Joie ! Soyez dans la joie !

« Soyez dans la joie du Seigneur, soyez toujours dans la joie, le Seigneur est proche » (Cf. Ph 4, 4-5). C’est par cette antienne que s’ouvre la liturgie de ce dimanche de l’Avent, appelé dimanche de Gaudete, dimanche de la joie.

Cet appel à la joie retentit dans la bouche du prophète Isaïe que nous lisons en ce temps de l’Avent. « Le désert et la terre de la soif, qu’ils se réjouissent ! Le pays aride, qu’il exulte et fleurisse, qu’il se couvre de fleurs, qu’il exulte et crie de joie ! » (Is 35,1-2). Pourquoi une invitation à la joie ? « Voici votre Dieu… il vient lui-même et va vous sauver » nous dit encore Isaïe. Dans la naissance de Jésus, nous reconnaissons la venue même de Dieu. Dieu s’est fait homme, il est venu lui-même sur notre terre en s’incarnant, en épousant notre humanité. Dieu vient nous sauver : Jésus a donné sa vie par amour pour nous en mourant sur la croix et par sa résurrection. C’est bien ce mystère que nous célébrons à chaque Eucharistie. C’est bien dans cette mort et cette résurrection du Christ que vont être baptisés dans quelques instants Pélagie et Toan.

Elles sont bien belles vos paroles, monsieur le curé… mais ouvrez les yeux ! Regardez notre monde… n’est-ce pas insolent de parler de joie ? N’est-elle pas vaine cette promesse de Dieu ? Si il est venu pour nous sauver… que fait-il ? Oui, bien souvent, nous nous posons la même question que Jean le Baptiste : « Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? » (Mt 11,3)

Oui, nous sommes en droit de nous poser cette question qui ne traduit pas d’abord un doute mais la question que nous nous posons devant Jésus de Nazareth : qui peut accomplir les signes qu’il accomplit si Dieu n’est pas avec lui ? Ces signes ne réalisent-ils pas ce que le prophète Isaïe a annoncé ? « Alors s’ouvriront les yeux des aveugles et les oreilles des sourds. Alors le boiteux bondira comme un cerf et la bouche du muet criera de joie. » (Is 35, 5-6)

Jésus Christ n’accomplit-il pas les merveilles chantées dans le psaume de ce jour ? « Le Seigneur fait justice aux opprimés, aux affamés, il donne le pain, le Seigneur délie les enchaînés. Le Seigneur ouvre les yeux des aveugles, le Seigneur redresse les accablés, le Seigneur aime les justes. Le Seigneur protège l’étranger. il soutient la veuve et l’orphelin. Le Seigneur est ton Dieu pour toujours. » (Psaume 145(146))

Comment se fait-il que la divinité du Christ reste cachée sous le voile de son humanité ? Pourquoi ne manifeste-t-il pas sa gloire de façon visible… cela serait tellement plus facile de croire !

Et si nous nous convertissions ? Car c’est bien à une conversion que nous sommes invités ! Nous avons des difficultés à entrer dans la joie à laquelle nous invite la Parole de Dieu. Oui, si la Parole de Dieu nous invite à voir la vie en rose… il nous faut avant tout changer de regard ! Nous cherchons la gloire de Dieu en pensant qu’elle se trouve dans les palais des rois, dans une société « bling-bling ». Non, Dieu se révèle dans la pauvreté et humilité d’un Enfant qui nait au sein d’une famille modeste, solidaire des petits et des pauvres. Il faut donc le chercher dans nos pauvretés intérieures ! Comme saint Paul, n’hésitons pas à mettre notre orgueil dans notre faiblesse afin que la puissance du Christ habite en nous ! (Cf. 2 Co 12,9). Faisons notre la prière du psalmiste : « Seigneur, je n’ai pas le cœur fier ni le regard ambitieux ; je ne poursuis ni grands desseins, ni merveilles qui me dépassent. Non, mais je tiens mon âme égale et silencieuse ; mon âme est en moi comme un enfant, comme un petit enfant contre sa mère. » (Psaume 130(131))

Cette joie, à laquelle nous sommes invités, n’est pas la joie d’un instant, un bonheur éphémère. C’est une joie profonde, enracinée en notre cœur… pour l’accueillir, pour vivre cette conversion, il nous faut la patience du cultivateur. Celui-ci attend avec patience les produits de la terre.

Frères et soeurs, soyez dans la joie, car le Seigneur vient ! Il est tout proche ! Ouvrez lui notre cœur ! Pour cela, « Ayez de la patience vous aussi, et soyez fermes, car la venue du Seigneur est proche. Frères, ne gémissez pas les uns contre les autres, ainsi vous ne serez pas jugés. Voyez : le Juge est à notre porte. Frères, prenez pour modèles d’endurance et de patience les prophètes qui ont parlé au nom du Seigneur. » (Jacques 5, 8-10). Amen.

Homélie pour le 3 dimanche de l’Avent – Année A

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