Voici le beau temps qui revient ! Ne sentez-vous pas la chaleur quand le soleil monte dans le ciel de ce mois de mars ? Le printemps approche ! La vie va rejaillir de la nature endormie ! Il est venu le temps de se préparer à l’accueil de cette vie ! Ainsi, comme tous les ans, l’heure est venue pou le ménage de printemps !
Nettoyer, dépoussiérer, balayer, ranger, trier, jeter… rien de tel pour se sentir bien chez soi et retrouver le moral ! Rien de tel pour faire de la place, accueillir le neuf ou redécouvrir des trésors ensevelis par le temps !
Frères et soeurs, avec le Carême qui commence, voici venu le temps joyeux de faire du ménage, de faire du rangement dans notre vie. Oui, les quarante jours qui nous séparent de la grande fête de Pâques, sont là pour nous préparer à accueillir le soleil de notre vie, la vie même d’enfant de Dieu. Alors au travail !
Oui, au travail ! Car si ce n’est pas une corvée de faire le ménage, c’est un combat ! Il faut nous y mettre, s’atteler à la tâche. La joie et le bien-être sont là quand tout est fini ! Comment accueillir cette joie ?
Dans notre vie personnelle, il y a souvent beaucoup de choses qui sont désordonnées : nos passions, nos désirs, nos blessures affectives, notre besoin d’être aimé, notre besoin de reconnaissance, etc… Voilà ce qu’il nous faut ranger, mettre en ordre. La question que nous devons-nous poser alors est : « qu’est-ce qui m’empêche d’être libre ? ».
Les trois piliers que nous présente Jésus dans l’Évangile de ce jour, sont là pour nous aider à faire ce ménage. En tout premier, le jeûne : celui-ci me permet de faire de la place pour Dieu. Il nous permet de reconnaître que Dieu est l’unique nécessaire de notre vie. Ainsi, par la place que je vais faire en me privant de ce qui encombre ma vie, que ce soit la nourriture, la télévision, l’ordinateur, le téléphone, la console de jeux, ou que ce soit le bruit, je vais créer en moi un désir, un immense désir. Je vais découvrir que cet espace libéré dans ma vie, m’appelle à plus grand, nous invite à accueillir une présence qui est là : Dieu lui-même.
Le jeûne va créer en moi, va m’inviter à prendre le temps de cette rencontre personnelle avec Dieu, dans la prière, dans la lecture et la méditation de sa Parole, dans la vie sacramentelle… Dans le jeûne et la prière, je vais découvrir que je suis aimé, aimé infiniment par Dieu. Il est là, il m’attend ! Je n’ai qu’à pousser la porte de mon cœur pour le trouver.
Disponible à cet amour, découvrant l’immensité de cet amour inconditionnel, comment alors ne pas avoir envie de le partager, de le dire au monde ? Du jeûne et de la prière, nait le partage. Cet amour que je reçois est doublement reçu dans la mesure où je le partage, dans la mesure où je le vis, moi aussi à la manière du Christ : en donnant ma propre vie pour les autres.
Frères et soeurs, en venant recevoir aujourd’hui les cendres qui vont être imposer sur nos fronts, nous venons, dire humblement à Dieu et au monde, que nous désirons humblement entrer sur le chemin de la vie, sur le chemin du salut, que nous n’avons pas d’autres désirs que de nous laisser réconcilier avec Dieu!
Frère et soeurs, en ce début de Carême, laissez-moi, dans une autre métaphore, empruntée à Saint Pierre Chrisologue vous inviter à la joie du Carême : « nous commençons aujourd’hui le grand voyage du Carême. Emportons donc dans notre navire toute notre provision de nourriture et de boisson, en plaçant sur la caisse la miséricorde abondante dont nous aurons besoin. Car notre jeûne a faim, notre jeûne a soif, s’il ne se nourrit pas de bonté, s’il ne se désaltère pas de miséricorde. Notre jeûne a froid, notre jeûne défaille, si la toison de l’aumône ne le couvre pas, si le vêtement de la compassion ne l’enveloppe pas.
Frères, ce que le printemps est pour les terres, la miséricorde l’est pour le jeûne : le vent doux printanier fait fleurir tous les bourgeons des plaines ; la miséricorde du jeûne fait pousser toutes nos semences jusqu’à la floraison, leur fait porter fruit jusqu’à la récolte céleste. Ce que l’huile est pour la lampe, la bonté l’est pour le jeûne. Comme la matière grasse de l’huile allume la lumière de la lampe et, avec une aussi faible nourriture, la fait luire pour le réconfort de toute une nuit, ainsi la bonté fait resplendir le jeûne : il jette des rayons jusqu’à atteindre le plein éclat de la continence. Ce que le soleil est au jour, l’aumône l’est pour le jeûne : la splendeur du soleil accroît l’éclat du jour, dissipe l’obscurité des nuées ; l’aumône accompagnant le jeûne en sanctifie la sainteté et, grâce à la lumière de la bonté, chasse de nos désirs tout ce qui pourrait être mortifère. Bref, ce que le corps est pour l’âme, la générosité en tient lieu pour le jeûne : quand l’âme se retire du corps, elle lui apporte la mort ; si la générosité s’éloigne du jeûne, c’est sa mort. » (Sermon 8 )
Homélie pour le Mercredi des Cendres
Les textes de la Parole de Dieu, c’est ici !