« Dans sa grande miséricorde, Dieu nous a fait renaitre pour une vivante espérance grâce à la résurrection du Jésus Christ d’entre les morts… » (1 Pierre 1,3)
Frères et sœurs, c’est une grande nouvelle que la résurrection du Christ ! Une nouvelle si grande que l’Église nous a donné huit jours complets en nous disant que c’était Pâques chaque jour de cette semaine. Une nouvelle si grande que nous nous y sommes préparés pendant quarante jours et que nous la fêtons pendant cinquante jours… jusqu’à Pentecôte ! Mais je vous avoue être frappé par le peu de joie que semble susciter cette nouvelle ou par la difficulté que nous avons à la porter sur notre visage.
Oui, je le sais, je ne suis pas un naïf : en regardant les évènements de notre monde avec sa violence, ses incertitudes économiques et politiques… il y a de quoi être inquiet. Et pourtant, au milieu de cette morosité ambiante, il y a une nouvelle inouïe : Jésus est ressuscité. Il a vaincu la mort ! Pour nous, au bout de deux mille ans, la bonne nouvelle de la résurrection du Christ s’est peut-être affadie et nous n’avons plus la joie, le dynamisme de Pierre pour l’accueillir et l’annoncer ! Comment accueillir une telle nouvelle ? Comment en vivre ? Comment en témoigner ?
Ne verrouillons pas les portes de notre cœur par peur ! Laissons le Christ Ressuscité entrer dans nos vies ! Accueillons l’Évangile à bras ouvert ! Prenons le temps de vivre la rencontre avec le Ressuscité ! Car être chrétien, ce n’est pas une décision éthique ou une grande idée. Etre chrétien, c’est vivre une rencontre avec le Christ Jésus. Dans l’évangile, les disciples « furent remplis de joie en voyant le Seigneur » (Jean 20,20). Et moi ? Est-ce que je suis rempli de joie par la vie de mon baptême fortifiée par le sacrement de la Confirmation et nourrie de l’Eucharistie ? Est-ce que cette vie de Dieu en moi me remplit de joie ? ou plus exactement : est-ce que je me laisse remplir de joie par la vie que me donne la grâce de Dieu ? l’amour de Dieu ?
La joie que me procure la vie baptismale, la vie d’enfant de Dieu n’est pas exempte de difficultés, de souffrances, d’échecs… mais au milieu des tribulations du monde, elle m’ouvre un avenir : la souffrance et la mort n’ont pas le dernier mot. Le dernier mot revient à Dieu ! Dans sa miséricorde, dans son amour pour nous, il nous offre la Vie en héritage. Et c’est cet héritage qu’il nous faut accueillir ! C’est cet héritage qu’il nous faut recevoir !
La mort et la résurrection du Christ est le cœur de notre foi. Sans cela, notre foi est vaine. (Cf. 1 Corinthiens 15,12s). C’est sur cet événement que repose tout l’édifice de notre foi et les mots du Ressuscité à Thomas sont aussi pour nous : « Heureux ceux qui croient sans avoir vu. » (Jean 20,29) Les évènements qui traversent notre vie, notre monde, ne doivent pas nous faire oublier que l’événement de la résurrection de Jésus nous ouvrent un avenir : « il nous fait renaitre pour une vivante espérance (…), pour un héritage qui ne connaitra ni corruption, ni souillure, ni flétrissure. » (1 Pierre 1,3-4) Voilà notre espérance ! Voilà notre joie !
Je peux être joyeux car, quelques soient les évènements qui traversent ma vie, Dieu vient me rejoindre. Il me manifeste son amour, sa miséricorde. Pour nous en convaincre, relisons l’Évangile et regardons toutes les fois où Jésus guérit, relève, encourage, réconforte… Il le fait pour moi aussi si je sais le laisser me rejoindre dans une rencontre personnelle avec lui, le chercher chaque jour sans cesse. Ma joie est dans la rencontre avec le Ressuscité : cette rencontre que je peux faire aujourd’hui… mais aussi dans la rencontre que je ferai avec lui au soir de ma vie sur cette terre, parce qu’aujourd’hui, j’apprends à l’aimer, à le rencontrer dans la prière, l’annonce de la foi et le service des autres ; en étant prêtre, prophète et roi, c’est-à-dire en vivant pleinement la grâce de mon baptême.
En ce dimanche de la Divine Miséricorde, demandons au Seigneur de faire l’expérience de sa miséricorde afin d’éprouver une joie de plus en plus profonde. Demandons à l’Esprit Saint de nous envahir et qu’il dépose en nous un des fruits de son action qui est la joie ! Notre monde attend de nous que nous soyons des chrétiens joyeux, car il a besoin de cette joie… non pas une joie éphémère mais une joie profonde et durable car Dieu nous ouvre un avenir : par la mort et la résurrection de Jésus Christ, il vaincu le mal, il a vaincu la mort !
Oui, Seigneur, « que le mystère pascal [célébré en chaque Eucharistie] ne cesse jamais d’agir en nos cœurs » (Prière après la communion, 2ème dimanche de Pâques) et qu’il apporte la joie au monde. Amen.