Au début de ce temps du Carême, voici que dans le ciel noir de notre quotidien, Dieu lui-même vient y dessiner un Arc-en-Ciel. Ce dernier, nous révèle la présence du soleil qui pointe ses rayons et vient mettre en couleur la pluie qui tombe. Au milieu d’un ciel parfois orageux, la lumière se lève et révèle ses couleurs.
Voilà, le signe que le Seigneur a choisi pour signifier l’alliance qu’il passe avec son peuple au lendemain du déluge. «Voici le signe de l’alliance que j’établis entre moi et vous, pour toutes les générations à venir: Je mets mon arc au milieu des nuages, pour qu’il soit le signe de l’alliance entre moi et la terre.» (Genèse 9,12-13) avons-nous entendu dans la première lecture de ce jour.
Vivre le Carême, c’est se souvenir de cette alliance que Dieu a passé avec nous. Celle-ci se réalise en Jésus-Christ. «Le Christ est mort pour les péchés, une fois pour toutes; lui le juste, il est mort pour les coupables afin de nous introduire devant Dieu.» (1Pierre, 3,18) écrit saint Pierre dans sa première lettre. Si Dieu passe alliance avec nous, c’est bien parce qu’il veut nous rétablir dans son amour alors que nous nous en sommes éloignés par le péché. Et cette porte nous est ouverte au soir de Pâques, quand le Christ mort sur la croix ressuscite d’entre les morts.
Par notre baptême, nous sommes plongés dans cette mort et cette résurrection du Seigneur. Et le déluge, nous dit l’apôtre dans la seconde lecture, est une image du baptême. Comme Noé, nous sommes sauvés à travers le signe de l’eau. «C’était une image du baptême qui nous sauve maintenant», nous dit Pierre. «Être baptisé, ce n’est pas être purifié de souillures extérieures, mais s’engager envers Dieu avec une conscience droite, et participer ainsi à la résurrection de Jésus-Christ…» (1Pierre, 3,21).
Cette alliance nous engage! Et elle nous engage envers Dieu. Le but de cette alliance est de nous faire participer à la résurrection de Jésus-Christ. C’est la promesse de la vie éternelle que nous recevons au baptême. Pour cela, il nous faut la vivre avec une conscience droite.
Qu’est-ce que cela signifie de vivre avec une conscience droite? Nous pouvons lire dans le Youcat, le Catéchisme de l’Eglise Catholique pour les jeunes, que «la conscience est la voix intérieure présente au coeur de l’homme, qui lui enjoint absolument d’accomplir le bien et d’éviter le mal. C’est la capacité de distinguer l’un de l’autre. Dieu parle à l’homme, au fond de sa conscience.» (Youcat 295) Et au numéro 297, il nous est dit qu’il faut former sa conscience. «La conscience qui est présent au plus intime de toute personne dotée de raison peut être mal informée, voire étouffée. C’est pourquoi il faut l’éduquer pour en faire un instrument de jugement capable d’apprécier, avec toujours plus de finesse, la justesse des actes à poser.»
La conscience est donc cette voix intérieure dans laquelle Dieu se manifeste à l’homme. Dans sa conscience, nous percevons Dieu. Agir en conscience, c’est se poser la question: «est-ce que cela est juste vis à vis de Dieu?»
Ainsi pendant le temps du Carême, nous sommes invités à nous remettre devant les promesses de notre baptême, que nous renouvellerons dans la nuit de Pâques, afin d’accueillir à frais nouveaux l’alliance que Dieu passe avec nous. D’où l’invitation de l’Evangile (Marc 1,12-15) à nous convertir et à croire à la Bonne Nouvelle. Et comme pour le Christ au désert, ceci est un combat!
Marc ne détaille pas les tentations que Satan fait subir à Jésus. Mais, le fait que le Christ mène ce combat, nous invite à tenir bon nous aussi. Homme au milieu des hommes, Jésus a du faire sans cesse le choix de la fidélité à son Père. Le temps du Carême est donc là pour nous aider à renouveler notre fidélité au Père, par le Fils et dans l’Esprit Saint. Pour cela, il nous faut nous appuyer sur la Parole de Dieu, la prière, le partage et le jeûne. Voilà les armes qui nous permettrons de conformer nos pensées aux pensées de Dieu et d’entrer pleinement dans l’Alliance que Dieu ne cesse d’offrir à l’humanité.
Alors que la prière du psalmiste nous accompagne durant ce temps du carême: «Seigneur, enseigne-moi tes voies, fais-moi connaitre ta route. Dirige-moi par ta vérité, enseigne-moi, car tu es le Dieu qui me sauve.» (Psaume 24(25),4-5). Amen.
Homélie pour le 1er dimanche de Carême – Année B