« Il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune » (Luc 2,7)
En cette année marquée par la pandémie, ces mots de saint Luc résonnent de manière toute particulière à mes oreilles. Combien d’entre nous se sentent exclus de la salle commune pour fêter Noël ? Combien doivent faire autrement parce que trop seul, trop loin de la famille, positif au Covid… Il n’y a pas de place dans la salle commune… il faut se replier dans un lieu à l’écart. Et si c’était, malgré tout, une bonne nouvelle ?
Il y a deux mille ans, un jeune couple cherchait un abri sûr pour donner naissance à leur premier-né. Il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune. Ils ont dû se replier dans l’étable d’à-côté. C’est la mangeoire qui a servi de berceau. J’imagine la solitude et la détresse de Marie et Joseph. Et pourtant la naissance de Jésus est une lumière pour l’humanité ! Sa venue au monde, dans l’humilité d’une étable, permet une rencontre bouleversante, transformante pour les pauvres, les exclus que sont les bergers, les premiers à se précipiter à sa rencontre. L’ange leur annonce cette bonne nouvelle : « Aujourd’hui, dans la ville de David, vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur. » (Luc 2,11) ils ne découvriront que « Marie et Joseph, avec le nouveau-né couché dans la mangeoire. » (Luc 2,16).
Pas de cotillons ni de grandes embrassades, pas de cocktail ni de grands rassemblements, une simple étable, un enfant emmailloté dans une mangeoire entouré de ses parents. Une rencontre dans l’intimité qui les met en joie. Une rencontre qui suscite la louange et le témoignage.
Je peux rêver de grandes retrouvailles familiales, je peux rêver d’un grand réveillon de Noël… mais cette année, il n’y a pas de place dans la salle commune. Plus encore cette année, nous sommes invités à nous retirer, à l’écart, auprès de « Marie et Joseph, avec le nouveau-né couché dans la mangeoire ». Là, dans le silence de la crèche, nous pourrons accueillir « la grâce de Dieu [qui] s’est manifestée pour le salut de tous les hommes » (Tite 2,11).
Quelle est cette grâce ? Par amour pour nous, Dieu s’est fait l’un de nous. En Jésus, le Très-Haut se fait tout petit pour être aimé de nous. En Jésus, Dieu se fait enfant pour que nous l’approchions sans peur, que nous l’accueillons dans nos vies avec confiance. Heureux ou triste, malade ou en bonne santé, seul ou en famille, confiné ou pas, n’ayons pas peur de réentendre avec les bergers la bonne nouvelle annoncée par l’ange : « Aujourd’hui, dans la ville de David, vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur. » (Luc 2,11)
Avec les bergers, arrêtons-nous à la crèche. Présentons-nous à Jésus avec ce que nous sommes, avec ce dont nous nous sentons exclus, avec nos limites, nos blessures… et laissons-nous toucher par la tendresse de Dieu qui se manifeste dans ce nouveau-né. Laissons-nous toucher par la beauté de Dieu qui est là emmailloté dans la mangeoire, entouré par Marie et Joseph. Laissons la joie de Dieu nous habiter et exprimons-lui notre gratitude d’être aimé par lui.
Nous n’avons pas de place dans la salle commune… mais Dieu nous attend à la crèche. N’ayons pas peur de nous y arrêter et de passer du temps auprès de lui. C’est là que nous gouterons le véritable amour. C’est là que nous accueillerons la grâce de Dieu qui jamais ne nous fera défaut. Là, brillera la véritable lumière de Noël !
Nuit de Noël
Année B

- Isaïe 9, 1-6
- Psaume 95(96)
- Tite 2, 11-14
- Luc 2, 1-14
Merci et joyeux Noël P. Yves