Aujourd’hui, avec ce passage de l’Évangile selon saint Jean, commence le feuilleton de l’été. Et c’est un feuilleton passionnant qui nous est proposé de suivre durant les cinq dimanches qui viennent! Nous allons méditer, ensemble, le chapitre 6 de saint Jean.
Dans ce premier épisode, l’évangéliste nous relate la multiplication des pains faite par Jésus. C’est à partir de cet évènement que Jésus développera son enseignement sur le pain de vie que nous méditerons les prochains dimanches. Mais gardons le suspens… et arrêtons-nous simplement sur le récit de ce jour.
Avant de nous émerveiller sur le geste miraculeux de Jésus, regardons le geste du jeune garçon. «Il y a là un jeune garçon qui a cinq pains d’orge et deux poissons, mais qu’est-ce que cela pour tant de monde!» (Jean 6,9) relate André. «Qu’est-ce que cela pour tant de monde»? Et pourtant c’est avec ce don que Jésus va nourrir toute cette foule, composée «d’environ cinq mille hommes» (Jean 6,10)
Après avoir reçu les cinq pains et les deux poissons de la part du jeune homme, Jésus prononce une prière de bénédiction avant que les Apôtres distribuent le tout à la foule affamée. N’est-ce pas ce que nous allons vivre nous aussi dans quelques minutes?
C’est avec ce que nous allons donner que le Christ pourra accomplir son oeuvre à travers les mains des Apôtres d’aujourd’hui. Nous n’allons offrir ni quelques pains, ni quelques poissons. Notre don va se manifester par le geste de la quête. Nous allons offrir une partie de notre travail, de notre vie, de notre labeur de la semaine.
En même temps, ce geste qui me coûte de faire réellement au cœur de l’Eucharistie dit bien plus que la somme que je dépose dans le panier de quête. Il est le signe plus grande de l’offrande de ma propre vie. Il est le signe visible de ce que nous réalisons à chaque liturgie!
Dans la liturgie, en réponse à la Parole de Dieu, chacun de nous, et toute la communauté, s’offre au Père en s’unissant au sacrifice même de Jésus. Cette offrande, qui est le don de nous-mêmes, de toute notre vie – nos joies et nos épreuves – se transforme et prend sens car elle nous fait entrer dans une communion toujours plus grande avec le Christ qui est présent.
C’est avec cette offrande, en présentant le pain et le vin mais aussi le travail de chacun, que le prêtre fait monter vers le Père la prière de bénédiction: «Tu es béni, Dieu de l’univers, toi qui nous donnes ce pain, fruit de la terre et du travail des hommes; nous te le présentons: ils deviendra le pain de la vie.»
Ainsi, il nous revient au cœur même de l’Eucharistie d’offrir notre vie, notre personne à Dieu. C’est là notre participation active dans la liturgie. Celle-ci n’est pas de vouloir faire faire quelque chose – c’est de l’activisme – mais la participation active de chacun est de s’unir au sacrifice du Christ en offrant notre propre vie, notre personne à Dieu! Et c’est dans la mesure où je me donne, où je m’offre que je pénètre de plus en plus dans le Mystère de la foi.
Ce Mystère n’est pas une énigme à résoudre mais il est une réalité à découvrir. Et je ne découvre cette réalité que dans la mesure où je m’offre à Dieu. Dieu veut être trouvé par chacun mais il ne se donne pas dans une évidence. Cette dernière contraindrait notre liberté. Je ne trouve Dieu que dans la mesure où je me donne à Lui librement.
Afin d’être nourri en abondance par le Christ, plein de confiance, offrons lui tout ce que nous avons, tout ce que nous sommes. Unissons-nous pleinement à son sacrifice par l’offrande de notre propre vie, avec tout ce que cela coûte, afin d’entrer toujours plus dans l’intimité de Dieu.
Seigneur, je te dis merci pour tout ce que tu me donnes. Moi aujourd’hui, je t’offre ma vie, mon être avec tout ce qui en fait ses richesses et ses pauvretés: ma prière, mon travail, mes jeux, mes joies, mes peines et mes épreuves. Je me remets entre tes mains avec tout l’amour de mon cœur. Amen.
Homélie pour le 17ème dimanche ordinaire – Année B
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