Dans le symbole des Apôtres, nous confessons: «Je crois à la sainte Église catholique». Dans le symbole de Nicée-Constantinople, nous professons: «Je crois en l’Église, une, sainte, catholique et apostolique.» Qu’est-ce que cela signifie? C’est ce que nous allons essayer découvrir ou de redécouvrir ce soir, au terme de ce parcours qui nous a permis d’approfondir notre profession de foi en Dieu: Père, Fils et Saint Esprit.
Qu’est-ce que l’Église?
«Le mot “Église” [ekklèsia, du grec ek-kalein, “appeler hors”] signifie “convocation”. Il désigne des assemblées du peuple (cf. Ac 19, 39), en général de caractère religieux. C’est le terme fréquemment utilisé dans l’Ancien Testament grec pour l’assemblée du peuple élu devant Dieu, surtout pour l’assemblée du Sinaï où Israël reçut la Loi et fut constitué par Dieu comme son peuple saint (cf. Ex 19). En s’appelant “Église”, la première communauté de ceux qui croyaient au Christ se reconnaît héritière de cette assemblée. En elle, Dieu “convoque” son Peuple de tous les confins de la terre. Le terme Kyriakè dont sont dérivés church, Kirche, signifie “celle qui appartient au Seigneur”.» (Catéchisme de l’Eglise Catholique (CEC), n°751)
«Dans le langage chrétien, le mot “Église” désigne l’assemblée liturgique (cf. 1 Co 11, 18 ; 14, 19. 28. 34. 35), mais aussi la communauté locale (cf. 1 Co 1, 2 ; 16, 1) ou toute la communauté universelle des croyants (cf. 1 Co 15, 9 ; Ga 1, 13 ; Ph 3, 6). Ces trois significations sont en fait inséparables. “L’Église”, c’est le Peuple que Dieu rassemble dans le monde entier. Elle existe dans les communautés locales et se réalise comme assemblée liturgique, surtout eucharistique. Elle vit de la Parole et du Corps du Christ et devient ainsi elle-même Corps du Christ.» (CEC 752)
Nous venons de l’entendre, l’Église vit de la Parole et du du Corps du Christ. «Quand nous recevons les sacrements et que nous écoutons la Parole de Dieu, le Christ est en nous et nous sommes en lui – c’est cela l’Église.» (Youcat, n°121). Dans la bible, nous trouvons de nombreux passages qui évoquent, en image, l’étroite communauté de vie personnelle de tous les baptisés avec Jésus. Ainsi nous y découvrons l’Église comme peuple de Dieu, comme épouse du Christ, comme mère, comme famille de Dieu, comme corps du Christ, comme Temple de l’Esprit. L’Église n’est pas qu’une pure institution. «L’Église est la présence de Dieu au milieu des hommes.» (Youcat, n°121)
Ainsi l’Église se reçoit, elle se reçoit de Dieu et plus particulièrement du Fils. «C’est le Christ qui, par l’Esprit Saint, donne à son Église, d’être une, sainte,catholique et apostolique, et c’est Lui encore qui l’appelle à réaliser chacune de ces qualités.» (CEC 811). Approfondissons donc ce que signifie chacun de ces attributs.
L’Église est une
Nous venons de le voir, l’Église se reçoit du Christ. «L’Église est le Corps du Christ. Par l’Esprit et son action dans les sacrements, surtout l’Eucharistie, le Christ mort et ressuscité constitue la communauté des croyants comme son Corps.» (CEC 805) «L’Église est ce Corps dont le Christ est la Tête: elle vit de Lui, en Lui et pour Lui; Il vit avec elle et en elle.» (CEC 807)
Il n’y a qu’un seul Christ. Il ne peut donc y avoir qu’un seul corps du Christ donc une seule Église de Jésus-Christ. Au sein du corps, il y a plusieurs membres qui pourtant ne forme qu’un seul corps.
«Dès l’origine, cette Église une se présente cependant avec une grande diversité qui provient à la fois de la variété des dons de Dieu et de la multiplicité des personnes qui les reçoivent. Dans l’unité du Peuple de Dieu se rassemblent les diversités des peuples et des cultures. Entre les membres de l’Église existe une diversité de dons, de charges, de conditions et de modes de vie; “au sein de la communion de l’Église il existe légitimement des Églises particulières, jouissant de leurs traditions propres” (LG 13). La grande richesse de cette diversité ne s’oppose pas à l’unité de l’Église. Cependant, le péché et le poids de ses conséquences menacent sans cesse le don de l’unité. Aussi l’apôtre doit-il exhorter à “garder l’unité de l’Esprit par le lien de la paix” (Ep 4, 3).» (CEC 814)
Quels sont ces liens de l’unité? Saint Paul nous répond: «Par dessus tout c’est la charité, qui est le lien de la perfection.» (Colossiens 3,14). Cette unité de l’Église est aussi assurée par des liens visibles de communion:
- une profession de foi commune reçue des Apôtres;
- La célébration commune du culte divin, surtout les sacrements;
- La succession apostolique par le sacrement de l’Ordre, maintenant la concorde fraternelle de la famille de Dieu.
