Lors de notre dernière rencontre, nous avons essayé d’approfondir ensemble: «Dieu, Père, Tout-Puissant et Créateur». Dans notre catéchèse de ce soir, nous allons nous arrêter sur la deuxième personne de la Sainte Trinité: Jésus, Christ, Fils de Dieu.
Commençons par relire ce que nous en professons dans le Symbole des Apôtres:
«Je crois en Dieu (…) Et en Jésus-Christ, son fils unique, notre Seigneur, qui a été conçu du Saint Esprit, est né de la Vierge Marie, a souffert sous Ponce Pilate, a été crucifié, est mort et a été enseveli, est descendu aux enfers, le troisième jour, est ressuscité des morts, est monté aux cieux, est assis à la droite de Dieu le Père tout-puissant, d’où il viendra juger les vivants et les morts.»
Les premiers mots de l’Évangile selon saint Marc sont les suivants:
«Commencement de la Bonne Nouvelle de Jésus, Christ, Fils de Dieu.» (Marc 1,1)
Marc utilise deux titres différents pour nous parler de Jésus. Il est Christ et Fils de Dieu. Le plan de mon exposé sera donc en trois parties: Jésus – Christ – Fils de Dieu.
1- Jésus
Jésus est né à Bethléem (Luc 2,1-7). Il a passé son enfance à Nazareth. Il a exercé le métier de charpentier, comme Joseph. C’est ce que dit saint Marc, au chapitre six de son évangile:
«Jésus vient dans sa patrie et ses disciples le suivent. Le jour du sabbat, il se mit à enseigner dans la synagogue. Frappés d’étonnement, de nombreux auditeurs disaient: «D’où cela lui vient-il? Et quelle est cette sagesse qui lui a été donnée, si bien que même des miracles se font par ses mains?» N’est-ce pas le charpentier, le fils de Marie et le frère de Jacques, de José, de Jude et de Simon? Et ses soeurs ne sont-elles pas ici chez nous?»» (Marc 6,1-3)
Nous ne savons rien de sa petite enfance jusqu’aux premières années de son âge adulte, excepté l’épisode dans le Temple de Jérusalem, au milieu des docteurs de la loi, à l’âge de douze ans. (Luc 2,41-52)
Le Compendium (Abrégé) du Catéchisme de l’Église Catholique, nous dit, à la question 104:
«Durant la vie cachée à Nazareth, Jésus reste dans le silence d’une existence ordinaire. Il nous permet ainsi d’être en communion avec lui dans la sainteté d’une vie quotidienne faite de prière, de simplicité, de labeur, d’amour familial. Sa soumission à Marie et à Joseph, son père putatif, est une image de son obéissance filiale à son Père. Avec leur foi, Marie et Joseph accueillent le mystère de Jésus, bien qu’ils ne le comprennent pas toujours.»
Dans les villages de Galilée, la langue parlée était l’araméen. Il devait aussi connaitre l’hébreu, langue dans laquelle on lisait les livres saints au cours des offices à la synagogue. Certainement, devait-il savoir tenir une conversation en grec, anglais de l’époque, avec les soldats et les fonctionnaires romains. Il savait lire: la liturgie de la synagogue l’exigeait. Concernant l’écriture, nous savons juste que «Jésus se baissa et se mit à écrire avec le doigt sur le sol.» (Jean 8,6)
Nous ne savons rien sur son aspect physique. Nous savons juste, par l’évangéliste Marc, qu’il portait un manteau avec une frange: «on le suppliait de les laisser toucher seulement la frange de son vêtement.» (Marc 6,56) Ce détail nous révèle que Jésus était un fidèle observateur de la loi.
Sa vie publique commence au Jourdain, en recevant le baptême de conversion donné par Jean le Baptiste. C’est lors de cet évènement qu’il est déclaré, par le Père lui-même: «Fils bien-aimé». (Matthieu 3,17) C’est à partir de là que Jésus se mit à prêcher.
