Paul, Onésime et Philémon… ou l’école de la fraternité

23e dimanche ordinaire

Année C

La Parole de Dieu :
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Dans la seconde lecture, nous avons entendu un extrait de la très belle lettre de saint Paul à Philémon. Je vous invite à la lire dans son intégralité : elle ne fait que 25 versets. Dans cette lettre, Paul invite Philémon à vivre la fraternité avec Onésime.

Onésime est un esclave qui s’est enfui de chez son maître Philémon. Selon le droit romain, il devient un hors-la-loi car l’esclave est un objet qui appartient à son maître. L’esclave n’a pas le droit de disposer de sa vie comme il le veut. Pour sa rébellion, il risque d’être sévèrement châtié.

Lors de sa fuite, Onésime rencontre saint Paul et il se convertit en devenant chrétien. Cette situation va créer un dilemme chez Paul : s’il garde Onésime prêt de lui pour terminer sa formation chrétienne, Paul devient complice d’Onésime. Pour être juste, Paul n’a pas d’autre solution que de renvoyer Onésime à son maître. Pour qu’Onésime n’essuie pas le courroux de Philémon, Paul a le génie de demander à ce dernier de se comporter non selon la loi des hommes mais selon celle de l’Évangile.

Par le baptême, Onésime est devenu chrétien. Avec Paul et Philémon, il partage la grâce d’enfant de Dieu. Une même grâce unie ces trois disciples du Christ, chacun en fonction de ce qu’il est. Ce n’est donc pas au nom de la loi que Paul demande à Philémon d’accueillir Onésime mais selon la grâce du baptême. Ce n’est plus un maître qui accueille son esclave mais un frère qui reçoit un autre frère.

Pour cela, Paul déploie une véritable catéchèse sur l’amour fraternel. Comme Apôtre, responsable de la communauté chrétienne, Paul aurait pu garder Onésime à son service prétextant qu’il lui est prêté par Philémon… mais Paul n’abuse pas de son pouvoir : il ne veut rien faire sans la permission de Philémon. Première leçon : Paul vit une véritable fraternité avec Philémon. Tout en étant responsable de la communauté, Paul ne veut rien faire sans l’accord de Philémon pour que le bien puisse être accompli librement.

La seconde leçon réside dans la relecture de ce qui s’est passé : le départ d’Onésime, sa conversion et le fait que Paul lui demande de retourner chez Philémon. C’est une grâce ! Les deux hommes sont invités à vivre leur relation non plus comme maître-esclave mais comme deux frères unis par la grâce du baptême. Paul demande à Philémon de mettre en œuvre concrètement la fraternité que doivent vivre les disciples du Christ.

Nous pouvons l’imaginer aisément : cela n’a pas dû être simple pour Onésime et Philémon de s’accueillir comme deux frères alors que l’un et l’esclave de l’autre. Cela a dû même être une véritable révolution ! Ils ont dû vivre le pardon et la réconciliation. Il a certainement fallu patience et dialogue. Chacun a dû convertir son regard sur l’autre. Ils ont dû s’appuyer sur l’enseignement de Paul et sur la Parole de Dieu dans la prière et le dialogue. Ils ont dû passer outre les « quand dira-t-on » de l’entourage. Cela a été une véritable conversion pour chacun mais un témoignage fort pour le monde qui les entoure. Nous pouvons dire que Philémon et Onésime ont fait l’expérience d’une fraternité missionnaire !

Cette fraternité missionnaire, nous sommes invités à la bâtir nous aussi ! En ce début d’année pastorale, nous pouvons prendre le temps de relire la lettre pastorale « A Dieu, tout est possible », fruit du synode diocésain, parole inspirée par l’Esprit Saint, que notre évêque a publié l’an passé. A l’image de Paul vis-à-vis de Philémon, notre évêque nous invite à vivre une véritable fraternité missionnaire.

Comme pour Philémon et Onésime, il nous faut vivre des conversions pour la mettre en œuvre. Il est nécessaire de quitter les « on a toujours fait comme ça »et les « on le fait déjà ! »pour nous ouvrir à la nouveauté à laquelle nous appelle l’Esprit Saint par les actes du synode.

Comme pour Philémon et Onésime, il nous faut revisiter les relations entre nous, au sein de nos communautés paroissiales, de nos équipes diverses et variées, pour les vivre à la lumière de la fraternité missionnaire. Afin que cela ne reste pas de mots en l’air ou de simples bonnes intentions, la fondation de Fraternités Missionnaires de Proximité est un parfait laboratoire pour vivre cette fraternité missionnaire.

L’accueil d’un nouveau curé est aussi une bonne occasion pour revisiter la fraternité. Plonger dans la même grâce du baptême, c’est d’abord un frère que vous accueillez : avec vous, il est baptisé ! Avec vous, il est enfant de Dieu ! C’est aussi comme cela qu’il est invité à accueillir chacun d’entre vous et la communauté dans son ensemble.

Cependant, pour vous, par appel du Christ et de l’Église et en vertu de son ordination sacerdotale, il reçoit cette mission de vous accompagner sur le chemin de la foi chrétienne par l’enseignement, la sanctification et le gouvernement de la communauté. Pour vous, il est prêtre. Pour vous, il a préféré le Christ et lui a donné sa vie afin d’être au milieu de vous signe du Christ vivant.

L’enjeu de la fraternité est donc de nous accueillir en frères et sœurs, chacun dans sa vocation propre, chacun dans la mission qui est la sienne afin de porter, au cœur du monde, un témoignage digne des disciples du Christ. Que celles et ceux qui nous regardent vivre puissent dire : « Voyez comme ils s’aiment ! »(Cf. Jean 13,35) et nous reconnaitre disciples du Christ. Alors nous serons missionnaires ! Il est urgent est de redécouvrir la fraternité, de la vivre et d’en témoigner. Alors je ne vous adresse qu’un seul souhait : belle fraternité missionnaire à vous ! Amen.

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