Gloups! Il n’est jamais agréable de se faire remettre en place! Après de telles lectures, il serait peut être plus prudent que je me taise… car dans la première lecture et dans l’évangile, ceux qui exercent une autorité semblent en prendre pour leur grade!
Mais il est aussi doux de se laisser interroger par la Parole de Dieu et regarder à quelle conversion elle nous invite. Nous pouvons ainsi mieux répondre à l’appel à la sainteté qui est l’unique vocation de notre baptême.
Nous nous y trompons pas: Jésus ne récuse pas l’autorité des scribes et des pharisiens quand elle s’enracine dans l’autorité de Moïse et que cet enseignement est donné de manière authentique. Sa valeur ne peut être mise en doute. «Pratiquez donc et observez tout ce qu’ils peuvent vous dire» (Matthieu 23,3). Jésus met en cause la manière dont les scribes et les pharisiens vivent la Loi qu’ils enseignent. Ils pervertissent l’Alliance dont ils sont les témoins et les messagers.
Le prophète Malachie ne dit pas autre chose aux prêtres de son temps. «Vous vous êtes écartés de la route (…) vous avez perverti mon alliance avec vous (…) vous n’avez pas suivi mes chemins, mais agi avec partialité en accommodant la Loi» (Malachie 2,8.9)
Notons au passage que le prophète s’en prend à un degrés moindre au peuple de Dieu qu’il remet en lui aussi en place car celui-ci trahit l’idéal de l’Alliance.
Ces textes sont de véritables appels à la conversion. Pour le Christ, l’autorité n’est pas un pouvoir ou un privilège. Elle est simplement un service assumé humblement pour les autres. Alors quelque soit le service de l’autorité qui nous est confié, la prière du psalmiste doit devenir notre prière: «Seigneur, je n’ai pas le coeur fier ni le regard ambitieux; je ne poursuis ni grands desseins, ni merveilles qui me dépassent. Non, je tiens mon âme égale et silencieuse; mon âme est en moi comme un enfant, comme un petit enfant contre sa mère. Attends le Seigneur, Israël, maintenant et à jamais.» (Psaume 130 (131))
Le premier appel à la conversion, et c’est la seule attitude qui vaille devant Dieu lui-même est une attitude d’humilité: «Je n’ai pas le coeur fier ni le regard ambitieux; je ne poursuis ni grands desseins, ni merveilles qui me dépassent.»
Pour cela, il faut être avec Dieu «comme un petit enfant contre sa mère». Qu’y a-t-il de plus sur, pour un enfant qui pleure, que les bras de sa mère? Il n’y a pas de meilleur lieu pour lui que de se mettre entre ces bras protecteurs et d’être consolé par celle qui lui donne vie. Il doit en être de même pour nous, dans notre attitude avec Dieu. Dieu est pour moi comme une mère qui me nourrit, qui me cajole, à la seule condition que j’ai assez d’humilité pour me livrer à cette tendresse de Dieu.
Le deuxième appel à la conversion est d’adopter l’attitude de l’apôtre Paul: «avec vous nous avons été pleins de douceur, comme une mère qui entoure de soins ses nourrissons.» (1 Thessaloniciens 2,7). Il nous faut apprendre à vivre avec la même attitude que Dieu. C’est une recommandation que Paul donne à ceux qui exerce l’autorité. Attention, il ne leur dit pas d’être mièvre… la douceur est la vertu des forts… Une mère sait que pour l’éducation de ses enfants, il faut de la fermeté… mais elle aura à coeur d’exercer l’autorité au sens noble du terme qui signifie «faire grandir».
Et comme une mère pleine d’affection, saint Paul invite à vivre entièrement le message annoncé en livrant totalement sa vie: «Ayant pour vous une telle affection, nous voudrions vous donner non seulement l’Evangile de Dieu, mais tout ce que nous sommes.» (1 Th 2,8)
Les textes de ce dimanche nous invitent à être et à vivre véritablement l’Évangile pour être des témoins crédibles du Christ au coeur de notre monde. Pour cela, nous devons sans cesse nous reconnaitre enfants d’un même Père, au service les uns des autres. Humblement, il nous faut être mendiant de la Parole de Dieu pour progresser sans cesse vers les biens que Dieu nous promet: partager avec lui, en plénitude, la vie divine… Amen.