Ce qui est bien avec Jésus, c’est qu’il nous fait voyager. La semaine passée, nous avons l’ accompagné au désert. Cette semaine, avec Pierre, Jacques et Jean, Jésus nous emmène à l’écart, «sur la montagne pour prier». (Luc 9,28). Vu la température ambiante de ce dimanche, je suis sur d’un chose: vous ne vous endormirez pas comme les Apôtres!
L’évènement mystérieux de la Transfiguration suit la profession de foi de Pierre. Il est aussi encadré par deux annonces de la Passion. Et il couronne également la vie de prière de Jésus. C’est lors de sa prière que Jésus se trouve transfiguré devant les trois disciples présents.
Dans la prière, Jésus est en profonde communion avec son Père et c’est sous l’effet de cette communion que «son visage apparut tout autre, ses vêtements devinrent d’une blancheur éclatante.» (Luc 9,29) C’est l’ouverture de son coeur et de son esprit à son Père qui rend possible cette transformation du visage et de la personne de Jésus.
Dans notre itinéraire de Carême, la Transfiguration apparait comme une anticipation de la gloire de Pâques. Elle donne à notre parcours de pénitence la certitude d’un objectif de gloire et de lumière au milieu des épreuves qui constellent notre vie. Pour comprendre véritablement cet évènement, il nous faut nous aussi entrer dans la prière, entrer dans cette communion profonde avec le Père. La prière est une rencontre transfigurante!
La prière est relation. Elle est une relation avec Dieu lui-même et elle nous apprend à avoir un regard différent sur la réalité. Nous apprenons à voir la réalité avec le regard même de Dieu. Ce regard ne s’arrête pas aux ténèbres du monde mais il est un regard de lumière qui donne sens aux événements.
Une homélie du cinquième siècle nous dit: «Le bien suprême, c’est la prière, l’entretien familier avec Dieu. Elle est communication avec Dieu et union avec lui. De même que les yeux du corps sont éclairés quand ils voient la lumière, ainsi l’âme tendue vers Dieu est illuminée par son inexprimable lumière. (…) La prière est la lumière de l’âme, la vraie connaissance de Dieu, la médiatrice entre Dieu et les hommes.»
Comme le découvre les Apôtres, cette prière avec le Christ doit être vécue en compagnie de Moïse et d’Elie, ancrée sur la loi et les prophètes. La prière tire sa force, sa lumière de la méditation, de la rumination de la Parole de Dieu. La Parole de Dieu, le Verbe de Dieu est le Christ lui-même, le Fils du Père, celui qu’il nous faut écouter.
La prière nous permet de déployer en notre vie l’illumination déjà reçue par le baptême, l’onction de la confirmation et le pain vivant de l’Eucharistie. Ces trois sacrements de l’initiation chrétienne font de nous des «citoyens des cieux» (Saint Paul aux Philippiens 3,20) et «c’est à ce titre que nous attendons comme sauveur le Seigneur Jésus Christ lui qui transformera nos pauvres corps à l’image de son corps glorieux.» (Philippiens 3,20-21)
Puissions-nous demander au Seigneur, en ce temps de Carême, la grâce de la fidélité à la prière afin de vivre une intimité de plus en plus grande avec le Christ afin qu’il illumine, transfigure notre vie. Avec une inlassable fidélité, montons chaque dimanche à la montagne de l’Eucharistie. Jésus y est la lumière qui éclaire notre chemin en nous donnant sa Parole et son Corps. Mais c’est aussi notre vie qui devient différente parce qu’elle est alors transfigurée par la gloire du Seigneur ressuscité. Amen.
Homélie pour le deuxième dimanche de Carême – Année C