Dans sa prédication, «Jésus invite tous les hommes à faire partie du Royaume de Dieu. Même le pire des pécheurs est appelé à se convertir et à accepter l’infinie miséricorde du Père. Déjà, sur la terre, le Royaume appartient à ceux qui l’accueillent d’un cœur humble. C’est à eux que sont révélés ses mystères.» (Compendium du Catéchisme de l’Église Catholique, n°107)
En plus de sa prédication, Jésus est aussi un homme qui a accompli des miracles; des guérisons principalement.
«Jésus accompagne sa parole de signes et de miracles pour attester que le Royaume est présent en lui, le Messie. Bien qu’il guérisse certaines personnes, il n’est pas venu pour éliminer ici-bas tous les maux, mais avant tout pour libérer les hommes de l’esclavage du péché. La lutte contre les démons annonce que sa croix l’emportera sur « le prince de ce monde » (Jn 12,31).» (Ibid. n°108)
La prédication de Jésus fut perçue comme provocatrice et dangereuse. C’est pour cela qu’il fut mis à mort en l’an 30.
Après sa mort, nous pouvons constater que l’histoire ne s’arrête pas là. Du groupe des Apôtres est née l’Église, qui proclame à temps et à contretemps la Résurrection du Christ. Cet événement n’eut pour témoins que des disciples, il est donc de l’ordre de la foi. La foi en Jésus-Christ s’enracine dans l’histoire mais elle ne se réduit pas à l’histoire.
2 – Christ
La Résurrection de Jésus est le fondement de la foi chrétienne. Saint Paul nous l’affirme avec conviction dans sa première lettre aux Corinthiens:
«Si le Christ n’est pas ressuscité, nous n’avons rien à prêcher et vous n’avez rien à croire.» (1Co 15,13)
Si l’on peut affirmer que Jésus est Christ, c’est qu’il a accompli parfaitement la mission divine qu’il signifie. Le nom de Jésus signifie “Dieu sauve”. Ce nom, donné par l’ange Gabriel au jour de l’Annonciation, exprime à la fois l’identité de Jésus et sa mission. Il est venu pour nous sauver du péché. C’est bien ce que l’ange annonce aux bergers dans la nuit de Noël:
«Aujourd’hui, dans la ville de David vous est né un Sauveur qui est le Christ Seigneur.» (Luc 2,11)
C’est ce qu’il accomplit par sa prédication et ses miracles comme nous l’avons vu dans la première partie. C’est aussi ce qui se réalise par sa mort et sa résurrection, comme nous le lisons dans la lettre de saint Paul déjà citée:
«Je vous ai transmis avant tout cet enseignement que j’ai moi-même reçu: le Christ est mort pour nos péchés comme l’avaient annoncé les Écritures; il a été mis au tombeau et il est revenu à la vie le troisième jour, comme l’avaient annoncé les Écritures.» (1Co 15,3-4)
En Jésus, Dieu récapitule ainsi toute son histoire de salut en faveur des hommes. C’est pourquoi nous pouvons affirmer qu’il est Christ.
Voici ce que nous dit le Compendium Catéchisme de l’Église Catholique sur la signification du mot Christ:
««Christ» en grec, «Messie» en hébreu, signifie «oint». Jésus est le Christ parce qu’il a été consacré par Dieu, oint par l’Esprit Saint pour sa mission rédemptrice. Il est le Messie attendu par Israël, envoyé dans le monde par le Père. Jésus a accepté le titre de Messie en en précisant toutefois le sens : «Descendu du Ciel» (Jn 3,13), crucifié puis ressuscité, il est le Serviteur souffrant, qui «donne sa vie pour racheter la multitude» (Mt 20,28). Du nom Christ dérive notre nom de chrétiens.» (n°82)
Une fois dans l’évangile, Jésus est reconnu par ses disciples comme le Messie, le Christ. Dans cette scène, Pierre prend la parole au nom de ses compagnons et déclare son attachement indéfectible à la personne de Jésus. La scène se passe de façon différente dans les synoptique (Matthieu, Marc et Luc) et dans saint Jean.
