Que t’ai-je fais ?

Elle est là, dressée au sommet du Golgotha, comme une provocation. Nue, elle semble nous dire : « Voyez, celui en qui vous avez mis votre foi, celui que vous avez reconnu comme le Fils de Dieu, nous l’avons vaincu. Il est mort ! Alors ne venez pas nous empêcher de vivre avec votre Évangile ! »

Elle est là, dressée au sommet du Golgotha, comme une provocation. Nue, elle me met face au scandale du mal et de la souffrance. « Tout cela, a-t-il un sens ? »

Elle est là, dressée au sommet du Golgotha, comme une provocation. Nue, elle me dit un amour qui s’est donné, un amour qui s’est livré pour moi, pour l’humanité entière. Elle me dit le cri d’amour de Dieu : « O mon peuple, que t’ai-je fait ? En quoi t’ai-je contristé ? Réponds-moi ». (Impropères du Vendredi Saint)

Cette croix se dresse devant nous pour provoquer notre propre réponse à l’amour offert, comme une interrogation que Dieu nous adresse devant l’amour qu’Il nous offre : « Peuple égaré par l’amertume Peuple au cœur fermé, souviens-toi ! Le Maître t’a libéré. Tant d’amour serait-il sans réponse, tant d’amour d’un Dieu crucifié ?

Moi, depuis l’aurore des mondes, j’ai préparé ton aujourd’hui ; toi, tu rejettes la vraie Vie qui peut donner la joie sans ombre, ô mon peuple, réponds-moi !

Moi, j’ai brisé tes liens d’esclave, J’ai fait sombrer tes ennemis ; Toi, tu me livres à l’Ennemi, tu me prépares une autre Pâque, ô mon peuple, réponds-moi !

Moi, j’ai pris part à ton exode, Par la nuée je t’ai conduit ; toi, tu m’enfermes dans ta nuit, tu ne sais plus où va ma gloire, ô mon peuple, réponds-moi !

Moi, j’ai envoyé mes prophètes, Ils ont crié dans ton exil ; Toi, tu ne veux pas revenir, tu deviens sourd quand je t’appelle, ô mon peuple, réponds-moi !

Moi, j’ai voulu, vivante Sève, jeter l’espoir de fruits nouveaux ; toi, tu te coupes de mes eaux mais pour aller vers quelle sève ? ô mon peuple, réponds-moi !

Moi, j’ai porté le poids des chaînes, j’ai courbé le dos sous les fouets ; toi, tu me blesses en l’opprimé, l’innocent tombé sous la haine, ô mon frère, réponds-moi !

Moi, j’ai porté sceptre et couronne Et manteau royal empourpré ; toi, tu rougis de confesser le Fils de Dieu parmi les hommes, ô mon frère, réponds-moi !

Moi, j’ai marché vers le Calvaire Où mes deux bras furent cloués ; Toi, tu refuses la montée Quand meurt en croix l’un de mes frères, ô mon frère, réponds-moi !

Moi, je revis depuis l’Aurore Où le Vivant m’a réveillé ; Toi, le témoin de ma clarté, es-tu vivant parmi les hommes ? ô mon frère, réponds-moi ! » (Ibid)

Seul le silence du Samedi Saint peut nous faire toucher du doigt la profondeur de l’amour de Dieu. Pour nous laisser comprendre son amour, Dieu semble s’être retiré au fond du tombeau, nous laissant seul. C’est dans le silence du Samedi Saint qu’il nous faut maintenant entrer : le Christ est au tombeau. L’Église entre dans son seul et unique jour de véritable jeûne en ne célébrant ni baptême, ni confirmation, ni mariage, ni ordination, ni Eucharistie. Alors peut être pourrons-nous entendre le cri de l’Amour qui s’éveille au cœur de la nuit Pascale. Amen.

Homélie pour le Vendredi Saint

Pour méditer le texte intégral des Impropères

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