Pourquoi sommes-nous venus si nombreux ce matin? Pourquoi ce peuple si nombreux? Est-ce parce qu’aujourd’hui il y a la quête pour le chauffage de l’église? Non, certainement pas… mais simplement parce que la fête d’aujourd’hui nous interroge sur un point capital de notre existence: qui suis-je? pourquoi suis-je là? quel est mon devenir? quel est le but de ma vie?
La réponse à ces questions nous est donnée par notre baptême. La foi nous fait répondre: le but de la vie est la sainteté! Le but de notre vie est de nous unir à Dieu dans l’amour, d’être totalement en conformité avec les désirs de Dieu. Comme dit la bienheureuse Mère Teresa, nous devons permettre à Dieu de «vivre sa vie en nous.» C’est cela être saint.
Pour exciter ce désir en nous, notre sainte mère l’Eglise nous invite à porter notre regard sur la multitude des saints, sur la foule innombrable de celles et ceux qui se sont laissés habiter, modeler, transformer par l’Esprit Saint et qui sont ainsi parvenus à la parfaite béatitude. Et la béatitude n’est rien d’autre qu’un chant de joie, un chant de victoire: «Heureux…» avons-nous entendu dans l’Évangile.
Et toute la liturgie de ce jour est un chant de victoire: celui de la foule immense vêtue de blanc, décrite par saint Jean dans l’Apocalypse: «Amen! Louange, gloire, sagesse et action de grâce, honneur, puissance et force à notre Dieu, pour les siècles des siècles!» (Apocalypse 7,12) Tout cela parce que «il est grand l’amour dont le Père nous a comblés: il a voulu que nous soyons appelés enfants de Dieu – et nous le sommes.» (1Jean 3,1)
Si nos frères et soeurs les saints sont dans cette joie éternelle et que leur présence auprès de Dieu réjouis notre coeur, l’amour que nous avons pour eux doit nous entrainer, nous inviter à n’avoir d’autre désir que de parvenir nous aussi à la sainteté. Y-a-t-il un autre désir que celui d’être «concitoyens et compagnons des esprits bienheureux, d’être mêlés à l’assemblée des patriarches, à la troupe des prophètes, au groupes des Apôtres, à la foule immense des martyrs, à la communauté des confesseurs, au coeur des vierges (…) d’être associés à la joie et à la communion de tous les saints» (Saint Bernard, Homélie pour la Toussaint) ?
Nul besoin de s’affoler, la sainteté n’est pas hors de notre portée, comme réservée à quelques-uns qui ont pu faire des choses extraordinaires. La sainteté est un don qui nous est déjà fait et qu’il faut laisser vivre et croitre en nous! Ce don est notre vocation commune à tous reçu au jour de notre baptême. C’est une grâce que le Christ lui-même répand au coeur même de l’Église à ceux qui acceptent de se laisser prendre par le souffle de l’Esprit Saint.
Pour cela, pas d’autre méthode que d’ouvrir grand les portes de notre coeur, les portes de notre vie au Christ Jésus lui-même. Seul Jésus est et fait le bonheur qu’il annonce dans les Béatitudes… dès aujourd’hui et sans fin dans le ciel! Alors qu’attendons-nous? Reposons-nous près de Lui, venons à Lui avec le poids de notre vie et prenons, chaque jour, le temps de le regarder et de l’écouter dans l’évangile. Prenons le temps de le regarder et de l’écouter dans nos frères, à travers celles et ceux qui font le quotidien de nos vies, apprenons à L’aimer et Le servir dans le service du frère. Prenons le temps de Le regarder, de L’écouter et de Le célébrer à chaque Eucharistie, à chaque messe et tout particulièrement les dimanches et jours de fête. C’est ainsi et seulement ainsi que nous pourrons devenir, comme lui, transparent à la joie, l’Esprit du Père, à travers toutes nos misères.
Soyons dans la joie et l’allégresse car aujourd’hui, celle qui est une mère pour chacun de nous, l’Eglise, nous invite à porter notre regard vers la multitude de celles et ceux qui ont simplement ouvert leur coeur à la grâce et l’amour de Dieu et qui se sont laissés transformer par cette grâce. L’histoire de nos frères et soeurs les saints nous ouvre ici bas un chemin d’espérance. Et comme le dit Oscar Wilde: «Chaque saint a un passé, et tout pécheur un avenir» alors n’ayons pas peur de nous livrer, de nous donner à l’amour de Dieu pour participer nous aussi un jour à la gloire des saints. Comme le dit la publicité: «L’auréole, parce que je le vaux bien!». Amen
Homélie pour la Solennité de la Toussaint 2011