Extraordinaire ! Aux premiers mots de l’évangile de ce jour (Lc 3,1-6), nous pourrions nous croire inviter à la Conférence des Nations Unies ! Luc relate avec une telle précision qui sont les hommes politiques en poste et les provinces où ils exercent leur autorité, ainsi que les autorités religieuses de l’époque, que nous avons le pressentiment qu’il va nous annoncer une nouvelle officielle… mais notre surprise est de taille en lisant la suite du texte : Luc ne nous conduit pas au cœur des palais du gouvernement, des intrigues politiques mais au désert. C’est là que la Bonne Nouvelle va être révélée.
Ce n’est pas d’abord au cœur de nos organes politiques, au cœur de la vie trépidante de nos citées, au cœur de la course au bien-être matériel que la Parole de Dieu va se faire entendre. Il nous faut aller au désert. Ce désert de nos vies peut être ce lieu où tout nous semble aride, au cœur même de nos pauvretés, de nos souffrances. Ce désert de nos vies peut être aussi ces lieux où le Seigneur nous convoque pour le temps d’un cœur à cœur avec lui, dans le silence quand j’ai appuyé sur le bouton « Off » de mon téléphone portable, de mon ordinateur, de mon lecteur de MP3, de ma DS Nintendo, PSP3 ou de ma WII… Là où le Seigneur peut me parler cœur à cœur. C’est la seule et unique condition, si je veux entendre la parole du Seigneur. « Le Père céleste a dit une seule parole : c’est son Fils. Il l’a dit éternellement et dans un éternel silence. C’est dans le silence de l’âme qu’elle se fait entendre » nous dit saint Jean de la Croix.
La parole de ce dimanche nous invite à « préparer les chemins du Seigneur ». (Lc 3,4) Il nous faut donc nous poser la question : quel chemin allons-nous préparer au Seigneur ?
Il me faut préparer un chemin, au cœur de ma vie, que la Parole de Dieu pourra emprunter. C’est donc une route intérieure qu’il me faut tracer, une route qui conduit là où est Dieu. Il me faut construire la route qui mène au fond de mon cœur car « le cœur est la demeure où je suis, où j’habite (selon l’expression sémitique ou biblique : où je ” descends “). Il est notre centre caché, insaisissable par notre raison et par autrui ; seul l’Esprit de Dieu peut le sonder et le connaître. Il est le lieu de la décision, au plus profond de nos tendances psychiques. Il est le lieu de la vérité, là où nous choisissons la vie ou la mort. Il est le lieu de la rencontre, puisque à l’image de Dieu, nous vivons en relation : il est le lieu de l’Alliance. » (Catéchisme de l’Église Catholique n°2563)
C’est dans ce lieu où Dieu vient faire alliance avec l’humanité, avec mon humanité, que je peux, comme nous y invite saint Paul, « progresse de plus en plus dans la connaissance vraie et la parfaite clairvoyance qui nous ferons discerner ce qui est le plus important. » (Ph 1,9)
Puissions-nous annoncer à tous, cette Bonne Nouvelle : le chemin du Seigneur ne se prépare pas d’abord par les compteurs à millions qui peuvent tourner dans notre société… le chemin du Seigneur se prépare en apprenant à lui ouvrir notre cœur dans le silence. A découvrir cette présence qui est là, cachée au cœur de mon cœur… cette présence qui est tout simplement l’amour dont Dieu aime l’humanité, amour qui m’est donné par pure gratuité de la part de Dieu. Cet amour, c’est le Père qui donne son Fils unique au soir de Noël. Cet amour, c’est le Fils unique qui donne sa vie par amour pour nous aux jours de la Pâque, et que nous accueillons à chaque Eucharistie. Cet amour, c’est l’Esprit Saint qui nous offre ses dons au jour du baptême et de la confirmation.
Préparer le chemin au Seigneur, c’est donc tout simplement ouvrir ma vie à cet amour, ouvrir la porte de mon cœur et entendre Dieu me dire, dans le silence, « Tu es mon enfant bien aimé, en toi, j’ai mis tout mon amour. » Ainsi, je pourrais entrer dans la dynamique de l’amour de Dieu. À mon tour, je pourrais répondre à cet amour par pure gratuité, par pur amour de Dieu et lui répondre : « Mon Dieu, que tout se passe pour moi selon ta Parole. »