Quand n’est-il de nos frères et soeurs chrétiens non catholiques? Voici ce que nous dit le Youcat: «Tous les baptisés font partie de l’Église de Jésus-Christ. C’est pourquoi les baptisés qui ne sont pas en pleine communion avec l’Église catholique sont appelés chrétiens à bon droit et sont de ce faits nos soeurs et nos frères.
Les ruptures dans l’unique Église du Christ sont nées de falsifications de l’enseignement du Christ, de fautes humaines et d’une insuffisante volonté de réconciliation – surtout chez les dignitaires religieux. Les chrétiens d’aujourd’hui ne sont pas responsables des divisions historiques de l’Église. Pour le salut de l’humanité, l’Esprit Saint agit également dans les Églises et dans les communautés ecclésiales séparées de l’Église catholique. Tous les dons existants, comme par exemple l’Écriture Sainte, les sacrements, la foi, l’espérance, la charité et les autres charismes viennent du Christ. Là où vit l’Esprit du Christ existe une dynamique interne en direction de la «restauration de l’unité», car tout ce qui lui appartient aspire à s’assembler.» (Youcat, n°130)
La prière du Christ: «Que tous soient un…», au chapitre 17 de l’évangile selon saint Jean doit être notre préoccupation première. Je vous renvois à l’homélie du 7ème dimanche de Pâques de cette année.
L’Église est sainte
«L’Église (…) est aux yeux de la foi indéfectiblement sainte. En effet le Christ, Fils de Dieu, qui, avec le Père et l’Esprit, est proclamé ‘seul Saint’, a aimé l’Église comme son épouse, il s’est livré pour elle afin de la sanctifier, il se l’est unie comme son Corps et l’a comblée du don de l’Esprit Saint pour la gloire de Dieu ” (LG 39). L’Église est donc “le Peuple saint de Dieu” (LG 12), et ses membres sont appelés “saints” (cf. Ac 9, 13 ; 1 Co 6, 1 ; 16, 1).» (CEC 823)
«L’Église, unie au Christ, est sanctifiée par Lui; par Lui et en Lui elle devient aussi sanctifiante. “Toutes les œuvres de l’Église tendent comme à leur fin, à la sanctification des hommes dans le Christ et à la glorification de Dieu ” (Sacro Sanctum 10). C’est dans l’Église qu’est déposée ” la plénitude des moyens de salut ” (UR 3). C’est en elle que ” nous acquérons la sainteté par la grâce de Dieu ” (Lumen Gentium 48).» (CEC 824)
«Sur terre, l’Église est parée d’une sainteté véritable, bien qu’imparfaite ” (LG 48). En ses membres, la sainteté parfaite est encore à acquérir : ” Pourvue de moyens salutaires d’une telle abondance et d’une telle grandeur, tous ceux qui croient au Christ, quels que soient leur condition et leur état de vie, sont appelés par Dieu chacun dans sa route, à une sainteté dont la perfection est celle même du Père ” (LG 11).» (CEC 825)
La charité est l’âme de la sainteté à laquelle tous sont appelés : “Elle dirige tous les moyens de sanctification, leur donne leur âme et les conduit à leur fin” (LG 42) :
Je compris que si l’Église avait un corps, composé de différents membres, le plus nécessaire, le plus noble de tous ne lui manquait pas, je compris que l’Église avait un Cœur, et que ce Cœur était brûlant d’amour. Je compris que l’Amour seul faisait agir les membres de l’Église, que si l’Amour venait à s’éteindre, les apôtres n’annonceraient plus l’Évangile, les Martyrs refuseraient de verser leur sang (…). Je compris que l’Amour renfermait toutes les vocations, que l’amour était tout, qu’il embrassait tous les temps et tous les lieux (…) en un mot, qu’il est éternel ! (Ste. Thérèse de l’Enfant-Jésus, ms. autob. B 3v). (CEC 826)
«Tandis que le Christ saint, innocent, sans tache, venu uniquement pour expier les péchés du peuple, n’a pas connu le péché, l’Église, elle, qui renferme des pécheurs dans son propre sein, est donc à la fois sainte et appelée à se purifier, et poursuit constamment son effort de pénitence et de renouvellement ” (LG 8 ; cf. UR 3 ; 6). Tous les membres de l’Église, ses ministres y compris, doivent se reconnaître pécheurs (cf. 1 Jn 1, 8-10). En tous, l’ivraie du péché se trouve encore mêlée au bon grain de l’Évangile jusqu’à la fin des temps (cf. Mt 13, 24-30). L’Église rassemble donc des pécheurs saisis par le salut du Christ mais toujours en voie de sanctification:
L’Église est sainte tout en comprenant en son sein des pécheurs, parce qu’elle n’a elle-même d’autre vie que celle de la grâce : c’est en vivant de sa vie que ses membres se sanctifient ; c’est en se soustrayant à sa vie qu’ils tombent dans les péchés et les désordres qui empêchent le rayonnement de sa sainteté. C’est pourquoi elle souffre et fait pénitence pour ces fautes, dont elle a le pouvoir de guérir ses enfants par le sang du Christ et le don de l’Esprit Saint (SPF 19). (CEC 827)
