Toussaint
Année A
La Parole de Dieu :
- Apocalypse 7,2-4.9-14
- Psaume 23
- 1 Jean 3,1-3
- Matthieu 5,1-12a
En préparant l’homélie de ce jour, ces mots du prophète Jérémie sont venus habiter ma prière : « Quand je rencontrais tes paroles, je les dévorais ; elles faisaient ma joie, les délices de mon cœur, parce que ton nom était invoqué sur moi, Seigneur Dieu de l’univers. » (Jérémie 15,16)
« Ton nom était invoqué sur moi… » : c’est cette Bonne Nouvelle qu’ont découvert tous les saints fêtés ce jour ! C’est cette Bonne Nouvelle qui doit habiter notre cœur de baptisé ! Au jour de notre baptême, le nom du Seigneur a été invoqué sur nous : « Je te baptise au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. ». Nous sommes plongés en Dieu lui-même. Nous sommes plongés au cœur de la vie de la Sainte Trinité elle-même. Cette réalité est vécue par tout chrétien… et donc celles et ceux qui nous ont précédé au Royaume de Dieu, nos frères et sœurs les saints.
Comment sont-ils parvenus à la sainteté ? Certainement pas parce qu’ils étaient parfaits ! Ni parce qu’ils ont fait des choses extraordinaires ! Non, ils sont parvenus à la sainteté parce qu’ils ont laissé cette vie de Dieu jaillir en eux. Ils ont vécu de cette vie de la Sainte Trinité qu’ils ont reçu au baptême… quand le nom du Seigneur a été invoqué sur eux. Ils se sont alors laissés habiter par la Parole de Dieu. Celle-ci faisait leur joie, les délices de leur cœur. Elle les comblait, elle les nourrissait.
Les saints ont, simplement, accueilli, jour après jour, le grand amour que le Père leur a donné parce que, par le baptême, ils ont été appelés enfant de Dieu. Ils ont mis leur espérance en lui et celle-ci les a rendus « pur comme lui-même est pur » (1 Jean 3,3).
La fête de tous les saints est là pour nous encourager sur le chemin de notre vie baptismale. Nous aussi, nous sommes appelés à la sainteté. C’est la vocation, l’appel que nous avons tous reçu à notre baptême. Reprenons conscience, frères et sœurs, que le nom du Seigneur a été invoqué sur nous. Nous sommes habités par la vie même de la Sainte Trinité. Nous sommes habités par la vie du Père et du Fils et du Saint Esprit. C’est cette réalité qu’il nous faut apprendre à accueillir jour après jour, encouragé par celles et ceux qui sont parvenus au terme du chemin : tous les saints que nous fêtons aujourd’hui.
Comme chacun des saints, nous sommes invités à accueillir cette vie de Dieu dans la réalité de notre vie. Certains l’ont accueilli comme épouse ou époux, comme couple, comme religieux ou religieuse, comme prêtre ou simplement au nom de leur baptême. Certains l’ont accueilli dans la pauvreté ou dans les larmes. D’autres l’ont accueilli dans la douceur ou la pureté d’un cœur chaste. Certains ont été témoins de la miséricorde. D’autres se sont battus pour la justice ou ont été artisan de paix. D’autres encore ont été persécutés, insultés, calomniés à cause de Jésus. Tous ont été déclaré bienheureux parce qu’à travers tout cela la Parole de Dieu faisait la joie, les délices de leur cœur.
Cette Parole était, pour eux, nourriture quotidienne. Elle était nourriture quotidienne parce que méditée dans la prière. Elle était nourriture quotidienne parce que mise en application chaque jour. Elle était nourriture quotidienne parce que célébrée dans les sacrements. Priée, vécue et célébrée, cette Parole était la source d’un immense amour. Portée par la foi, vécue dans l’amour, habitée par l’espérance, cette vie est devenue, pour tous les saints, une rencontre vivante, un face à face éternel avec le Dieu vivant et vrai. Elle est une rencontre avec Dieu Père, Fils et Saint Esprit.
Cette vie, frères et sœurs, nous sommes appelés à la partager nous aussi. Elle n’est pas hors de portée. Dieu nous y appelle. Oui, au jour de notre baptême, il a invoqué sur nous son nom. Il nous a donné la grâce pour répondre à son appel, pour accueillir sa Parole afin qu’elle fasse la « joie, les délices de notre cœur » (Jérémie 15,16). Ceci, non pas en nous épargnant les difficultés et les épreuves de la vie, mais qu’à travers celles nous sachions nous nourrir de cette Parole. Qu’elle soit nourriture au cœur de notre prière et au cœur de notre action. Nourrissons notre vie de l’exemple de celles et ceux qui sont déjà entrés dans la gloire de Dieu. Invoquons leurs prières afin qu’ils nous entrainent à leur suite. Invoquons leurs secours afin qu’ils nous apprennent à accueillir la grâce de Dieu en toutes choses. Invoquons-les, qu’ils nous aident, après notre mort sur cette terre et notre naissance au Ciel, à entrer dans la « foule immense », la « foule de toutes nations, tribus, peuple et langues » qui se tiendra « debout devant le Trône de l’Agneau, vêtus de robes blanches, avec des palmes à la main » (Apocalypse 7,9).
Prions aussi les uns pour les autres afin de nous encourager, de nous soutenir dans notre réponse à la vocation que le Seigneur nous a donné au baptême. Prions les uns pour les autres afin que nous répondions d’un cœur joyeux à l’appel à la sainteté que le Seigneur nous adresse. Ce n’est pas seul, à la force du poignet que nous réaliserons notre sainteté. C’est en marchant ensemble, nous portant ou nous supportant les uns les autres que nous réaliserons notre sainteté.
L’appel à la sainteté n’est pas qu’un chemin pour les autres. Il est aussi un chemin pour moi ! Le nom du Seigneur a été invoqué sur moi. Sa Parole fait la joie, les délices de mon cœur. Elle est une nourriture priée, vécue et célébrée qui fortifie ma vie et m’aide à devenir ce que je dois être : un enfant de Dieu. C’est là que se trouve l’accomplissement de mon baptême. C’est là que se trouve ma sainteté personnelle pour le bien de tous ! Recevons cet appel du Seigneur avec foi. Amen.