Lisons ces passages ensemble. Pour les synoptiques, nous prendrons en saint Marc, mais vous les retrouverez en Matthieu 16, 13-20 ou en Luc 9, 18-21:
«Jésus s’en alla avec ses disciples vers les villages voisins de Césarée de Philippe. En chemin, il interrogeait ses disciples: «Qui suis-je, au dire des hommes?» Ils lui dirent: «Jean le Baptiste; pour d’autres, Elie; pour d’autres, l’un des prophètes. Et lui leur demandait: «Et vous, que dites-vous qui je suis?» Prenant la parole, Pierre lui répond: «Tu es le Christ.» Et il leur commanda sévèrement de ne parler de lui à personne» (Marc 8, 27-30)
En saint Jean, nous lisons:
«Dès lors, beaucoup de ses disciples s’en retournèrent et cessèrent de faire route avec lui. Alors Jésus dit aux Douze: «Et vous, ne voulez-vous pas partir?» Simon-Pierre lui répondit: «Seigneur, à qui irions-nous? Tu as des paroles de vie éternelle. Et nous, nous avons cru et nous avons connu que tu es le Saint de Dieu.»» (6, 66-69)
Jésus obligera ses disciples au silence et il leurs annoncera sa passion. Il n’approuvera ce titre de Christ qu’au cours de son procès:
«De nouveau le Grand Prêtre l’interrogeait; il lui dit: «Es-tu le Messie, le Fils du Dieu béni?» Jésus dit: «Je le suis, et vous verrez le Fils de l’homme siégeant à la droite de la Puissance et venant avec les nuées du ciel.»» (Marc, 14, 61-62)
C’est donc en rapport avec la Passion que se comprend ce titre de Christ.
Jésus «a dévoilé le contenu authentique de sa royauté messianique à la fois dans l’identité transcendante du Fils de l’Homme «qui est descendu du ciel» (Jn 3,13; cf. Jn 6,62; Dn 7,13) et dans sa mission rédemptrice comme Serviteur souffrant: «Le Fils de l’Homme n’est pas venu pour être servi mais pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude» (Mt 20,28; cf. Is 53,10-12). C’est pourquoi le vrai sens de sa royauté n’est manifesté que du haut de la Croix (cf. Jn 19,19-22 ; Lc 23,39-43). C’est seulement après sa Résurrection que sa royauté messianique pourra être proclamée par Pierre devant le Peuple de Dieu: «Que toute la maison d’Israël le sache avec certitude: Dieu l’a fait Seigneur et Christ, ce Jésus que vous, vous avez crucifié» (Ac 2, 36).» (Catéchisme de l’Eglise Catholique, n°440)
3 – Fils de Dieu
Que signifie cette expression? Dans l’Ancien Testament, ce titre est
«donné aux anges (cf. Dt 32, 8 ; Jb 1, 6), au peuple de l’Élection (cf. Ex 4, 22 ; Os 11, 1 ; Jr 3, 19 ; Si 36, 11 ; Sg 18, 13), aux enfants d’Israël (cf. Dt 14, 1 ; Os 2, 1) et à leurs rois (cf. 2 S 7, 14 ; Ps 82, 6). Il signifie alors une filiation adoptive qui établit entre Dieu et sa créature des relations d’une intimité particulière. Quand le Roi-Messie promis est dit « fils de Dieu » (cf. 1 Ch 17, 13 ; Ps 2, 7), cela n’implique pas nécessairement, selon le sens littéral de ces textes, qu’il soit plus qu’humain. Ceux qui ont désigné ainsi Jésus en tant que Messie d’Israël (cf. Mt 27, 54) n’ont peut-être pas voulu dire davantage (cf. Lc 23, 47). » (Catéchisme de l’Eglise Catholique, n° 441)
Ainsi quand Pierre, confesse dans l’évangile selon saint Matthieu, que Jésus est «le Christ, le Fils du Dieu vivant.» (Mt 16,16), il ne saisit pas toute la portée de ce qu’il vient de dire. Pour preuve, au verset suivant, Jésus lui répond:
«Tu es heureux, Simon fils de Jean, car ce n’est pas un être humain qui t’a révélé cette vérité, mais mon Père qui est dans les cieux.» (Mt 16,17)
Si Pierre a pu faire cette profession de foi, c’est que Jésus lui-même a laisser entendre sa filiation divine.