«En canonisant certains fidèles, c’est-à-dire en proclamant solennellement que ces fidèles ont pratiqué héroïquement les vertus et vécu dans la fidélité à la grâce de Dieu, l’Église reconnaît la puissance de l’Esprit de sainteté qui est en elle et elle soutient l’espérance des fidèles en les leur donnant comme modèles et intercesseurs (cf. LG 40 ; 48-51). ” Les saints et les saintes ont toujours été source et origine de renouvellement dans les moments les plus difficiles de l’histoire de l’Église ” (CL 16, 3). En effet, ” la sainteté est la source secrète et la mesure infaillible de son activité apostolique et de son élan missionnaire ” (CL 17, 3).» (CEC 828)
«En la personne de la bienheureuse Vierge l’Église atteint déjà à la perfection qui la fait sans tache ni ride. Les fidèles du Christ, eux, sont encore tendus dans leur effort pour croître en sainteté par la victoire sur le péché : c’est pourquoi ils lèvent leurs yeux vers Marie ” (LG 65) : en elle, l’Église est déjà la toute sainte.» (CEC 829)
L’Église est catholique
«Le mot “catholique” signifie “universel” dans le sens de “selon la totalité” ou “selon l’intégralité”. L’Église est catholique dans un double sens:
Elle est catholique parce qu’en elle le Christ est présent. “Là où est le Christ Jésus, là est l’Église Catholique” (S. Ignace d’Antioche, Smyrn. 8, 2). En elle subsiste la plénitude du Corps du Christ uni à sa Tête (cf. Ep 1, 22-23), ce qui implique qu’elle reçoive de lui “la plénitude des moyens de salut” (AG 6) qu’Il a voulus: confession de foi droite et complète, vie sacramentelle intégrale et ministère ordonné dans la succession apostolique. L’Église était, en ce sens fondamental, catholique au jour de la Pentecôte (cf. AG 4) et elle le sera toujours jusqu’au jour de la Parousie.» (CEC 830)
«Elle est catholique parce qu’elle est envoyée en mission par le Christ à l’universalité du genre humain (cf. Mt 28, 19):
Tous les hommes sont appelés à faire partie du Peuple de Dieu. C’est pourquoi ce Peuple, demeurant un et unique, est destiné à se dilater aux dimensions de l’univers entier et à toute la suite des siècles pour que s’accomplisse ce que s’est proposé la volonté de Dieu créant à l’origine la nature humaine dans l’unité, et décidant de rassembler enfin dans l’unité ses fils dispersés (…). Ce caractère d’universalité qui brille sur le Peuple de Dieu est un don du Seigneur lui-même, grâce auquel l’Église catholique, efficacement et perpétuellement, tend à récapituler l’humanité entière avec tout ce qu’elle comporte de biens sous le Christ chef, dans l’unité de son Esprit (Lumen Gentium 13).» (CEC 831)
L’Église est apostolique
«L’Église est apostolique parce qu’elle est fondée sur les apôtres, et ceci en un triple sens :
- elle a été et demeure bâtie sur “le fondement des apôtres” (Ep 2,20; Ap 21,14), témoins choisis et envoyés en mission par le Christ lui-même (cf. Mt 28,16-20; Ac 1,8; 1 Co 9, 1; 15,7-8 ; Ga 1, 1; etc.);
- elle garde et transmet, avec l’aide de l’Esprit qui habite en elle, l’enseignement (cf. Ac 2,42), le bon dépôt, les saines paroles entendues des apôtres (cf. 2 Tm 1,13-14);
- elle continue à être enseignée, sanctifiée et dirigée par les apôtres jusqu’au retour du Christ grâce à ceux qui leurs succèdent dans leur charge pastorale: le collège des évêques, “assisté par les prêtres, en union avec le successeur de Pierre, pasteur suprême de l’Église” (AG 5) :
Père éternel, tu n’abandonnes pas ton troupeau, mais tu le gardes par tes bienheureux apôtres sous ta constante protection. Tu le diriges encore par ces mêmes pasteurs qui continuent aujourd’hui l’œuvre de ton Fils (MR, Préface des apôtres).» (CEC 857)
Conclusion
En abordant le Mystère de l’Église à travers ces quatre attributs, nous n’avons pas tout vu de l’Église. Nous aurions pu aussi l’aborder de la façon dont il est présenté dans les textes du Concile Vatican II: Peuple de Dieu, Corps du Christ, Temple de l’Esprit Saint. Dans le Catéchisme de l’Église Catholique, l’article sur l’Église est le plus long. Il y aurait donc encore beaucoup à dire… Vous pouvez trouver ici une autre catéchèse sur l’Église déjà paru sur ce blog et dont certains éléments ont été repris ici.