Depuis mercredi, nous sommes entrés dans le beau temps du Carême. Celui-ci va nous préparer à la grande fête de Pâques. Ce temps liturgique de quarante jours est un engagement particulier sur notre chemin spirituel. C’est un temps de conversion. En recevant l’imposition des cendres sur le front, lors de la célébration de mercredi, nous avons entendu ces mots: «Convertis-toi et crois à la Bonne Nouvelle.»
Reconnaissons-le humblement ce terme de conversion nous fait un peu peur. Il peut nous paraitre comme une réalité inaccessible, trop exigeante. A la lumière de l’évangile de ce dimanche, regardons ce que cette conversion nous invite à vivre… Et nous serons peut être étonné du chemin que nous aurons à parcourir!
La première étape est celle du désert. C’est là où Jésus se retire. Le désert «est le lieu du silence, de la pauvreté, où l’homme est privé des appuis matériels et se trouve face aux interrogations fondamentales de l’existence, il est poussé à aller à l’essentiel et précisément pour cela, il lui est plus facile de rencontrer Dieu.» (Benoit XVI, Audience du 13 février 2013). C’est aussi le lieu de la solitude.
C’est en ce lieu que Jésus lui-même va vivre, de la part du diable, la tentation de la faim, du pouvoir, et de la mise à l’épreuve de Dieu. Chacune des réponses de Jésus va nous aider à me poser la question: qu’est-ce qui compte véritablement dans ma vie?
Dans la première tentation, Jésus nous dit: «Ce n’est pas seulement de pain que l’homme doit vivre.» (Luc 1,4) L’homme ne peut se sauver sans une réponse à la faim de vérité, à la faim de Dieu.
Dans la deuxième tentation, le diable propose à Jésus le pouvoir, la gloire et la domination du monde. Jésus nous fait découvrir «que ce n’est pas le pouvoir du monde qui sauve le monde, mais le pouvoir de la croix, de l’humilité, de l’amour» (Benoit XVI, Audience du 13 février 2013).
Dans la troisième tentation, le diable invite Jésus a faire quelque chose de sensationnel pour mettre Dieu à l’épreuve. Et Jésus vient nous redire que «Dieu n’est pas un objet auquel imposer nos conditions: c’est le Seigneur de tout.» (Ibid.)
Au coeur de ces trois tentations, il y a, nous dit Benoit XVI, «la proposition d’instrumentaliser Dieu, de l’utiliser pour ses propres intérêts, pour sa propre gloire et pour son propre succès. Et donc, en substance, de prendre la place de Dieu, en l’éliminant de son existence et en le faisant sembler superflu.» (Ibid.)
Cet évangile nous offre donc une réflexion pour notre temps de carême: «Quelle place a Dieu dans ma vie? Est-ce lui le Seigneur ou bien est-ce moi?» (Ibid.)
Et c’est à la lumière de cette question que nous avons à entrer sur le chemin de la conversion. Car se convertir est un chemin, une démarche dans laquelle nous entrons. Il ne s’agit plus de considérer notre vie à partir de nous-mêmes, mais à partir de Dieu. Se convertir, c’est apprendre à laisser la première place à Dieu. Se convertir «signifie suivre Jésus de manière à ce que son Évangile soit un guide concret de la vie ; cela signifie laisser Dieu nous transformer, cesser de penser que nous sommes les seuls artisans de notre existence; cela signifie reconnaître que nous sommes des créatures, que nous dépendons de Dieu, de son amour, et que c’est seulement en «perdant» notre vie que nous pouvons la gagner en Lui. Cela exige d’effectuer nos choix à la lumière de la Parole de Dieu.» (Ibid.)
«Se convertir signifie ne pas se refermer dans la recherche de son propre succès, de son propre prestige, de sa propre position, mais faire en sorte que chaque jour, dans les petites choses, la vérité, la foi en Dieu et l’amour deviennent la chose la plus importante.» (Ibid.)
Le chrétien, plongé au coeur des épreuves de la société actuelle, est celui qui choisit de donner à Dieu la première place. «Il n’est pas facile d’être fidèles au mariage chrétien, de pratiquer la miséricorde dans la vie quotidienne, de laisser une place à la prière et au silence intérieur. Il n’est pas facile de s’opposer publiquement à des choix que beaucoup considèrent évidents(…). La tentation de mettre de côté sa propre foi est toujours présente et la conversion devient une réponse à Dieu qui doit être confirmée à plusieurs reprises dans notre vie.» (Ibid.)
Ainsi, durant ce temps du Carême, et au coeur de cette Année de la foi, entendons cet appel à ouvrir de nouveau notre coeur à cette présence de Dieu et à le mettre à la première place dans nos vies. Dieu nous conduira sur des chemins imprévus… et je pourrais alors voir les merveilles de sa grâce agissant dans ma propre vie. Amen.
Homélie pour le 1er dimanche de Carême – Année C