Le chemin de la miséricorde

Il n’est pas rare que l’évangile que nous venons d’entendre nous mette mal à l’aise. Qui suis-je pour aller voir l’autre et le reprendre parce qu’il a péché? Et pourquoi faudrait-il aller jusqu’à l’exclure de la communauté si il refuse d’écouter et de se convertir? Après tout, je ne suis pas meilleur que lui. Et Dieu, n’est-il pas qu’Amour et Miséricorde?

A l’inverse, ce passage d’évangile peut aussi provoquer en moi un orgueil qui me place au-dessus des autres et faire naître chez moi une vocation d’inquisiteur. Je serai alors comme un justicier portant l’anathème, la condamnation, sur tous ceux qui ne sont pas dans les clous.

Ne nous trompons pas sur ce que Jésus nous invite à vivre dans l’Évangile. Il ne nous invite pas à nous placer en juge les uns des autres. Le passage de ce dimanche est au cœur d’un enseignement que Jésus donne sur la vie communautaire. Il s’adresse tout particulièrement à ses disciples. Dans les lignes qui précédent, Jésus met en garde contre tout scandale qui ferait trébucher ceux qui ont mis leur foi en lui. Dans les lignes suivantes, Jésus offre une instruction sur le pardon.

Il n’est donc pas, ici, question de bons et de mauvais mais tout simplement de vivre en chrétien, en disciple de Jésus-Christ. Et que nous dit Jésus sur le sujet? Vivre en disciple c’est savoir veiller les uns sur les autres dans l’amour fraternel. Pour reprendre les mots de saint Paul, vivre en disciple c’est garder envers l’autre « la dette de l’amour mutuel » (Romains 13,8). Or « l’amour ne fait rien de mal au prochain. » (Romain 13,10) contrairement au péché qui « est un manquement à l’amour véritable, envers Dieu et envers le prochain. » (Catéchisme de l’Eglise Catholique, n°1849) « Le péché se dresse contre l’amour de Dieu pour nous et en détourne nos cœurs. » (Catéchisme de l’Eglise Catholique, n°1850)

C’est ainsi que, dans l’évangile d’aujourd’hui, Jésus nous invite à vivre, avec ceux des disciples qui se coupent de l’amour de Dieu et du prochain, une véritable pédagogie de la patience et du dialogue pour retrouver avec eux le chemin de l’amour, de la communion. Jésus nous livre aussi une formidable révélation: pour Dieu, le pécheur reste toujours son enfant et cela même si ce dernier lui tourne le dos! Dieu, ne voulant pas violer la liberté de ses enfants en s’imposant à eux, il nous demande d’aller trouver ce frère, d’abord seul à seul, pour le convaincre de revenir au cœur de la maison. Si cela ne suffit pas, c’est à deux ou trois qu’il faut y aller afin qu’en équipe nous puissions lui montrer l’amour de Dieu. Et si cela ne suffit toujours pas, c’est toute la communauté qui essayera de lui faire entendre raison. Si le frère s’obstine toujours dans son refus, il faut alors lui signifier clairement que par son attitude, il se place lui-même en dehors de la communauté, en dehors de la communion de l’Église.

Comme il l’a fait pour Ézéchiel, le Seigneur fais de nous un guetteur. Il nous demande de veiller les uns sur les autres dans notre chemin de foi, pour notre vie de disciples de Jésus-Christ afin que notre vie soit en adéquation avec ce nous prêchons.

Que l’Esprit-Saint nous aide à acquitter chaque jour « la dette de l’amour mutuel » (Romains 13,8) avec douceur et compassion, pour que nos paroles et nos actes ne cessent d’édifier le Corps du Christ, pour la Gloire de Dieu et le Salut du monde.

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