La Transfiguration

Avant d’entrer plus avant dans la compréhension de l’évangile que nous venons d’entendre, il faut nous rappeler ce qui s’est passé huit jours avant, c’est-à-dire dans le passage précèdent. Nous avons eu tout simplement la profession de foi de Pierre, la première annonce de la Passion et les conditions pour suivre Jésus.

Pierre nous a donc fait cette sublime profession de foi: « Tu es le Christ de Dieu ».(Lc 9,20). Jésus annoncera tout de suite après: « Il faut que le Fils de l’homme souffre beaucoup, qu’il soit rejetés par les anciens, les grands prêtres et les scribes, qu’il soit mis à mort et que le troisième jour, il ressuscite. » (Lc 9,22)

Aujourd’hui, alors que le Christ emmène trois de ces disciples sur la montagne pour prier, Dieu lui-même vient donner la réponse à la profession de foi de Pierre: « Celui-ci est mon Fils, celui que j’ai choisi, écoutez-le » (Lc 9,35).

Voilà en quelques mots tout le cœur même de notre foi décrit par saint Luc. Jésus est le Christ, l’oint de Dieu, celui qui est choisi. Il est fils, titre donné au Messie, souvenons-nous de la théophanie du baptême: « Tu es mon Fils, moi aujourd’hui, je t’ai engendré ». Il est mort et ressuscité pour nous.

Certes, nous aimerions souvent que cette révélation se fasse de façon spectaculaire pour que nous n’ayons plus à en douter. Mais, les conditions de cette scène de la Transfiguration viennent nous rappeler que Dieu se révèle dans l’intime de nos vies. « Jésus prit avec lui Pierre, Jean et Jacques, et il alla sur la montagne pour prier ». (Lc 9,28). La communion avec le Père dans la prière est une expérience transfigurante. Prier, c’est se mettre en capacité de laisser la lumière de Dieu resplendir sur notre visage.

N’est-ce pas aussi cette expérience qu’on vécut Moïse et Élie, eux qui ont contemplé la gloire de Dieu sur la montagne? Moïse, après quarante jours en présence du Seigneur, au Sinaï, redescend le visage rayonnant. Élie, à l’Horeb, contemple la gloire de Dieu dans le doux murmure d’un fin silence.

Moïse et Élie, la loi et les prophètes, sont aussi les témoins, les garants que la promesse, l’Alliance de Dieu s’accomplit en Jésus Christ: « Ils parlaient de son départ qui allait se réaliser à Jérusalem » (Lc 9,31). Littéralement, « ils parlaient de son exode qui devait s’accomplir à Jérusalem » (traduction de Sr Jeanne d’Arc).

Comment ne pas rendre gloire au Père pour l’amour qu’il nous donne en Jésus: ensemble, nous devenons enfants de Dieu. Et Dieu, en Jésus Christ nous offre de vivre la Pâque, de vivre l’exode, de sortir de l’esclavage du péché pour obtenir la liberté des enfants de Dieu.

Ré-entendons ces douces paroles du Père dans cette scène de la Transfiguration: « Celui-ci est mon Fils, celui que j’ai choisi, écoutez-le » (Lc 9,35). Oui, entendons cette supplication du Père: « écoutez-le ». Cette supplication le Père ne cesse de nous la faire entendre: « Écoute Israël, le Seigneur ton Dieu est l’unique… » (Dt 6,4) « Choisis donc la vie, pour que vous viviez, toi et ta descendance, en aimant le Seigneur ton Dieu, en écoutant sa voix, en vous attachant à lui; c’est là que se trouve la vie… » (Dt 30,19-20)

Vivre en disciple du Christ, vivre en enfant de Dieu, c’est donc ouvrir nos oreilles, ouvrir notre cœur à la Parole de Dieu. C’est, à la suite de Moïse et d’Élie, à l’exemple du psalmiste chercher la face du Seigneur. Entendons pour cela l’appel à Abraham: « Regarde le ciel… » (Gn 15,5) et l’acte de foi qui a suivit. Entendons l’appel de Paul: « regardez bien ceux qui vivent selon l’exemple que nous vous donnons. » (Ph 3,17).

Avec confiance, regardons vers le ciel, exposons notre visage à la lumière de Dieu, tournons nous vers le Père tout simplement. Ainsi, l’éclat de notre visage témoignera du Ressuscité auprès de nos contemporains. Ainsi nous pourrons annoncer la Bonne Nouvelle dans nos lieux de vie. Amen.

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