Bonne nouvelle ! Jésus assure le service après-vente ! Et oui, alors que ce pauvre aveugle de naissance se trouve mis au rencart de la société car il porte en lui un vice qui s’appelle le péché, Jésus passe, le voit et lui donne la vue. Il répare ce qui est défaillant ! Jésus répare, Jésus remplace… et même à domicile !
Cette rencontre du Christ avec l’aveugle-né se passe comme une valse… en trois temps ! Mais avant tout, cette rencontre se fait par l’intermédiaire des disciples qui, en demandant à Jésus qui a péché, lui ou ses parents, pour qu’il soit aveugle, font que Jésus s’arrête et intercède pour cet homme. Cette question peut nous paraître étrange, mais à l’époque, la croyance voulait qu’un handicap ou une catastrophe soit la conséquence, la punition d’une faute commise par la victime ou ses parents. Jésus va nous révéler qu’il n’en est pas ainsi.
Mais revenons à notre rencontre. Dans un premier temps, Jésus avec de la salive et un peu de terre fait de la boue qu’il applique sur les yeux de l’aveugle. Il opère ainsi une véritable recréation. « Le Seigneur Dieu prit de la poussière du sol et en façonna un être humain » lisons-nous dans le livre de la Genèse (2,7). Le deuxième temps de la rencontre se passe par l’obéissance de l’aveugle qui va se laver dans la piscine de Siloé, qui signifie « envoyé ». L’aveugle est envoyé et il accomplit la mission confiée. C’est dans l’accomplissement de la mission, le fait de se laver qu’il est guérit. Dans cette plongée dans l’eau, notre homme est illuminé par le Christ comme nous le sommes dans la plongée des eaux du baptême. Cette illumination sera renforcée par le troisième temps de la rencontre : dans une deuxième rencontre, Jésus ouvre son interlocuteur à la lumière de la foi. Il le fait passer du Jésus prophète au Jésus, Fils de Dieu. En retrouvant la vue, notre homme vit une véritable rencontre avec le Christ.
Notons que pendant ce temps-là, les pharisiens s’enferment dans une véritable cécité. Ils refusent de voir le miracle, ils refusent d’accueillir ce qui se donne à voir : la guérison de l’aveugle. En refusant de croire, ils refusent de voir !
Par ce geste, Jésus éclaire ce qu’il dit à ses disciples au début du passage de l’évangile de ce dimanche : « Je suis la lumière du monde » (Jn 9,5). Il vient confirmer ce qu’il a dit un peu plus tôt, au chapitre 8 : « Je suis la lumière de monde. Celui qui me suit aura la lumière de la vie et ne sera plus jamais dans l’obscurité » (Jn 8,12). C’est bien ce que dit saint Paul aux Ephésiens : « autrefois, vous n’étiez que ténèbres ; maintenant, dans le Seigneur, vous êtes devenus lumière » (Ep 5,8)
Une question se pose à nous : Jésus est-il bien la lumière de ma vie ? Est-ce bien avec lui que je cherche à éclairer chaque instant de ma vie ? Chacune de mes décisions ? Chacun de mes actes ?
Jésus n’est pas une lumière statique qui attire les papillons qui deviennent alors incapables de voir ailleurs. Jésus est comme la lumière du phare qui indique la route, qui m’aide à garder le cap afin que je n’ailles pas m’échouer. Il est la lumière qui me guide pour arriver au port : au face à face avec Dieu.
Mais Jésus n’est pas qu’une lumière extérieure. Il est aussi cette lumière intérieure qui brille au fond de moi. Au baptême, nous avons, ou nous allons, être illuminés par cette lumière du Christ. Lumière qui me guérit de l’aveuglement du péché et qui m’invite à devenir un être de lumière. « Être lumière », ce n’est pas être éclairé par une source extérieure mais c’est vivre une transformation profonde, intérieurement. Depuis mon baptême, je suis une lampe qui désormais possède, grâce au Seigneur qui en est la source, la force et le pouvoir de luire et d’éclairer de la lumière même du Christ.
Alors, je peux simplement, dans le silence, m’interroger : est-ce que le Christ est vraiment la lumière de ma vie ? Ai-je à cœur de porter cette lumière en moi ou suis-je aveuglé par mon péché ? Vais-je oser me laisser toucher par le Christ dans le sacrement de la réconciliation pour qu’il me donne la vue ?
Pour être lumière du Christ, ai-je à cœur de me laisser éclairer par lui dans le cœur à cœur de la prière ? Ai-je à cœur de le laisser éclairer les ténèbres de ma vie, les recoins obscurs de mon cœur ? Car c’est ainsi que tous mes actes, tous mes engagements seront lumière du Christ pour le monde… c’est ainsi, que je deviendrais, comme l’aveugle-né de l’Évangile, témoin du Christ en paroles et en actes. Amen.
Homélie pour le 4ème dimanche de Carême – Année A
Dimanche de Laetare – les lectures, c’est ici !