Dans la société actuelle où la course à la première place est de mise, Jésus nous offre, aujourd’hui, un précieux conseil. C’est même en fin pédagogue qu’il nous l’offre!
Invité à un repas, Jésus observe les invités qui prennent systématiquement la première place. Par une image dont il a le secret, Jésus va nous livrer un enseignement valable pour chacun. «Quand tu es invité à des noces, nous dit-il, ne va pas te mettre à la première place.» (Luc 14,8) Pourquoi? Peut-être, y-a-t-il, tout simplement, quelqu’un de plus important qui a été invité! Et si c’est le cas, je risque tout simplement d’être humilié si on vient à me demander de lui céder ma place. Pour éviter cette humiliation publique, Jésus nous invite simplement à nous humilier nous-même en allant chercher la dernière place: «Quand viendra celui qui t’a invité, il te dira : ‘Mon ami, avance plus haut’, et ce sera pour toi un honneur aux yeux de tous ceux qui sont à table avec toi.» (Luc 14,10)
Cette attitude humble, même si nous est pas facile de le vivre, est très importante. Elle nous permet de renoncer à une quête effrénée des honneurs. Elle nous invite à nous suffire des seuls honneurs qui nous seront donnés, et en particulier à ne recevoir l’honneur et la gloire que de Dieu.
Dans un deuxième exemple, Jésus nous conseille d’inviter à notre table: les pauvres, les estropiés, les boiteux et les aveugles… ceux qui ne nous rendrons pas les honneurs d’une autre invitation mondaine dans ce bas monde… mais que Dieu lui-même nous rendra à la résurrection.
Ces conseils d’humilité mettent en lumière aussi les mots de Ben Sirac le Sage (cf. la première lecture): «Mon fils, accomplis toute chose dans l’humilité, et tu seras aimé plus qu’un bienfaiteur. Plus tu es grand, plus il faut abaisser: tu trouveras grâce devant le Seigneur. La puissance du Seigneur est grande, et les humbles lui rendent gloire.» (Si 3,17-18.20)
Mais qu’est-ce que l’humilité? L’humilité nous permet de nous présenter devant Dieu tel que nous sommes. La lumière que Dieu nous accorde dans cette attitude d’humilité nous fait découvrir notre finitude et notre petitesse mais celles-ci ne nous écrasent pas. Elles ne sont pas une occasion de tristesse ou de désespérance. Bien au contraire, cette attitude va être une source de joie: je vais découvrir la grandeur de mon identité, de mon être qui est capable de dialoguer avec le Créateur et d’accepter avec une liberté totale ma dépendance par rapport à Lui. L’humilité nous permet d’expérimenter une plénitude intérieure qui s’exprime dans une relation personnelle avec Dieu qui nous a créés, qui nous maintient dans l’existence et se révèle à nous avec un visage humain en Jésus Christ. L’humble entend avec confiance l’appel de Dieu, aussi déconcertant soit-il, et il l’accepte avec joie et avec foi.
Comment ne pas voir dans ces mots, la description de celle avec qui nous allons passer cette neuvaine à contempler le Christ: la Vierge Marie elle-même. Nous ne pouvons pas vivre les sages conseils de Jésus sans prendre exemple sur la Vierge Marie.
L’humilité de la Vierge Marie n’est en rien narcissique. Il concerne simplement le rapport que la Vierge Marie a avec Dieu qui regarde sa sa servante bien-aimée. L’amour de Marie est humble car il se met au service de l’Amour. Par son ‘oui’, Marie accepte d’appartenir à Dieu en lui donnant sa chair.
Marie est l’humble servante parce qu’elle a accepté de devenir la demeure du Verbe de Dieu. Elle «conservait dans son coeur tout ce qu’elle écoutait et voyait, de façon à ce que la Parole portât du fruit dans sa vie.» (Pape François, Lumen Fidei n°58). L’humilité de Marie lui permet, dans sa petitesse, d’accueillir la grandeur de Dieu. En contemplant l’humilité de la Vierge Marie, nous ouvrons la grande et belle porte de la foi. «Bienheureuse celle qui a cru.» (Luc 1,45) proclame Elisabeth au début de l’évangile selon saint Luc.
Sur cette foi de Marie, le pape François écrit dans son encyclique ‘Lumière de la foi’: «En Marie, Fille de Sion, s’accomplit la longue histoire de foi de l’Ancien Testament, avec le récit de la vie de beaucoup de femmes fidèles, à commencer par Sara, femmes qui, à côté des Patriarches, étaient le lieu où la promesse de Dieu s’accomplissait, et la vie nouvelle s’épanouissait. À la plénitude des temps, la Parole de Dieu s’est adressée à Marie, et elle l’a accueillie avec tout son être, dans son coeur, pour qu’elle prenne chair en elle et naisse comme lumière pour les hommes. (…) En la mère de Jésus, en effet, la foi a porté tout son fruit, et quand notre vie spirituelle donne du fruit, nous sommes remplis de joie, ce qui est le signe le plus clair de la grandeur de la foi. Dans sa vie, Marie a accompli le pèlerinage de la foi en suivant son Fils. Ainsi, en Marie, le chemin de foi de l’Ancien Testament est assumé dans le fait de suivre Jésus, et il se laisse transformer par Lui, en entrant dans le regard-même du Fils de Dieu incarné.» (Lumen Fidei n°58)
En ces jours de neuvaine, approchons avec confiance de la Vierge Marie. Mettons-nous à son école pour entrer avec elle dans l’intimité de Jésus. N’ayons pas peur de lui demander la grâce de l’humilité et de la foi, pour que notre propre oui à la Parole de Dieu soit la véritable joie de notre vie. Qu’en cette nouvelle année scolaire et pastorale qui débute, nous osions témoigner avec joie de notre foi en Jésus Christ. Amen.
Homélie pour le 22e dimanche ordinaire – Année C
Ouverture de la neuvaine à Notre Dame de Foy – Canchy
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