’effort de l’accueillir, je risque fort de me trouver dans la situation de l’un des deux fils de la parabole. Soit j’adopte l’attitude du cadet et demande ma part d’héritage afin de prendre le large, soit je suis comme le fils ainé : je reste mais je ne fais pas mienne la relation filiale et donc fraternelle que j’ai à construire. Je la subis et je me trouve alors prisonnier de ce que je crois être une relation filiale et donc d’une fraternité qui ne peut pas être vécue.

Trop de liberté ou pas assez de liberté ? Une liberté mal vécue car elle ne relève pas d’un choix : choisir d’être fils et donc choisir d’être frère. Voilà un des enjeux de cette parabole.

Le fils cadet, au plus profond de sa chute, de sa ruine, prend conscience de ce lien de filiation qu’il a abimé, cassé. En rentrant en lui-même (Cf. Luc 15,17), ce fils découvre que s’il a cassé ce lien de filiation et sa capacité à être frère, son père n’a pas cessé d’être père. Le père ne cesse pas d’engendrer son fils et donc la capacité de celui-ci à être frère. C’est ainsi que le cadet s’écrie : « Je me lèverai, j’irai vers mon père… »(Luc 15,18)

Par ce cri, il reconnait qu’il ne se reçoit pas de lui-même mais de celui qui l’a engendré et il accepte cet engendrement. Il s’accueille comme fils et donc comme frère. L’accueil que lui réserve son père le remet totalement dans ce lien de filiation et le restaure dans sa capacité à être frère.

Le fils ainé, resté fidèle au poste, n’a pas accueilli et fait sienne sa relation filiale et donc sa capacité à être frère. Il ne se sent pas fils mais serviteur : « Il y a tant d’années que je suis à ton service sans avoir jamais transgressé tes ordres. »(Luc 15,29) dit-il à son père. Se laisser engendrer par son père, c’est se rendre capable d’une relation libre et vivante. C’est se rendre capable de dialogue et de connaitre, de naitre avec. Dans la mesure où j’apprends à me laisser engendrer, à naitre avec, je peux entrer également dans une relation fraternelle avec celles et ceux qui ont été engendrés de ce même père. Le fils ainé ne se sent pas capable d’entrer dans cette relation et pourtant, tout comme pour l’autre fils, son père ne cesse d’être père et de l’engendrer, de lui donner vie.

Dans cette parabole, Jésus vient nous interroger sur notre volonté à vouloir nous laisser accueillir comme fils et filles de de Dieu, comme frères et sœurs. Cela ne va pas de soi et en fonction de nos histoires personnelles, c’est plus ou moins facile. Alors comment faire pour choisir, pour naitre à une véritable relation fraternelle ? Écoutons et regardons le père de cette parabole. Il n’a qu’un désir : que nous soyons vivant ! Pour cela, nous devons apprendre à le laisser nous donner la vie, à le laisser soigner ce qui est blessé en nous et à accepter son invitation à sa table…

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