Laissons le Christ régner sur notre vie

Afin de nous aider à avancer vers le Royaume de Dieu, l’Église ponctue l’année liturgique par différentes fêtes. Celle d’aujourd’hui est le couronnement de l’année. Nous fêtons le Christ, roi de l’univers. Cette fête est une invitation à nous interroger sur la manière dont laissons le Christ régner sur notre vie.

Accueillir le Christ, roi de l’univers, ce n’est pas accueillir un monarque absolu qui régnerait comme un tyran. Non ! Accueillir le Christ, roi de l’univers, c’est entendre que le Christ « nous aime »et qu’il « nous a délivrés de nos péchés par son sang » (Apocalypse 1,5) C’est entendre que le Christ « délivrera le pauvre qui appelle et le malheureux sans recours. Il aura souci du faible et du pauvre, du pauvre dont il sauve la vie. Il les rachète à l’oppression, à la violence… »(Psaume 71,12-14)

Son trône est la croix et sa couronne est sertie d’épines. Il n’y a rien, à vue humaine, de glorieux dans tout cela et pourtant c’est là que se manifeste la gratuité de l’amour du Christ. A vue humaine, c’est un échec mais dans cet échec, on voit la puissance de la Croix et la force de l’amour de Jésus : c’est un amour gratuit, donné jusqu’au bout. C’est un amour solide et intègre, accomplissement d’une vie passée dans le don total de soi en faveur de l’humanité.

Cela, le bon larron, pendu avec Jésus sur le bois de la croix, l’a compris. Lui est condamné pour ses crimes mais face à l’amour du Christ qu’il ressent sur la croix, il a la force de prier : « Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume. »(Luc 23,42) Cette foi et cette prière lui valent la promesse du paradis : « Amen, je te le dis : aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis. »(Luc 23,43)

La royauté de Jésus ne nous opprime pas. Elle nous libère de nos pauvretés et de nos faiblesses. Elle nous encourage à parcourir les chemins du bien, de la réconciliation et du pardon. Elle nous encourage à parcourir les chemins de la fraternité. En exerçant son pouvoir, Jésus « fait de nous un royaume et des prêtres pour son Dieu et Père »(Apocalypse 1,6) Si la force de l’amour du Christ me relève personnellement, elle me relève avec un peuple et me rend solidaire de celui-ci. Dieu a pour chacun de nous un amour personnel, concret et précis.

De plus, la royauté du Christ fait de nous des prêtres, c’est-à-dire des hommes et des femmes capables d’offrir leur vie à la suite du Christ et d’entrer dans la dynamique de l’amour fraternel. La royauté du Christ ne nous laisse pas seul sur le chemin de l’amour. C’est ensemble, en frère et sœur du Christ, que nous sommes invités à l’accueillir et à manifester au monde les signes du Royaume de Dieu. Seule une fraternité authentique des disciples du Christ est un témoignage du Royaume de Dieu.

Cette fraternité n’est pas un vain mot, ni une utopie. Cette fraternité se constitue à chaque fois que nous écoutons et partageons, ensemble, la Parole de Dieu. Elle se déploie quand nous nous rendons attentifs à ce qui est important dans la vie, les recherches, les joies et les épreuves des autres. Elle se fortifie quand, ensemble, nous nous portons les uns les autres dans l’écoute, la prière et l’amitié. Elle s’embellie dans nos gestes de partage et de solidarité, dans les pardons offerts et reçus. Elle est porteuse de sens quand celles et ceux qui, jour après jour, acte d’amour après acte d’amour, se laissent transformer par cette fraternité habitée par l’amour du Christ et deviennent appelant pour d’autres.

Alors, jour après jour, le Christ règnera sur notre vie. Nous découvrirons comment nous sommes enracinés, établis dans son amour. Nous serons « capables de comprendre avec tous les fidèles quelle est la largeur, la longueur, la hauteur, la profondeur » (Éphésiens 3,18) de l’amour du Christ. Et le Christ sera véritablement le roi de nos vies car elles seront entièrement mues par l’amour. Amen.