La prière, chemin de dialogue et de communion

Les disciples sont interpellés de voir que Jésus passe quotidiennement du temps en prière, si bien que l’un d’eux, un jour, ose lui poser la question: «Seigneur, apprends-nous à prier…» (Luc 11,1) Et Jésus leur enseigne alors la prière du Notre Père, qu’il accompagne ensuite de la parabole de l’ami importun.

Commençons par remercier les disciples pour cette question qu’ils posent à Jésus. Nous aussi nous nous heurtons souvent à cette question de la prière. Comment faut-il donc prier pour que Dieu m’exauce? J’ai bien souvent l’impression que la prière n’est pas efficace, qu’elle a peu de rendement et ne rapporte pas grand chose… Et pourtant je sais lui casser les oreilles au Seigneur quand ça ne va pas! A quoi bon prier? Comment faut-il donc lui demander pour qu’il m’exauce? Mais aussi que faut-il lui demander?

En nous délivrant la prière du Notre Père, Jésus nous enseigne que prier est en tout premier lieu s’adresser à quelqu’un. Quand je prie, je m’adresse à Dieu qui est père, celui qui engendre, qui donne vie. Entrer dans la prière c’est commencer par prendre en considération celui à qui je m’adresse: à Dieu lui-même. Je prends le temps de me mettre en sa présence. Il est notre père, nous sommes ses enfants… Avons-nous envers lui une attitude de fils ou fille de Dieu?

Appeler Dieu de ce beau vocable de père, c’est aussi découvrir que la prière est un dialogue de confiance avec celui qui me donne la vie. La beauté de ce dialogue nous est donné avec l’exemple d’Abraham que nous avons entendu dans la première lecture (Genèse 18,20-32). Ce dialogue entre Dieu et Abraham est insistant, confiant et humble. Abraham attend tout de la bonté toute-puissante de Dieu avec qui il dialogue. Enfant de Dieu, j’entre en communion avec lui par ce dialogue confiant de la prière. Notons au passage que dans ce dialogue, c’est Dieu lui-même qui en a l’initiative. Dialoguer avec lui n’est donc pas lui présenter un catalogue de doléances, c’est commencer par écouter son projet de vie, projet que nous découvrons dans les paroles même du Notre Père enseigné par Jésus.

La prière est communion avec Dieu par le dialogue que j’ai avec Lui. Mais la prière est aussi communion avec les autres. En nous donnant cette belle prière, Jésus nous décentre de nous-même pour nous ouvrir à l’autre. Quand je prie avec mes propres paroles, j’exprime mes propres sentiments, mes propres désirs, mes propres besoins. Jésus ne veut pas que la prière soit individuelle et privée comme si nous ne prions que pour nous-même. En nous invitant à dire «Notre Père», Jésus nous fait découvrir que nous prière est publique et communautaire. Nous ne prions pas pour un seul mais pour tout le peuple. La prière est communion avec Dieu, la prière est communion avec l’humanité… Et chacun a accès à cette belle communion de la prière.

Si la prière est communion avec Dieu, elle est donc une vie reçue de lui. La prière est le poumon de la vie chrétienne. Si je veux vivre, il me faut respirer, si je veux vivre, il me faut prier! La prière est la respiration de l’âme et du coeur. La prière est la respiration de tout mon être. La prière est la respiration de l’Église, de la communauté chrétienne. Saint Ignace de Loyola donne le conseil suivant dans ses Exercices spirituels: «Il faut fermer les yeux pour regarder Jésus dans son coeur et murmurer les paroles du ‘Notre Père’, au rythme de sa respiration.»

C’est avec les mots de saint Cyprien, commentant la prière du Seigneur que je voudrais conclure cette homélie: «Comme le Seigneur est plein de miséricorde! Comme sa bienveillance et sa bonté envers nous sont généreuses! Il a voulu que nous fassions notre prière en présence de Dieu, de telle sorte que nous donnions au Seigneur le nom de Père, et que nous nous désignions comme ses fils, de même que le Christ est le Fils de Dieu. (…) Nous devons donc nous rappeler et savoir, frères bien-aimés, lorsque nous appelons Dieu notre Père, que nous devons nous conduire en fils de Dieu: et de même que nous nous complaisons à considérer Dieu comme notre Père, il doit pouvoir se complaire lui aussi en nous.»

Qu’au coeur de cet été, nous ayons la joie de nous redécouvrir enfants de Dieu et de nous comporter comme tel… Il ne suffit pas de dire «Notre Père» pour être enfant de Dieu, il faut aussi en témoigner autour de nous par notre façon de vivre. Amen.

Homélie pour le 17ème dimanche ordinaire – Année C

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