Garden-party

Il est difficile d’imaginer la tête des commerçants des villages des alentours quand ils ont appris que Jésus avait nourri « environ cinq mille [hommes], sans compter les femmes et les enfants » (Matthieu 14,21) avec cinq pains et deux poissons ! Aujourd’hui, cela nous donnerait certainement droit à un procès en bonne et due forme pour concurrence illégale ou contre-façon, avec citation à la Une des journaux !

Et que dire du prophète Isaïe qui nous lance cette invitation : « venez acheter et consommer (…) sans argent et sans rien payer. » (Isaïe 55,1). Voilà une opération commerciale surprenante : acheter sans argent et sans rien payer ! C’est pas gratuit… mais la marchandise s’obtient sans argent… où est l’arnaque ? Cela fait penser un peu à ces courriers où l’on a gagné la super cagnotte à condition de passer commande et après tirage au sort ! Quelle est donc le but de l’opération commerciale ?

Revenons à notre apéro Facebook, pardon à la garden-party organisée par Jésus !

Parti à l’écart, Jésus voit la foule qui accoure vers lui et il est prit de pitié envers eux. Il est littéralement pris aux entrailles, pris aux tripes par cette foule qui accoure et qui a faim de la Parole de Dieu, faim d’être sauvée, guérie.

Face à l’émotion de Jésus, les disciples ont gardé les pieds sur terre : « L’endroit est désert, et il se fait tard. Renvoie la foule : qu’ils aillent dans les villages s’acheter de quoi manger ! » (Mt 14,15). La réponse ne se fait pas attendre : « Ils n’ont pas besoin de s’en aller. Donnez-leur vous-mêmes à manger » (Mt 14,16). Et les disciples n’ont pour seule solution que de présenter à Jésus ce qu’ils ont comme nourriture : cinq pains et deux poissons. C’est avec cela que Jésus nourrira la foule et même plus puisqu’on « ramassa douze paniers pleins. » (Mt 14,20)

Que faut-il retenir pour nous aujourd’hui ? L’amour de Dieu est don. L’amour de Dieu est gratuit. Et cet amour nous pouvons l’accueillir avec confiance. Ce n’est pas un produit commercial où nous avons à chercher où se cache l’attrape-nigaud derrière ce cadeau. Cette gratuité exprime la solidarité de Dieu avec nous, la profusion de son amour.

Solidaire de son peuple, Dieu nous prodigue son amour par des choses simples, accessibles. Dieu nous comble avec ce qui peut nous paraître infime, insuffisant : cinq pains et deux poissons. Il s’est aussi fait l’Emmanuel, Dieu avec nous, en Jésus pour être proche. Il s’est donné à nous en prenant notre humanité. Il s’est donné à nous en donnant sa vie sur la Croix. Il s’est donné à nous dans l’Eucharistie. Et quoi qu’il arrive, rien ne peut nous séparer de cet amour de Dieu, comme l’écrit saint Paul aux Romains. (8,35.37-39)

Touchés par cet amour de Dieu, nous sommes inviter à répondre en donnant, gratuitement, par amour à notre tour. Dieu compte sur nous pour témoigner de ce don auprès de nos contemporains. « Donnez-leur vous-mêmes à manger. » Nous ne pouvons pas répondre à la soif de l’humanité, de nos contemporains par de l’extraordinaire. C’est uniquement par ce qui est don de Dieu que nous pourrons accomplir cette tache. C’est en présentant, simplement à Dieu, ce que nous avons, ce que nous sommes, qu’Il comblera lui-même la soif d’amour qui habite au cœur de chacun. Oui, cet amour de Dieu est offert gratuitement par ces services humbles et discrets que nous faisons auprès des plus pauvres, des plus démunis, de ceux qui ont soif d’amour.

Un pain est peu de chose mais un pain donné nourrit une foule. De même, ma vie, toute banale, toute routinière soit-elle, est quantité négligeable… mais cette même vie offerte devient source de fécondité, source de vie.

Alors, en ce dimanche où nous fêtons aussi saint Ignace de Loyola, comment de ne pas faire notre cette prière qui lui est attribuée, et que les scouts connaissent bien :

Seigneur Jésus,

Apprenez-nous à être généreux,

A Vous servir comme Vous le méritez

A donner sans compter,

A combattre sans souci des blessures,

A travailler sans chercher le repos,

A nous dépenser, sans attendre d’autre récompense,

que celle de savoir que nous faisons Votre Sainte Volonté.

Amen.

Homélie pour le 18ème dimanche ordinaire – Année A

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