Ouvrons les écluses!

Ecluses du CrotoyNous connaissons bien cette parabole du fils prodigue. Ce dernier demande à son père sa part d’héritage et quitte la maison familiale. Après avoir tout dépensé, se trouvant dans la misère, il décide de revenir chez son père pour qu’il l’embauche comme simple serviteur. A son arrivée, ce n’est pas ce qui se produit. Son père, guettant son retour, se jette à son cou et le rétablit dans sa dignité de fils. Le fils représente l’humanité et le père, Dieu lui-même. Cette parabole veut nous faire comprendre la profondeur de la miséricorde de Dieu.

Dans sa seconde lettre aux Corinthiens, Paul nous dit: «Dieu nous a réconciliés avec lui par le Christ, et il nous a donné pour ministère de travailler à cette réconciliation.» (2 Co 5,18).

Devant ces deux textes de l’Écriture, au cœur de ce temps du carême où nous sommes invités à accueillir la joie (d’où la couleur liturgique rose de ce jour), il m’a paru important aujourd’hui de vous parler ce beau sacrement de la réconciliation. Ce sacrement, nous sommes invités à le célébrer dans les jours qui viennent en préparation de la fête de Pâques.

Pourquoi se confesser? Pourquoi aller trouver un prêtre pour cela? Notre vie est un peu comme une belle baie, à l’écosystème fragile, parcourue par les différentes marées. La baie est le symbole de notre existence même; les marées, celui de nos activités. Et cette baie, si je n’y prends pas garde, s’ensable. Pour que ma vie garde une profondeur et une vivacité, il faut que je me laisse draguer par le Seigneur. Pour cela, rien de tel que d’ouvrir les portes des écluses de la grâce du sacrement; rien de tel que d’entrer dans un chemin de conversion.

La conversion chrétienne ne se limite pas à un domaine restreint des activités humaines. L’existence entière du croyant est engagée dans la réponse à la Bonne Nouvelle. C’est dans la vie quotidienne que s’effectuent les conversions, les réconciliations, fruits de l’Évangile. Au coeur de nos efforts de rectitude morale, d’engagement, de réconciliation humaine, le sacrement vient manifester que l’initiative de la conversion et de la réconciliation vient de Dieu.

Je viens de vous dire qu’il faut se laisser draguer par le Seigneur. Le dragage est une opération qui consiste à extraire tous les matériaux qui bouchent un canal, une rivière, un port. Le sacrement de la réconciliation permet de draguer, d’ôter tous ces péchés qui obstruent notre vie.

Nous pouvons aussi entendre «se laisser draguer par le Seigneur», dans le sens familier de drague. Se convertir, c’est aussi se laisser séduire par le Seigneur. Nous pourrions relire tout le livre du Cantique des Cantiques. Nous pouvons aussi réentendre le prophète Jérémie: «Tu m’as séduit, Seigneur, et je me suis laissé séduire.» (Jérémie 20,7). Nous retrouvons là le sens premier du mot confession: louer le Seigneur, le bénir et le remercier pour sa miséricorde.

Ainsi, quand je viens me confesser, je commence par reconnaître et rendre grâce pour la miséricorde, l’amour de Dieu dans ma vie. Dans un deuxième temps, j’avoue mes péchés. Il ne faut jamais oublier ce double mouvement de la confession.

Cette démarche n’est pas qu’une démarche personnelle. C’est aussi une démarche d’Église, de communauté. Ce sacrement n’est pas seulement une réconciliation personnelle avec Dieu. Mon péché, parce qu’il est repli sur soi, refus de l’autre, est contre témoignage à l’unité. En venant le confesser, il me réconcilie aussi avec la communauté, il permet à nouveau le rassemblement dans l’unité de toute l’Église. De plus, c’est l’Église entière, en tant que peuple sacerdotal, qui agit en exerçant l’oeuvre de réconciliation qui lui a été confiée par Dieu. L’Église invite à la pénitence par la proclamation de la Parole de Dieu mais elle intercède aussi pour les pécheurs.

Ce ministère de l’Église est exercé par l’évêque et les prêtres. En proclamant la Parole de Dieu, ils nous invitent à la conversion et nous annoncent le pardon des péchés. Ils réalisent ce pardon au nom du Christ et par la force de l’Esprit-Saint. Ils sont le signe visible du père qui attend patiemment le retour du fils. Ils sont témoin de sa miséricorde.

En courant avec joie aux célébrations pénitentielles proposées pour la fête de Pâques, prenons conscience que la confession est avant tout un rendez-vous d’amour avec Dieu. Le Seigneur est là, il m’attend! Amen.

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