Mon Dieu, je suis grand, je suis beau…

Mon Dieu, je suis grand, je suis beau... 1 missions2010Souvenir, souvenir… dimanche dernier, Jésus nous racontait la parabole de la veuve et l’enseignement qu’il nous livrait à travers cette histoire est la persévérance dans la prière. Aujourd’hui, nous entendons une autre parabole du Christ sur la prière : la parabole du pharisien et du publicain. Non, non, je n’ai pas dit la parabole du parisien et du républicain ! J’ai dit pharisien et publicain !

Les publicains sont très mal vus car ils sont au service de l’occupant romain. Ils sont donc taxés d’être des collaborateurs. Leur mission était de collecter les impôts pour le pouvoir romain. Pour cela, ils versaient, à l’avance, la somme fixée par le pouvoir… à eux de se rembourser sur leurs concitoyens ensuite. Les mauvaises langues prétendaient qu’ils se remboursaient largement plus. (Nous pouvons d’ailleurs penser à notre ami Zachée qui promet à Jésus de rembourser au quadruple ceux qu’il a lésé). Dans notre histoire, puisque la parabole est une histoire destinée à nous faire comprendre une vérité, le publicain, au cours de sa prière, n’ose même pas lever les yeux au ciel et se frappe la poitrine en disant : « Mon Dieu, prends pitié du pécheur que je suis ! » (Luc 18,13). Le comportement de ce publicain a toutes les chances d’être vrai.

Les pharisiens méritaient, eux, une meilleur réputation : ils sont fidèles à la Loi, jeûne régulièrement, pratique l’aumône… Ils manifestent facilement leur désir de plaire à Dieu. Ainsi, le comportement de ce pharisien a toutes les chances d’être vrai. Il n’invente rien : « Mon Dieu, je te rends grâce parce que je ne suis pas comme les autres hommes : voleurs, injustes, adultères, ou encore comme ce publicain. Je jeûne deux fois par semaine et je verse le dixième de tout ce que je gagne. » (Luc 18, 11-12)… mais est-ce une prière ou une contemplation de soi-même ? Je parle de moi, il n’y a que ça qui m’intéresse : mon Dieu, je suis grand, je suis beau… admire moi !

Deux détails de la parabole employée par Jésus nous donnent aussi une indication précieuse sur notre attitude : le pharisien se tient là et le publicain se tient à distance. (Luc 18,11.13). Il ne s’agit pas de conclure trop vite que ceux qui sont assis au dernier rang ont une attitude plus juste que ceux du premier rang ! Nous ne savons pas où le pharisien et le publicain sont situé dans le Temple. Nous savons simplement que le pharisien est là et prie en lui-même (Luc 18,11). Le lieu est en lui-même ! Preuve de son autosuffisance. Le publicain vient les mains vides, se frappant la poitrine, n’osant même pas regarder vers le Ciel. Il se tient à distance, ne se sentant pas digne d’être là.

Que retenir de l’enseignement de cette parabole ? Nous pouvons, en premier lieu, nous souvenir ce que ben Sirac le Sage nous a dit dans la première lecture : « Le Seigneur est un juge qui ne fait pas de différence entre les hommes. » (35,12), « Celui qui sert Dieu de tout son cœur est bien accueilli, et sa prière parvient jusqu’au ciel. » (35,16)

En second lieu, nous pouvons réentendre l’action de grâce que Paul formule au milieu des chaines qui les tiennent prisonnier. Au milieu de l’oppression qu’il vit, il marque sa confiance en Dieu et reconnaît l’œuvre que le Seigneur lui-même a accomplie.

A la lumière de l’attitude du pharisien et de saint Paul nous pouvons redécouvrir que l’action de grâce n’est pas un auto-encensement mais qu’elle s’adresse à Dieu pour ce qu’il fait, par ce qu’il est et non pas par ce que nous sommes. Nous rendons grâce au Seigneur pour ce qu’il accomplit en nous. Nous rendons grâce « à Dieu pour ce qu’il est. Nous n’avons pas à rendre grâce de ce que nous sommes, sinon pour admirer la transformation que le Seigneur peut faire dans le lumière de l’Esprit. » (MJ Le Guillou, o.p)

Cette action de grâce ne peut émaner que de l’attitude du publicain qui ne cesse d’implorer la miséricorde divine, qui attend cette miséricorde. A la lumière de Dieu, il accepte la vérité de ce qu’il est et la présente avec confiance à Dieu afin que Dieu lui-même vienne prendre place en sa vie. Il se reconnaît pauvre devant la richesse et la splendeur de Dieu. Il croit et s’appuie sur la puissance infinie d’amour de Dieu et désir laisser Dieu agir dans sa propre vie afin de devenir un être d’action de grâce.

C’est cette attitude qui fera de nous des missionnaires heureux de témoigner de cette espérance qui nous habite. Dieu n’est pas celui qui distribue des bons ou des mauvais points en fonction de nos attitudes, de notre agir. Dieu est celui qui nous comble d’amour car tout mon cœur, mon esprit, mon âme, tout mon être est tourné vers lui, les mains vides, espérant sa miséricorde.

Que la grâce de cette Eucharistie convertisse l’orgueil qui nous habite en véritable humilité et fasse de nous des véritables chercheurs de Dieu. Ainsi, avec le psalmiste, nous pourrons véritablement témoigner : « Joie pour les cœurs qui cherchent Dieu. » (Psaume 104,3). Amen.

Homélie pour le 30ème dimanche ordinaire – année C

1ère lecture : Siracide 35,12-14.16-18 ; Psaume 33(34) ;
2de lecture : 2 Timothée 4,6-8.16-18 ; Évangile : Luc 18,9-14

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