Lors du baptême et de la Transfiguration, la voix du Père désigne clairement Jésus comme son Fils bien-aimé. (cf. Matthieu 3,17 et 17,5)
Dans son dialogue avec Nicodème, Jésus se désigne lui-même comme “le Fils unique de Dieu” (Jean 3,16). Par ce titre, il affirme sa préexistence éternelle et il demande la foi “au nom du Fils unique de Dieu” (Jean 3,18). À d’autres moments de son enseignement, il se désigne comme le Fils qui connait le Père. Nous pourrions relire Matthieu 11,27 ou Matthieu 21,34-40.
Sa filiation n’est pas la même que celle de ses disciples. Jésus ne dit jamais “notre Père” sauf quand il leur apprend à prier. Là, il leurs dit: “Vous donc priez ainsi: Notre Père.” (Matthieu 6,9). Et il souligne la distinction en disant: “Mon Père et votre Père” (Jean 20,17) Pour approfondir cette distinction, nous pourrions lire: Matthieu 5,48; 6,8; 7,21 ou Luc 11,13.
La filiation de Jésus est également attestée lors de sa passion. Devant le Sanhédrin, les accusateurs de Jésus s’exclament: “Tu es donc le Fils de Dieu?” et la réponse de Jésus est sans ambiguïté: “Vous le dites: je le suis.” (Luc 22,70)
Enfin, en voyant le Christ en croix, le centurion romain s’exclame: “Vraiment cet homme était le Fils de Dieu.” (Matthieu 15,39). C’est dans le mystère pascal que nous pouvons comprendre la signification ultime de Fils de Dieu.
Après la Résurrection, les Apôtres comprendront plus encore ce que cela signifie. Saint Paul écrira aux Romains:
«Selon l’Esprit qui sanctifie, par sa Résurrection d’entre les morts, Il a été établi comme Fils de Dieu dans sa puissance.» (Romains 1,4)
Et ils confesseront:
«Nous avons vu sa gloire, gloire qu’Il tient de son Père comme Fils unique, plein de grâce et de vérité.» (Jean 1,14)
Conclusion
Par ce rapide parcours sur Jésus, Christ, Fils de Dieu, nous pouvons éclairer un peu plus notre Credo. En prenant un corps et une âme comme le notre, Jésus-Christ n’a pas cessé d’être Fils de Dieu. Par l’incarnation, le Fils de Dieu s’est fait chair. Il a pris un corps de chair comme le notre, soumis lui aussi à la faim, la soif, au froid, à la fatigue, à la mort mais pas à la corruption qui la suit. Il a une âme, comme la notre, capable de connaître, de vouloir et d’aimer humainement… mais la sienne est toute sainte. La seule chose qu’il n’a pas partagée avec nous est le péché.
Ainsi, en Jésus-Christ, il y a deux natures: la nature divine puisqu’il est le Fils de Dieu et la nature humaine puisque, en devant fils de Marie, il a pris un corps et une âme semblable à la notre. Il est homme et Dieu.
C’est à dire qu’il a deux intelligences, deux volontés: l’une divine et l’autre humaine. Ces deux natures sont assumées par une seule et unique personne: le Fils de Dieu fait homme: Jésus Christ. La nature humaine de Jésus n’existe pas et n’agit pas de manière indépendante. C’est la personne du Fils de Dieu qui est et qui agit. Tel est le mystère de l’Incarnation.
“Le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous.” (Jean 1,14)
Ping : Esprit, es-tu là? Esprit, qui es-tu? | L'abbé de Somme
Ping : L’Église: une, sainte, catholique, apostolique ? | L'abbé de Somme