«Mais qu’est-ce que j’ai fait au bon Dieu?». Cette question vient souvent à nos lèvres quand nous sommes confrontés au problème du mal et de la souffrance de façon personnelle.
Quel est le péché de ces personnes que le sanguinaire Hérode a fait massacrer? Quel est le péché de ces dix-huit personnes mortes suite à l’effondrement de la tour de Siloé? Ces faits divers, nous en lisons régulièrement dans les journaux. Et toujours la même question: «qu’est-ce qu’ils ont fait au bon Dieu?», «pourquoi cette souffrance?»
C’est cette même question qui taraude les interlocuteurs de Jésus dans l’Évangile de ce jour. Et ils désirent une réponse! Si Jésus ne donne pas de réponse à la question de la souffrance, il nous enseigne quand même que souffrance et péché n’ont pas de lien direct. Les catastrophes de la vie ne doivent pas être prises comme des punitions de Dieu.
La réponse de Jésus n’a d’autres but que de restaurer en nous l’image de Dieu. Dieu ne veut pas la mort du pécheur. Il veut qu’il se convertisse et qu’il vive! Jésus nous invite à considérer les faits de la vie dans la perspective de la conversion. La maitrise des évènements nous échappe. Ils ne sont pour nous qu’un appel à vivre sans jamais perdre confiance en Dieu.
La parabole qu’utilise Jésus dans la deuxième partie de l’Évangile nous introduit dans la patience de Dieu sur notre chemin de conversion. Le figuier stérile, c’est nous. Et comme le vigneron de la parabole, Dieu patiente et nous donne la possibilité de changer, de progresser. Cependant, ce n’est pas demain qu’il faut nous convertir. C’est maintenant! Compter sur la miséricorde de Dieu, ce n’est pas excuser notre médiocrité spirituelle. Cette miséricorde divine doit être pour nous l’occasion d’avoir un seul et unique grand désir: vouloir toujours plus correspondre à l’amour du Père par un amour filial de plus en plus grand. Nous devons nous convertir à Dieu et pas à nous-même!
La conversion chrétienne n’est pas en premier une conversion morale, c’est-à-dire un engagement ascétique pour nous changer nous-même. La conversion chrétienne signifie faire place à Dieu. C’est le laisser entrer dans notre vie. Dans le livre de l’Apocalypse, nous pouvons lire: «Voici que je me tiens à la porte et je frappe: si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui, je prendrai un repas avec lui et lui avec moi.» (Apocalypse 3,20) Si je n’ouvre pas la porte au Christ, il n’entrera pas!
Se convertir est donc entrer dans une relation vraie avec Dieu. Comment? En croyant à la Bonne Nouvelle, en croyant à l’Évangile. Dieu nous aime! C’est la découverte de cet amour qui rend possible ma conversion morale, c’est-à-dire ajuster ma vie à l’amour de Dieu. Pour cela, il me faut avant tout accueillir la grâce de Dieu pour mener une vie intègre.
Dieu nous fait don de la vie, non pas pour rêver notre vie, ni pour sombrer dans la somnolence et la paresse mais pour élever notre regard vers Dieu et vers Celui qu’il nous a envoyé: Jésus, son propre fils.
La conversion est un choix de liberté que nous avons à vivre: choisir entre la confiance en Dieu et le soupçon. Choisir la confiance, c’est croire une fois pour toute que le dessein de Dieu pour l’humanité est bienveillant. Laissons les mots de la prière du psaume nous habiter: «Bénis le Seigneur, ô mon âme, n’oublie aucun de ses bienfaits! Car il pardonne toutes tes offenses et te guérit de toute maladie; il réclame ta vie à la tombe et te couronne d’amour et de tendresse. (…) Le Seigneur est tendresse et pitié, lent à la colère et plein d’amour.» (Psaume 102(103) 2-4.8) Amen.
Homélie pour le 3ème dimanche de Carême – Année C