Veillée Pascale
Année C
Quel est ce feu qui brule en cette nuit ? Un feu ravageur qui ne laisse derrière lui que cendres et ruines ? Un feu destructeur qui laisse place à la consternation et à la désolation ? Non ! Le feu qui brule en cette nuit est un feu qui construit des cathédrales, communautés d’hommes et de femmes qui deviennent disciples du Christ Ressuscité ! Le feu qui brule cette nuit est le feu de la vie ! le feu de l’amour ! le feu de la joie ! le feu de l’espérance !
Le feu de l’actualité nous donne peut-être l’impression que nous sommes dévorés, brulés, anéantis… et qu’il ne reste que quelques cendres de l’Église. Pourtant, ce soir, nous sommes rassemblés pour célébrer la résurrection du Christ Jésus : c’est que le feu de notre espérance n’est pas mort ! Le feu de notre foi n’est pas mort ! Le feu de notre amour n’est pas mort !
La résurrection est un évènement unique dans l’histoire. Il est une bonne nouvelle : la mort est vaincue par le feu de l’amour de Dieu ! Cet amour ne nous laisse pas périr dans les flammes de la mort, dans les flammes du péché. L’amour de Dieu est un feu qui purifie, qui transforme, qui donne vie ! Il faut accepter ce feu transformant ! Il veut bruler notre cœur pour qu’à notre tour, nous soyons pour le monde des foyers d’amour, des foyers de foi, des foyers d’espérance ! Ce feu nous purifie et nous transforme depuis le jour de notre baptême et il nous appelle à la vie nouvelle. C’est ce que saint Paul écrit dans la lettre aux Romains :« par le baptême avons été unis au Christ Jésus, c’est à sa mort que nous avons été unis par le baptême. Si donc, par le baptême qui nous unit à sa mort, nous avons été mis au tombeau avec lui, c’est pour que nous menions une vie nouvelle, nous aussi, comme le Christ qui, par la toute-puissance du Père, est ressuscité d’entre les morts. »(Romains 6,3-4)
Si nous célébrons ce passage de la mort à la vie dans la Veillée Pascale, nous le savons : c’est jour après jour, dans les évènements de la vie, que nous nous laissons purifier, transformer par ce feu de l’amour de Dieu. Les effets de ce feu consumant ne sont pas forcément aussi spectaculaires que celui d’un incendie et pourtant, il ne nous laisse pas indemne. C’est en relisant notre histoire, comme nous le faisons au cœur de cette veillée, que nous découvrons le passage de Dieu et que nous pouvons nommer ces lieux où le feu de l’amour de Dieu nous a purifié, transformé.
Dans l’évangile, les femmes qui se rendent au tombeau ont croisé Jésus à un moment de leur vie. Elles ont cheminé plus au moins longtemps avec lui. Toutes ont été touchées, à un moment ou un autre par le feu de la miséricorde. Ce feu couvait en elles… il ne pouvait s’éteindre avec la mort de Jésus. Ce feu les pousse à aller au tombeau « le premier jour de la semaine, à la pointe de l’aurore »(Luc 24,1), à l’heure où le feu du soleil commence à briller sur la terre. Une rencontre et quelques mots suffisent alors à allumer en elle le feu du témoignage, le feu des disciples.
En ce même matin, le témoignage des femmes semble délirant pour les Apôtres. Seul Pierre, qui dans la nuit de la Passion, a expérimenté le feu de la miséricorde du Christ, laisse le vent de l’espérance souffler sur les braises… Le tombeau vide ne sera pas suffisant pour embraser son cœur d’Apôtre. Il lui faudra une rencontre avec le Ressuscité et le don de l’Esprit-Saint pour cela. Mais le feu de l’amour du Christ brulera en lui et le consumera… et le feu de ce témoignage brule encore aujourd’hui !
Il en est de même pour chacun de nous. Le feu de l’amour de Dieu brule en nous depuis notre baptême, depuis notre rencontre avec le Ressuscité. Différents évènements de notre vie font que ce feu est peut-être étouffé ou que le brasier n’est pas totalement enflammé, ou alors que c’est un feu qui ne nous laisse pas en place… Faisons mémoire de l’œuvre de Dieu dans nos vies… faisons mémoire de ces étincelles qui ont allumé quelque chose en nous et demandons au Seigneur de souffler dessus afin de nous embraser totalement du feu de son amour. Oui, en cette nuit où nous rénovons la profession de foi de notre baptême, demandons au Seigneur, qu’il vienne attiser en nous le feu de son amour.
Que le Christ ressuscité réveille en nous le feu de la foi et du témoignage. Amen.